Célèbre en Afrique -dans les années soixante- pour l’exportation de son expertise sécuritaire et agricole, il semble que grâce à la division du Soudan, l’entité sioniste retrouve ce rôle au Sud-Soudan au 21ème siècle..
Dès le 10 juillet, au lendemain de l'accession de Juba à l'indépendance après un peu plus de deux décennies de guerre civile avec le Soudan (deux millions de morts, quatre millions de déplacés), le gouvernement de Benjamin Netanyahou affichait clairement son intention : établir, sur la base de relations diplomatiques solides, une coopération susceptible d'assurer au nouvel Etat "développement et prospérité".
Entre l’entité sioniste et le Sud soudanais - devenu le 14 juillet le 193e Etat membre de l'ONU - l'alliance n'est pas entièrement nouvelle. Elle s'est forgée à l'ombre des armes, au moment de la guerre des Six Jours qui opposa l’entité sioniste à une coalition de pays arabes menés par l'Egypte, en juin 1967. A l'époque, l’entité sioniste aidait discrètement, via des livraisons de munitions, les résistants sud-soudanais, en guerre ouverte contre Khartoum.
Or, les rapports entre la République du Sud-Soudan et l’entité sioniste ont de multiples facettes : hormis l'armement et la formation des forces armées s’ajoutent désormais la coopération agricole, économique et de développement !
Ainsi, la presse israélienne a fait état, à plusieurs reprises, de stages organisés par l’entité sioniste à de nombreux immigrants sud-soudanais. Dans ce contexte, le Premier ministre israélien a estimé que « l'accord concernant le retour des immigrants est l'une des réalisations les plus importantes de la relation entre les deux pays, sachant que Netanyahu avait élevé le risque de migration à travers le Sinaï au niveau de menace existentielle ».
Et si l’entité sioniste était célèbre en Afrique -dans les années soixante- pour l’exportation de leur savoir-faire sécuritaire et agricole, il semble que grâce à la division du Soudan, elle retrouve ce rôle au Sud-Soudan au 21ème siècle.
Selon le Yediot Ahronot, la ministre de l'Agriculture sud-soudanaise Betty Achan Ogwaro compte se rendre à l’entité sioniste pour la signature d'accords importants avec cette dernière. Parmi ces accords, le transfert d'expertise pour créer quelques villages coopératifs, copie conforme du modèle israélien les « moshavim » (ndrl : fermes gérées collectivement par les membres, tandis que les activités de production et de consommation sont gérées par les familles ou les ménages), ou encore la vente de technologie agricole israélienne dans de nombreux domaines.
Autre projet que le gouvernement sud-soudanais a l'intention de mettre en œuvre en collaboration avec l’entité sioniste, la création de fermes d'élevages de volailles et de serres pour cultiver des légumes sur une superficie de trois milles hectares et des graines agricoles sur une superficie de dix mille hectares.
Il faut dire que le pays a des capacités concernant une variété de produits agricoles: la greenbelt est capable de produire de l'huile de palme, du thé et du café, des fruits, des pommes de terre, du maïs, des légumes, et du bois tropical. Le plateau d'Ironstone a un sol fertile idéal pour faire pousser du sorgho, du sésame, du tournesol et pour élever du bétail. Le Nil et ses terres alluviales réunissent les conditions idéales pour la canne à sucre, le riz et le sorgho. Les zones inondables du pays peuvent accueillir une grande variété de cultures : sorgho, riz, canne à sucre, sésame, arachide, tandis que les conditions climatiques des collines et des montagnes peuvent permettre la culture du thé, du café, de fruits (pomme, raisin) et de plantations forestières.
Il convient ici de noter que la Banque mondiale a estimé que 90% du territoire sud-soudanais est arable.
Et donc, les riches ressources naturelles du Sud-Soudan peuvent, si elles sont gérées convenablement, être source de stabilité et de croissance économique à long terme, tout en permettant au pays de sortir de sa dépendance au pétrole.
La communauté internationale dans son ensemble considère avec optimisme ce potentiel. Hilary Clinton, le Secrétaire d'État américain, a affirmé que le Sud-Soudan pourrait devenir l'un des greniers de l'Afrique, et a annoncé que les États-Unis pourraient coopérer avec le secteur privé pour apporter des technologies pour augmenter les rendements agricoles.
De plus, l'Union européenne est d'accord pour fournir 265,2 millions de dollars au pays, en mettant la priorité sur certains secteurs: le développement agricole, la santé, l'éducation, et l'État de droit. 106 millions de dollars devraient être alloués au développement rural et au secteur de la sécurité alimentaire.