23-11-2024 07:20 AM Jerusalem Timing

Nouveau tué au Bahrein.. Formula one malgré tout..le roi reconnaissant

Nouveau tué au Bahrein.. Formula one malgré tout..le roi reconnaissant

Et la répression de la révolution bat son plein..

Un manifestant bahreïni a été tué durant une manifestation "sauvagement" réprimée par les forces de l’ordre du régime.
Il s'agit du premier mort dans les manifestations liées au Grand Prix, mais la répression de la révolte populaire entamée en février 2011 a déjà coûté la vie à des dizaines de personnes.

« Il doit y avoir un martyr dans ce village »

Le cadavre du martyrSamedi matin, le Wefaq, principal groupe de l'opposition, a annoncé la découverte du corps "du martyr Salah Abbas", 36 ans, près du village de Chakoura, où les forces de sécurité ont "sauvagement" réprimé une manifestation hostile à la dynastie des Khalifa qui dirige le pays depuis plus de deux siècles.

Selon un membre de sa famille, il a été arrêté par les forces de sécurité alors qu'il participait à la manifestation de Chakhoura. Depuis, "nous n'avons pas eu de nouvelles de lui jusqu'à l'annonce de la découverte de son corps samedi matin", a-t-il ajouté.

Le Forum du Bahrein pour les Droits de l'Homme ( FBDH) a pour sa part expliqué que le martyr a été battu à mort, des traces de torture avec des outils  ayant été trouvées sur son cadavre qui a été retrouvé sur le toit d'une cabane en métal en cours de construction à proximité d'un ranch dans son  village.
 

Selon les témoignages reçus par Al-Wefaq, les habitants manifestaient pacifiquement quand ils se sont pris en chasse par les forces de sécurité avant d'être attaqués très brutalement. Certains des participants ont été cruellement battus. Un membre des forces de l’ordre de l’ordre a été entendu dire d’un ton sarcastique "Il doit y avoir un martyr dans ce village!».
  

Le martyr Salah AbbasPour sa part, le ministère de l'Intérieur a confirmé la mort de Salah Abbas. Il a ajouté dans un communiqué qu'une enquête était "en cours" et que l'affaire était "traitée comme un homicide".
Depuis l’éclatement de la révolution bahreïnie, qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de bahreïnis, le régime rejette les accusations de l’opposition que ses forces de l’ordre tuent les activistes de l’opposition et les manifestants et avancent comme motifs de leur mort homicides, ou accidents.

Des dizaines de milliers contre le régime et la Formule de sang   
     

Manifestation contre le GP le 21-4-12Ces derniers jours, l'opposition avait fait état de blessés et de dizaines d'arrestations lors de la répression de précédents rassemblements.
  

Samedi, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés en fin de journée près de Darraz, un village à 10 kilomètres au nord du circuit de Sakhir. Ils ont scandé des slogans hostiles au régime, répétant "Pas de concession!", avant de se disperser sans incident, selon un militant.
  

Selon des témoins, des dizaines de personnes avaient manifesté dans la nuit de vendredi à samedi à l'entrée de plusieurs villages situés à quelques kilomètres du circuit, à l'appel du mouvement des "Jeunes du 14 février", une coalition radicale. Les "Jeunes du 14 février" avaient promis "trois jours de colère" coïncidant avec le Grand Prix prévu dimanche, sous le slogan "Non à la Formule de sang".
   Manifestation le 21-4-12Plusieurs villages ont également répondu à l’appel  comme Malkiya, Karzakan, Sadad et Damistan, et des manifestants ont brandi des banderoles proclamant "Non à la Formule du sang ».
  

Aux bombes lacrymogènes et grenades assourdissantes tirées par la police, les manifestants ont répliqué en lançant des pierres et des cocktails Molotov, ont expliqué les témoins, sans pouvoir fournir de bilan de ces affrontements.
     

La police a bloqué les accès au centre de Manama pour empêcher une manifestation prévue samedi soir à l'appel des militants des droits de l'Homme, selon des habitants.
   Plusieurs femmes en abaya noire, l'habit traditionnel, ont tenté en vain de s'approcher, par petits groupes, vers le lieu de la manifestation, qui visait à dénoncer le GP de Formule 1 et à réclamer la libération d'Abdel Hadi al-Khawaja, un militant condamné à la prison à vie et en grève de la faim depuis plus de deux mois.

