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Afghanistan : déjà 15 soldats de l’Otan tués par des "tirs amis" afghans en 2012

Afghanistan : déjà 15 soldats de l’Otan tués par des

90 ont été tués depuis le début de l’an...avec nouvelle tactique: les insurgés privilégient l’infiltration d’un des leurs dans des unités afghanes ou étrangères

  Soldat britannique et enfant afghanDeux soldats britanniques ont été tués lundi dans le sud de l'Afghanistan par un homme portant l'uniforme de l'armée afghane, ce qui fait passer à 15 depuis le début de l'année le nombre des militaires de l'Otan tués par un compagnon d'armes afghan.
  
Un responsable afghan ayant requis l'anonymat et une source sécuritaire occidentale ont confirmé la nationalité britannique de ces deux soldats. Outre le tueur, un soldat afghan est mort dans l'incident et un militaire britannique a été "grièvement blessé", selon la source occidentale.
  

C'est le deuxième incident mortel pour l'armée britannique ce mois-ci dans la province du Helmand, un bastion taliban dans le sud de l'Afghanistan. Le 6 mars, six de ses soldats étaient morts lorsque leur véhicule avait sauté sur une mine. Les insurgés avaient revendiqué cette action.
  

D'après une source sécuritaire afghane haut placée, les deux hommes ont été abattus à l'intérieur d'un camp de l'Equipe de reconstruction provinciale (PRT) du Helmand par un tireur posté à l'extérieur du complexe, "vraisemblablement à la suite d'un différend".
"L'individu qui avait ouvert le feu a été tué quand des forces de la coalition ont ouvert le feu sur lui", a indiqué l'Isaf dans un communiqué, précisant qu'une "équipe commune afghane et de l'Isaf" enquêtait.
 D'après la source sécuritaire occidentale, le tireur était bien un soldat afghan, et non un civil ayant revêtu l'uniforme afghan.
 Interrogé à ce sujet, le ministère de la Défense s'est refusé à tout commentaire.
  

L'incident est intervenu à Lashkar Gah, la capitale provinciale du Helmand, l'un des premiers districts en Afghanistan dont le contrôle a été transféré aux autorités afghanes.
 D'après un porte-parole de l'Isaf, les deux Britanniques sont les quatorzième et quinzième militaires ayant péri à la suite d'un tir "vert sur bleu", selon l'expression anglaise, soit les quatorzième et quinzième soldats étrangers tués par un de leurs compagnons d'armes afghans en 2012, sur un total de 90 morts au sein de l'Isaf cette année.
  

La question de la sécurité des militaires étrangers est critique, à un moment où les troupes et le personnel civil de l'Otan forment militaires, policiers et fonctionnaires en général qui devront sécuriser et administrer seuls l'Afghanistan à l'issue du retrait des troupes de combat étrangères fin 2014.

La coalition de l'Otan, dirigée par les Etats-Unis, est arrivée fin 2001 pour traquer Oussama ben Laden après les attentats du 11 septembre et renverser le régime taliban, coupable de nombreuses exactions, notamment à l'égard des femmes et des minorités.
 Après de premiers et rapides succès -les talibans, au pouvoir depuis 1996, ayant été renversés presque instantanément- et un fort soutien initial de la population afghane, l'Otan s'est progressivement enlisée en Afghanistan.
 Les talibans, ainsi que d'autres factions hostiles au gouvernement installé par la coalition, ont organisé une sanglante guérilla que même les 130.000 soldats de l'Isaf aujourd'hui déployés dans le pays n'ont pas réussi à éliminer.
 Cette guérilla est particulièrement active dans le sud et l'est, des bastions talibans, et vise les forces gouvernementales, ainsi que celles de l'Isaf.
  

Recourant jusqu'ici aux attentats suicides et aux mines artisanales, les insurgés ont élargi leur palette, privilégiant l'infiltration d'un des leurs dans des unités afghanes ou étrangères. Une tactique qui instaure fatalement une méfiance chronique entre les deux camps supposés amis, et donc très bénéfique pour eux.
  

D'après un rapport de l'Otan, connu en janvier, les altercations mortelles entre Afghans et étrangers "reflètent une menace homicide systémique qui croît rapidement", souligne ce texte, qui évaluait ces pertes à 6% de celles de l'Otan sur une période donnée.
 Le document relativisait l'importance des infiltrations des talibans, estimant que ces attaques relèvent bien plus de disputes et d'antagonismes personnels que de motifs idéologiques.