23-11-2024 03:00 AM Jerusalem Timing

Putsh: Après le Mali, la Guinée-Bissau, l’armée aux commandes

Putsh: Après le Mali, la Guinée-Bissau, l’armée aux commandes

Un "commandement militaire" installé à l’état-major a justifié ces nouveaux troubles dans la région, trois semaines après un putsch au Mali, en dénonçant un "accord secret" conclu entre l’exécutif et l’Angola.

Chapeau: Un "commandement militaire" installé à l'état-major a justifié ces nouveaux troubles dans la région, trois semaines après un putsch au Mali, en dénonçant un "accord secret" conclu entre l'exécutif et l'Angola.

Un nouveau coup d'Etat militaire était accompli vendredi en Guinée-Bissau après l'arrestation du président intérimaire, du Premier ministre et du chef d'état-major, dans la capitale désormais quadrillée par les soldats, à deux semaines de la présidentielle du 29 avril.

Un "commandement militaire" installé à l'état-major a justifié ces nouveaux troubles dans la région, trois semaines après un putsch au Mali, en dénonçant un "accord secret" conclu entre l'exécutif et l'Angola.

Les militaires prétendent avoir voulu contrer les "manoeuvres" du gouvernement destinées à "faire éliminer les forces armées bissau-guinéennes par une force étrangère". En cause: la mission militaire angolaise (Missang) présente depuis 2011 dans le pays et qui servait, selon les militaires bissau-guinéens, à "protéger le gouvernement en cas de crise".

Dans ce pays très instable, les rumeurs de coup d'Etat se faisaient insistantes depuis des jours,
à l'approche du second tour.

L'assaut a été lancé jeudi soir, principalement sur la résidence à Bissau de Carlos Gomes Junior, homme fort de l'exécutif et favori du scrutin. Sa maison a été attaquée à la roquette, pendant que des militaires prenaient le contrôle de la radio nationale et bouclaient la ville.

Carlos Gomes Junior a été "conduit à la base de San Vicente", à 45 km au nord de Bissau, a-t-on appris de sources militaire et diplomatique. Le lieu de détention du président Pereira et du général Indjai n'était pas connu.
Plusieurs responsables politiques ont également été arrêtés et conduits au siège de l'état-major, selon une source militaire.

Le "commandement" a assuré n'avoir "aucune ambition pour le pouvoir" et a proposé un "gouvernement d'union nationale" lors d'une réunion avec les partis politiques. Mais il s'y attribue d'office les ministères de la Défense et de l'Intérieur, et a décrété un couvre- feu nocturne.

Ex-puissance coloniale, le Portugal a défendu la mission angolaise, "un facteur de sécurité et non un facteur d'instabilité", et dénoncé "avec véhémence" le coup.

La présidence angolaise de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) est allée jusqu'à brandir la menace de poursuites devant la Cour pénale internationale.

Les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont exigé "le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel et du gouvernement légitime" pour permettre aux élections d'avoir lieu comme prévu.

La Maison Blanche a également condamné ce coup d'Etat.

L'UA a fustigé un putsch "inadmissible" et exigé la libération immédiate des personnalités détenues. La France a condamné "l'usage de la violence" et les Etats-Unis ont exhorté Bissau à "restaurer le leadership légitime des civils".

La Guinée-Bissau a une histoire jalonnée de putschs, de tentatives de coups d'Etat militaires et de violences politiques depuis son indépendance en 1974.

Elle est devenue ces dernières années une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique du Sud et l'Europe.