La reconnaissance du roi et l’entêtement de la FIA 
  

Malgré la multiplication des manifestations à l'occasion du GP de F1, le roi de Bahreïn Hamad Ben Issa Al-Khalifa s'est félicité dimanche du maintien de la course, annulée l'année dernière à cause des troubles, et réaffirmé son engagement à mener des réformes politiques. Il s’est également  dit "reconnaissant" à la Fédération internationale de l'automobile (FIA), aux écuries et aux sponsors d'avoir "assuré que ce grand événement se tienne dans l'esprit communautaire de fête que la Formule 1 représente".

En effet, le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Jean Todt, a fait la sourde oreille aux revendications de l’opposition et refusé d’annuler le tournoi, estimant que le GP de Bahreïn était le bienvenu pour "la majorité de la population". "Malheureusement, il y a plus d'attention médiatique", a-t-il dit à des journalistes à propos de la controverse sur le maintien de la course malgré les troubles.

Mercedes : éveil tardif de conscience   
  

Ce n’est que tardivement que certaines voix se sont fait entendre pour contester l’animation de cette course au Bahrein.

Ross BrawnCe dimanche, le patron de l'écurie Mercedes en Formule 1, Ross Brawn, estime qu'il faut prendre le temps, après le GP de Bahreïn, de "réfléchir calmement" à la décision qui a été prise de disputer quand même cette course, contestée par une partie de la population bahreïnie.
   "Je pense que maintenant que nous sommes ici, nous nous sommes engagés à faire cette course, mais qu'après cette course nous devons nous asseoir et discuter, en évaluant ce qui s'est passé et ce que nous avons vu, pour arriver à une conclusion", a dit Brawn au magazine Autosport.
  

L'ingénieur britannique, l'une des personnalités les plus respectées en F1, a aussi répondu aux élus britanniques qui avaient demandé à leurs compatriotes Lewis Hamilton et Jenson Button de boycotter ce GP de Bahreïn.
   "Je trouve très énervant que des politiques au Royaume-Uni attendent qu'on soit sur place pour nous dire de nous retirer. Pourquoi ne l'ont-ils pas proposé avant ?" a demandé Brawn, patron en 2009 de l'écurie Brawn GP qui avait permis à Button de devenir champion du monde.
   "Il n'est pas correct d'inciter Jenson Button et Lewis Hamilton à influer sur la politique étrangère d'un pays. On sait que beaucoup de choses se passent, mais une analyse collective, dans le calme, après l'événement, nous permettra d'y voir plus clair", a ajouté l'ancien directeur technique de la Scuderia Ferrari.
  

Le patron de McLaren, Martin Whitmarsh, a lui aussi répondu au leader du Parti travailliste britannique, Ed Milliband, et à Yvette Cooper, sa jeune collègue du "Labour", qui avaient demandé l'annulation du GP de Bahreïn.
   "Je ne pense pas que ça nous aide beaucoup de nous réveiller le matin en entendant qu'on ne devrait pas être là, alors qu'on y est déjà, donc je suis d'accord avec ce que dit Ross", a dit Whitmarsh, dont l'écurie appartient à 50% à une société bahreïnie.
   "Nous sommes un sport international, nous nous déplaçons dans le monde entier et il est normal que les gens expriment des opinions sur les endroits où nous courons, comment et pourquoi (...) Il y a beaucoup d'autres choses qui se déroulent dans le monde et qui sont tragiques, mais nous n'avons aucun contrôle sur elles", a conclu le patron de McLaren.

Le circuit de Formula one au bahreinN’empêche qu’autour du circuit de Sakhir, un important dispositif de sécurité est mis en place pour empecher les manifestations.. Des véhicules blindés étaient stationnés samedi sur l'axe routier reliant Manama au circuit, où des fouilles systématiques, avec des portiques de sécurité, étaient menées aux entrées du public, selon des journalistes.  


Les organisations de défense des droits de l'Homme avaient critiqué la tenue de la course en pleine crise politique dans ce petit royaume du Golfe.
   Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé samedi "les atteintes à la liberté de la presse" à Bahreïn, classé en décembre 2011, "parmi les dix endroits les plus dangereux pour les journalistes".