29-04-2025 10:49 PM Jerusalem Timing

L’ère Sarkozy, l’ère des records d’échecs

L’ère Sarkozy, l’ère des records d’échecs

Urbains, ruraux, actifs, retraités, jeunes, vieux, riches, pauvres… Ils sont nombreux à en vouloir à celui qui, au début de son quinquennat, s’était présenté comme le sauveur de la France.


« Sarkozy nous a trahi, ici reposent les promesses non tenues de Nicolas ». A l'image de cette stèle érigée à Gandrange en Février 2008 (volée le mois dernier) symbole largement reprit par l'opposition, la France va mal.
Les promesses en l’air : exemple, affaire d'Arcelor-Mittal
Aux salariés d'Arcelor-Mittal, le président sortant leur avait promis monts et merveilles avec un renflouement de fond de quelques 30 millions d'euros pour sauver l'usine et empêcher le licenciement de masse... Mais voilà, 4 mois après son élection il déclare qu'il ne peut rien faire, et la société met les clés sous la porte...
Aujourd'hui, cette petite ville de Lorraine est devenue lieu de «pèlerinage» pour tous les adversaires du président.

Impopularité record

L'élection présidentielle au printemps prochain se bloque donc plus que jamais sur l'impopularité record d'un seul homme.
Sarkozy élu en 2007 et dont la popularité s'équivalait à l'époque à celle de Charles de Gaulle avec un discours ambitieux dans lequel il promettait de transformer la France à la façon Thatcher, en mettant notamment en place une politique de libéralisme qui permettrait aux Français de «travailler plus pour gagner plus ", bat aujourd'hui le meilleur score d'impopularité.

Aujourd'hui, soit 5 ans plus tard, 70% des Français pensent que son mandat est un échec. Si François Mitterrand a aboli la peine de mort et Jacques Chirac a tenu la France hors de la guerre en Irak, les experts ont du mal à définir ce qu'est l'héritage de Sarkozy. Les faits sont là:


L'économie en chute libre

La France annonce un déficit record de 70 milliards d’euros et pour nombres d'organismes financiers, Sarkozy en est en partie responsable.
Le chômage a battu les records en 12 ans, avec près d'un million de personnes de plus au chômage que lorsque Sarkozy a pris ses fonctions.
Il a promis d'augmenter le pouvoir d'achat du citoyen moyen, mais aujourd'hui, se sont jusqu'à 15 millions de Français qui se battent pour joindre les deux bouts à la fin du mois.
La loi votée sur la hausse de la TVA, n'est pas prête de faire remonter le candidat à un deuxième mandat dans le cœur des français. Ainsi, les consommateurs déjà très restreints au niveau de leur pouvoir d'achat devront s'accommoder d'une taxe de 20,2 % au lieu de 20,6%.

Une politique sociale vue au rabais

Les écoles françaises déjà considérées comme sous performantes par rapport à celles des voisins européens, vont devoir subir une nouvelle réforme...
Tue par les médias, cette nouvelle loi votée le 15 Février dernier par l'Assemblée nationale va « jeter » les professeurs tous jeunes diplômés après 5 ans de cours techniques et seulement 108 heures de stage, dans le bain de l'enseignement.
A l'étranger, certains pays accordent 700 heures de stage à leurs enseignants en devenir avant qu'ils ne deviennent officiellement professeurs.
Selon le SNES (Syndicat National des Enseignants de Second degré), les professeurs d'aujourd'hui ne sont clairement pas prêts à devenir enseignants quand ils sortent de l'université. Désormais poursuit le syndicat, la formation des professeurs ne relève plus que du théorique au détriment de toute pédagogie. Or, le résultat de cette réforme c'est donc une crise de vocation à devenir professeur, avec une chute de 70% d'aspirants au concours.
Les acquis sociaux de l'après-guerre 45 ont également été mis à mal par l'équipe Sarkozy.
Les retraites d'abord et on s'en souvient encore lorsque les Français s'étaient soulevés après la décision de repousser l'âge de la retraite à 62 ans.

 

Concernant la sécurité sociale, là aussi bon nombre d'analystes se posaient la question: Sarkozy veut-il sa fin??? Voici donc ce que martelait le président: « Oui au travail, non à l'assistanat ». ( la aussi ce n’est pas clair, il faut expliquer ce qu’il a pris comme décision dans ce domaine)
Bien sûr, tout cela est mené au nom de la lutte contre la fraude, mais, par le choix des mots et l’insistance des accusations, il s’agit manifestement d’une campagne plus générale.
Ce syllogisme méprisant rompt purement et simplement avec la philosophie de l’Etat-providence adoptée depuis la Libération (et même avant). L’existence des allocations de chômage, tout comme le remboursement des frais médicaux ou encore les prestations de retraite, ne sont en rien le produit de la charité publique. Si les chômeurs touchent des indemnités, c’est qu’ils ont versé chaque mois et chaque année, pendant des décennies pour beaucoup d’entre eux, des cotisations sociales. L’étape suivante, logiquement, c’est la réduction des prestations, ou encore la privatisation progressive de la Sécu, par des moyens plus ou moins détournés.
Pour le droit de grève, là aussi, les acquis sont mis à mal. L'équipe Sarkozy a mis en place un service minimum obligatoire dans les services publics, empêchant ainsi toute grève de masse.
Et qu’en est-il de la Sécurité dont le président a dit en faire son objectif premier?? Et bien là aussi, nouveau record, celui de la population carcéral. En effet, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint le 1er février un nouveau record historique, avec 65.699 personnes incarcérées, soit un taux d'occupation de 114,8 % selon les statistiques mensuelles de l'administration pénitentiaire.

