Une cinquantaine de policiers a été arrêtée pour la destruction de documents de la redoutable sécurité d’Etat égyptienne...
Une cinquantaine de policiers ont été arrêtés pour la destruction de documents de la redoutable sécurité d'Etat égyptienne, une affaire qui témoigne du caractère ultra-sensible des archives accumulées par la police sous l'ère Moubarak et de leur possible divulgation.
Quarante-sept policiers sont soupçonnés d'avoir détruit des documents, en
particulier en y mettant le feu, et d'avoir "saboté" des ordinateurs dans des
locaux de cette institution dépendant du ministère de l'Intérieur, a déclaré
lundi le Procureur général adjoint Adel al-Saïd.
La dissolution du tentaculaire appareil de la sécurité d'Etat, épine
dorsale du système répressif et régulièrement accusé de tortures du temps
d'Hosni Moubarak, est une des revendications principales des militants anti-régime qui ont poussé l'ancien président à la démission le 11 février.
Samedi, des manifestants à la recherche de preuves d'abus commis par la
sécurité d'Etat ont pris d'assaut des bâtiments de l'institution au Caire et
dans plusieurs autres villes d'Egypte.
Ces manifestants ont expliqué avoir agi après avoir constaté que les agents
de ces services eux-mêmes étaient en train de détruire des documents. "On
pouvait voir la police à l'intérieur en train de brûler des papiers", a raconté
à l'AFP une de ces personnes.
Selon la presse égyptienne, des quantités de dossiers confidentiels sur les
pratiques de la police, la vie privée de personnalités ou encore sur les
trucages électoraux ont été soit détruits par des agents de ce service, soit
dispersés ou saisis par les manifestants.
La possibilité de fuites dévastatrices a amené l'armée égyptienne à appeler
toute personne détenant des documents à les lui remettre. La presse de lundi
donnait peu de détails sur leur contenu précis.
Le journal indépendant al-Chorouq écrivait qu'il avait décidé de "ne pas
publier des informations non vérifiées et ne voulait pas porter atteinte à la
vie privée des gens".
Le quotidien estimait toutefois que "l'attention doit se porter sur les
crimes de ce service", laissant entendre que cet aspect des documents de la
sécurité d'Etat ne devait pas rester secret.
Dimanche, des témoins ont rapporté que des individus en civil, armés de
couteaux et de pierres, avaient attaqué des centaines de manifestants
rassemblés devant le siège de la sécurité d'Etat au Caire. L'armée a tiré des
coups de semonce pour tenter de disperser la foule.
Lundi, le procureur général adjoint al-Saïd a assuré que "tous les locaux
de la sécurité d'Etat sont actuellement sous le contrôle des forces armées",
qui ont pris la direction du pays après la démission de M. Moubarak.
Selon un responsable des services de sécurité, près de 100.000 personnes
travaillent à la sécurité d'Etat, sans compter d'innombrables informateurs qui
lui ont permis d'excercer une surveillance serrée du pays pendant les trente
ans de règne de M. Moubarak.
Les pratiques de la sécurité d'Etat ont largement contribué à l'impopularité de l'ancien ministre de l'Intérieur Habid el-Adli, aujourd'hui jugé pour malversations financières.