Pour le Hamas, cette visite est un signe de normalisation avec "Israël". Les Frères musulmans et des oulémas d’AlAzhar fustigent.
Le mufti d'Egypte Ali Goumaa, accompagné du prince jordanien Ghazi ben Mohammad, a visité mercredi pour la première fois l'esplanade des Mosquées à Jérusalem occupée.
"Le prince Ghazi ben Mohammad, représentant personnel de Son Altesse le roi Abdallah (de Jordanie) pour les questions religieuses, et le mufti d'Egypte Ali Goumaa sont venus pour une visite religieuse à la mosquée Al-Aqsa", a déclaré à l'AFP le directeur local du Waqf, l'office des biens religieux musulmans, cheikh Azzam al-Khatib.
Le mufti d'Egypte et le prince Ghazi ont prié dans l'ensemble des mosquées de l'esplanade "soulignant ainsi que le Haram al-Charif (esplanade des Mosquées, NDLR) est une unité unique et indivisible comprenant tout ce qui est au-dessus et en-dessous du sol", indique le ministère, en allusion aux revendications de l’occupation sur le site.
Le ministère jordanien des Biens religieux a confirmé dans un communiqué cette visite, expliquant qu'elle visait à "encourager les musulmans qui le peuvent à visiter la mosquée Al-Aqsa, un des trois lieux les plus saints de l'islam et sa première qibla (direction de la prière)".
Cette initiative répond notamment à un récent appel du président palestinien Mahmoud Abbas aux musulmans à se rendre à Al-Aqsa, selon le texte.
Le Hamas s’indigne
En réaction un porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a condamné la visite qu'il a qualifiée de "malvenue". "Cette visite est un signe de normalisation avec Israël", a déclaré Sami Abou Zouhri à l'AFP.
"Israël va exploiter cette visite pour légaliser l'occupation", a-t-il ajouté.
Les Frères musulmans condamnent
De leur côté, les Frères musulmans égyptiens ont condamné cette visite, la qualifiant de "catastrophe" nuisant à la cause palestinienne.
Dans un communiqué, le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), issu de la confrérie islamique, "rejette catégoriquement la visite du mufti Ali Gomaa à Jérusalem quelles qu'en soient les causes".
La visite est "une véritable catastrophe et un coup porté à la lutte nationale qui a réussi à faire échouer toutes les tentatives de normalisation par le passé", affirme le parti.
"L'ancien régime, qui jouissait de relations solides avec les dirigeants d'Israël, avait échoué à imposer la normalisation au peuple égyptien. Il est donc inacceptable que cette visite ait lieu après la révolution" qui a renversé le président Hosni Moubarak en février 2011, poursuit-il.
La révolte "a vu un accord entre les positions populaire et officielle pour refuser toute relation avec l'entité israélienne tant que se poursuit l'occupation, la colonisation et le siège de Gaza", selon le PLJ.
Le mufti, en tant que "responsable au sein des institutions religieuses officielles", doit rendre des comptes afin que ce genre de visite "nuisant à la cause palestinienne" ne se répète pas, a-t-il conclu.
Des oulémas égyptiens condamnent
Un nombre d’oulémas d'al-Azhar ont fermement condamné la visite du Mufti de l'Egypte, dont l'ex-Mufti d'Egypte, Nasr Farid Wassel.
Dans une déclaration exclusive au Centre palestinien d'information, Wassel a appelé à licencier Goumaa, indiquant que sa visite à Jérusalem occupée s'est produite après un feu vert de l'occupation israélienne qui contrôle Jérusalem. Il a rappelé la position claire d'Al-Azhar envers l'interdiction de la visite de Jérusalem occupée.
Il est à noter que cheikh Goumaa n’a pas reçu un visa de l'occupation israélienne, vu que la visite a été organisée par les autorités jordaniennes.
Source: agences +CPI