22-11-2024 06:50 PM Jerusalem Timing

AFP : A Kilis, les réfugiés syriens réclament leurs morts

AFP : A Kilis, les réfugiés syriens réclament leurs morts

Au fil du reportage de l’AFP, il est clair que l’armée syrienne ouvre le feu sur les insurgés de l’Armée syrienne libre qui tentent de s’infiltrer et non sur les réfugiés.

Le reportage signé de l’AFP signale que l’armée syrienne a ouvert le feu sur les rebelles de l’Armée syrienne libre qui s’approchaient de la frontière et non sur les réfugiés, comme l’ont laissé entendre les autorités turques et les insurgés syriens. On s'étonne à la lecture du reportage de la proximité de la frontière des camps qui abritent les réfugiés syriens. Il semble que ces réfugiés sont pris comme des boucliers, pour justifier une quelconque intervention militaire turque qui fait beaucoup parler d’elle. On s'étonne aussi des différents bilans entre la version turque et celle des réfugiés syriens.

Voici ci-dessous le reportage de l’AFP. 

  Camp Kilis des réfugiés syriens en TurquieDans le camp turc de Kilis (sud-est), les réfugiés syriens pansent leurs plaies et réclament leurs morts après des tirs de l'armée syrienne à travers la frontière. En attendant le prochain mitraillage. 
   Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu sur des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) qui approchaient de la frontière turque, à quelques centaines de mètres à peine du camp de Kilis, réveillant en sursaut les réfugiés.
   "Je suis monté sur mon préfabriqué: des coups de feux retentissaient et on voyait passer des balles traçantes", relate Kadura Arafat Faydo, un agriculteur de 50 ans, réfugié à Kilis. "On a commencé à scander Dieu est grand parce que ça énerve les hommes du (président syrien) Assad, mais quand on a fait ça ils nous ont tiré dessus."
   Les tirs se sont poursuivis dans la matinée. 
  

Les autorités turques ont fait état de six blessés, dont deux personnels turcs, dans le camp lors de cette attaque --la première à faire des victimes du côté turc de la frontière depuis le début de la répression des soulèvements en Syrie, en mars 2011.
   Mais les réfugiés évoquent un bilan bien plus lourd.
   "Dans un préfabriqué, une balle a tué un père et a blessé à l'épaule son fils alors qu'ils prenaient leur petit déjeuner. Le fils est gravement blessé et a été transporté à l'hôpital de Gaziantep. C'était une balle tirée par un sniper", affirme Kadura.
   Walid Muhammad Allawi a quant à lui perdu son oncle dans l'incident.
   "Mon oncle est sorti sur le toit de son préfabriqué (...) Une balle lui est rentrée par l'oreille et est ressortie par la bouche. Une autre l'a atteint au ventre. Il y a un rapport d'autopsie à l'hôpital", déclare ce ferrailleur de 28 ans, venu de Jisr al-Choughour (nord-ouest de la Syrie). 
  

Le gouverneur de Kilis a fait état de deux blessés syriens décédés le même jour à l'hôpital de sa ville, mais a souligné qu'ils venaient de passer la frontière et ne séjournaient pas au camp. 
  

L'avant-poste frontalier syrien vu à partir du camp KilisDans le camp de préfabriqués, qui accueille selon une source policière quelque 10.000 réfugiés --la Turquie en héberge 25.000 au total--, l'heure est désormais au deuil. Mais pour cela, les Syriens réclament la restitution des corps.
   "Un premier mort a déjà été enterré. Mais pour le deuxième, les Turcs nous ont pris le corps et maintenant on veut le récupérer pour les funérailles", explique sous le couvert de l'anonymat un jeune homme d'une vingtaine d'années après avoir manifesté avec une vingtaine de camarades dans le camp aux cris de "Dieu est grand". 
  

Les réfugiés voudraient aussi récupérer le cadavre d'un Syrien abattu la nuit dernière à la frontière --un mitraillage qui a de nouveau semé la panique dans le camp. 
 Réfugiés syriens du camp turc de Boynuyogun "Personne n'ose s'approcher. Les soldats syriens nous défient: si vous êtes des hommes, venez les chercher", indique M. Faydo, signalant que six blessés pourraient encore être bloqués avec le corps dans la zone de tir de l'armée syrienne.
   Le paysan explique que pour assurer leur sécurité, les responsables turcs du camp ont fait relever certains murs d'enceinte.
   "Mais les gens qui sont logés dans la partie du camp près de la frontière ont quitté leurs préfabriqués pour aller s'installer dans ceux de leurs proches à l'autre bout de l'enceinte", complète-t-il.
   "Où sont les tanks, où sont les soldats turcs? Il faut des soldats ici pour nous protéger. Autour du camp, il n'y a aucune protection", s'échauffe Walid.