 

Liberté de la presse en question

L'Europe avait déjà pointé du doigt le mauvais état de la liberté de la presse en France. Et en cette période cruciale d'élections, plusieurs éléments tendent à prouver que ce droit fondamental est bafoué sur certains égards. Entre les chaines qui refusent de faire parler certains candidats ou des présentateurs ouvertement avec et contres eux, on comprend pourquoi la France est aussi mal classée niveau liberté de presse.

Islam et Musulmans : le bouc-émissaire

Et pour finir, parlons plus largement de l'inégalité sociale, des divisions raciales et plus particulièrement des coups très durs portés à la communauté musulmane sous le mandat de Nicolas Sarkozy.
La France se souviendra du tapage médiatique sur le voile musulman. Le Président a réussi à faire interdire à toutes les écolières de porter le voile. (Pour celles (infimes minorités en France) qui osent porter le «Nikab » (voile cachant le visage), la loi leur impose de le retirer sous peine d'amende.
Aujourd'hui cette loi s'étend au domaine privée. En effet, les Musulmanes n'ont désormais plus le droit de se voiler chez elles si leur métier est d'être assistante maternelle.

Parmi les politiques du gouvernement Sarkozy, certaines déclarations de ses proches rentreront dans l'histoire de son mandat.
En Septembre 2009, Brice Hortefeux alors ministre de l'Intérieur posait avec un jeune militant UMP d'origine algérienne. Sur une vidéo qui avait fait grand bruit sur internet, une militante expliquait à Hortefeux qu'Amine Bénalia-Brouch mangeait du cochon et buvait de la bière, le ministre rétorquant: «Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype». Dans un second temps, il ajoutait: «Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes».
Ces propos ne lui auront valu que 750 euros d'amendes pour propos jugés « outrageants envers les personnes d'origine arabes ».

 

Deux ans plus tard, la déclaration choc de son successeur, Claude Guéant rivalise avec ceux d'Hortefeux. Lors d’un colloque le 4 février avec le syndicat étudiant UNI : le ministre de l’intérieur Claude Guéant a déclaré que "toutes les civilisation ne se valent pas". Propos que le ministre a alors confirmé le lendemain sur France Inter : "Au regard des valeurs que porte la France et que, je crois, portent tous les partis républicains en France, il y a des civilisations que nous préférons", a-t-il ainsi déclaré. "Pour nous, tout ne se vaut pas ».

La réaction ne s'était pas fait attendre et un député a comparé ses propos à ceux du nazisme.
Parmi les nombreux intellectuels scandalisés, il y a aussi Pascal Boniface, directeur de l’IRIS et spécialiste de géopolitique, qui reproche au ministre de l’intérieur son manque de rigueur intellectuelle : "Claude Guéant, dans un amalgame de très bas niveau, confond civilisations et régimes politiques. Chaque civilisation peut produire des régimes politiques détestables et d'autres dignes. Cette vision essentialiste ne prend pas en compte la diversité". Comme le relève par ailleurs Boniface, les propos de Claude Guéant visent en fait directement -et encore une fois- l’Islam et les Musulmans.
Mais l’ancien préfet les assume pleinement, puisqu’il déclare, toujours sur France Inter, que "le voile intégral" ou "les prières de rue gênent beaucoup de Français. Mais cela gêne surtout un principe, celui de la laïcité. Et nous, nous avons interdit la prière de rue, ce qui est une expression de civilisation".

Par intermittence, des débats sur l’identité venaient verser encore plus de l’huile sur le feu, ce qui explique que les actes et les menaces contre les Musulmans aient atteint un taux record, selon l'Observatoire national contre l'islamophobie en France. Avec une hausse  vertigineuse de 34% des actes islamophobes répertoriés par la police et la gendarmerie sur le territoire français en 2011.

Plus que jamais, Islam et Musulmans sont promus au rang de bouc-émissaire, pour une classe politique en mal de solutions. Celle-ci, pour camoufler ses échecs et surtout ses manigances contre les acquis sociaux, ne trouve rien d’autre que d’exacerber les appréhensions intercommunautaires. Sarkozy le candidat l’a exploité à fond pour se faire élire en 2007. Candidat de nouveau pour 2012, Il a tenté de le faire de nouveau avec l'affaire Merah. Désormais, la balle est dans le camp des électeurs français.

Eline Briant