2 attaques séparées menées par un homme qui vise les parachutistes ayant servi en Afghanistan. Y a t-il un lien?
La police française traque sans relâche depuis une semaine un mystérieux tueur à moto, qui a abattu la veille deux militaires à Montauban (sud-ouest) et pourrait en avoir assassiné un autre dimanche à Toulouse.
Acte gratuit, règlement de comptes, crime raciste ou même attentat lié à l'engagement français en Afghanistan: toutes les pistes restaient explorées vendredi par la police, après la fusillade de Montauban au cours de laquelle un troisième soldat du 17ème Régiment de génie parachutiste (RGP) a été très grièvement blessé à la moelle épinière.
Cette ville d'environ 60.000 habitants abrite ce régiment d'élite de l'armée française participant régulièrement aux opérations extérieures, en particulier en Afghanistan, où cinq de ses parachutistes ont trouvé la mort ces dernières années.
Selon une source proche de l'enquête, le tireur, arrivé sur un scooter Yamaha T-Max de très grosse cylindrée, habillé tout en noir et casqué, est descendu de sa machine pour ouvrir le feu sur les soldats de 24, 26 et 28 ans, en tenue et a priori désarmés. Puis le meurtrier s'est enfui.
La justice française a immédiatement fait le rapprochement entre ce double-assassinat et un crime commis dimanche à Toulouse, grande ville proche de Montauban.
Un sous-officier de 30 ans du 1er Régiment du train parachutiste (RTP) de Francazal, qui a lui aussi servi en Afghanistan, se tenait à proximité de sa moto lorsqu'un autre motard s'est approché et lui a tiré au moins une balle en pleine tête, avant de prendre la fuite. Contrairement à ses trois camarades de Montauban, il ne portait pas d'uniforme.
Les deux modus operandi présentent des similitudes: l'utilisation d'un deux-roues, le calibre de l'arme utilisée (11,43 mm) et le fait que les régiments dans lesquels servaient les victimes ont tous effectué des missions en Afghanistan.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a cependant écarté tout lien à ce stade entre ce double-assassinat et la présence française en Afghanistan. "Il n'y a pour l'instant aucune espèce de preuves ou d'indication" allant dans ce sens, a-t-il dit.
Les policiers chargés de l'enquête vérifient aussi un éventuel caractère raciste de ces crimes, aussi bien dans le cas de Toulouse que dans celui de Montauban. Les trois parachutistes tués sont d'origine maghrébine, celui qui est grièvement blessé est noir.
Selon le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, des "éléments d'armes", retrouvés par les enquêteurs sur les lieux du meurtre de jeudi à Montauban, notamment le chargeur, avaient été "nettoyés" pour effacer toute empreinte digitale ou trace d'ADN.
A Montauban, le tabac-presse et la boulangerie tout proches de la scène du crime ont rouvert vendredi dans la rue du Premier bataillon de choc, sur le trottoir en face de la caserne.
Le propriétaire de la boulangerie, Pascal Paga, affirme que c'est bien aux militaires que le tueur en voulait. "Une personne âgée attendait derrière les soldats pour retirer de l'argent. Le tueur l'a écartée pour les abattre", a-t-il déclaré.
L'armée a annoncé des mesures de vigilance renforcée pour les militaires stationnés dans la région, qui ne devront pas porter l'uniforme hors des enceintes militaires.