En pleine campagne électorale, Nicolas Sarkozy, ne lésine pas sur les moyens pour as-soir sa stature de « super-président », même si pour cela il faut violer le secret-défense.
Mercredi, alors que le président UMP de la délégation parlementaire qui interrogeait les chefs du service secret français violait le secret-défense avec ses déclarations à la presse survenues juste après les avoir entendus, la classe politique française dans sa grande majorité dénonce la surexploitation des médias et la mise en scène des arrestations des islamistes.
Nicolas Sarkozy, qui avait fait un parallèle entre le traumatisme causé en France par les sept assassinats du prétendu tueur et le 11-Septembre aux Etats-Unis s'est mis sous les feux des projecteurs avec sa « tolérance zéro » à l'égard des islamistes prétendu radicaux « susceptibles » de commettre des actes violents.
A 18 jours du premier tour de l'élection présidentielle, le président-candidat ne lésine pas sur les moyens pour démontrer au peuple français sa « détermination » pour mettre ses citoyens hors de danger des risques « islamistes », en d'autres termes se serait un peu le « super man » des français.
Il faut dire que le ministère de l'Intérieur n'avait pas ménagé ses efforts, en prévenant à l'avance certains médias et en s'abstenant d'installer un cordon de sécurité pour que les télés puissent bien capter les images « chocs » des suspects sortant le visage masqué.
Mais, cette tactique électoraliste qui porte à polémique n'est pas passée inaperçue chez la gente politique adverse.
Presque tous sont unanimes: « Il y a surexploitation politique »
En tête, le PS dénonce : "On est complètement muselés, tandis que la droite, elle, occupe l'espace médiatique avec le sujet. ». Et son chef Martine Aubry de commenter :"Moi je suis pour la fermeté, pas pour le spectacle".
François Rebsamen, le "Monsieur sécurité" de Hollande, fustige aussi cette "politique spectacle", qu'il juge "indécente". Il émet également quelques réserves: "Cela jette un doute sur la procédure et l'utilisation qui en est faite. On peut également s'interroger sur le fait que les arrestations n'aient pas eu lieu plus tôt."
"La sécurité et la mise en scène sont deux choses différentes", a quand à lui attaqué le centriste François Bayrou, tandis que le parti d'extrême droite du Front national a fustigé la "gesticulation électoraliste" de Nicolas Sarkozy.
L'UMP viole le secret-défense
Et cette déclaration du président UMP de la délégation parlementaire concernant la rencontre avec les chefs du service des renseignements violant ainsi le secret-défense rajoute un peu plus encore matière à polémique.
À l'issue de leurs auditions, Guy Tessier assurait ainsi devant les caméras que « les réponses apportées par les responsables du renseignement aux parlementaires les avaient pleinement satisfaits et qu'il n'y avait "aucune ombre au tableau" dans le suivi de l'auteur des meurtres de Toulouse et de Montauban.
Là encore, la classe politique s'indigne.
François Rebsamen dénonce: "Par cette déclaration, Guy Tessier viole le secret-défense qui recouvre les travaux de sa délégation (,,,) Il porte une appréciation personnelle sur l'action des services sans aucun élément pour l'étayer".
La délégation, créée en 2007 et composée de huit parlementaires - quatre députés et quatre sénateurs -, a entendu mercredi matin Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (DCRI), Érard Corbin de Mangoux, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE), et Ange Mancini, coordonnateur national du renseignement.
Alors que de plus en plus de voix s'élèvent chez les politiques, la presse et bon nombre de français, contre une mise en scène orchestrée par l'équipe de Sarkozy et de profondes zones d'ombres concernant le personnage de Merah, on peut donc entrevoir l'utilité de ce nom respect du protocole.