Environ 28% des Français s’étaient rendus aux urnes à la mi-journée (10H00 GMT)
Les files d'attente ont commencé à s'allonger dans les bureaux de vote à Paris dimanche dans la matinée. Mais dans l'est de la ville, bastion de la gauche, les électeurs montraient peu d'enthousiasme pour les deux favoris de la présidentielle, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Ondine Leclerc, une radiologue d'une trentaine d'années, vient d'achever sa nuit de garde à l'hôpital lorsqu'elle glisse son bulletin dans un bureau de vote du 10e arrondissement de Paris.
"J'ai voté Mélenchon", dit-elle. "Je sais qu'il n'a aucune chance de passer au second tour, mais j'aime bien ses idées. J'aime bien ses attaques contre les banques et contre ceux qui gagnent des salaires énormes. Je crois que s'il a assez de voix, celui qui gagnera reprendra certaines de ses idées".
Tribun flamboyant, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a été la révélation de la campagne présidentielle. Les sondages le créditent d'environ 15% et les socialistes craignent qu'il ne prenne des électeurs à leur candidat François Hollande et n'affaiblisse avant le second tour.
Jeanne et Stéphane, un jeune couple qui vient de voter Mélenchon, confirme. "Je me suis fait plaisir, le vote utile ce sera pour le deuxième tour", confie-t-il.
Dans les bureaux parisiens, des files d'attente ont commencé à se former dans la matinée sous un soleil voilé, alors que les chiffres officiels à la mi-journée ont révélé que le taux de participation était assez élevé, dissipant a priori les craintes d'une forte abstention.
Un peu plus loin, dans une école primaire, Isabelle Provost, une retraitée de 62 ans, reconnaît que la campagne ne l'a guère passionnée.
"Je n'ai jamais manqué aucune élection. Mais cette fois, je ressens peu d'enthousiasme. Sur le plan économique, il y a peu de différence entre les deux candidats", relève-t-elle.
Jean Nadeau, étudiant en langues de 23 ans, refuse de dire pour qui il va voter alors qu'il se rend dans l'isoloir. "Ce ne sera pas Sarkozy. Je suis fatigué de le voir et l'entendre à la télévision chercher des boucs émissaires: les Roms, les musulmans, les immigrés".
Environ 28% des Français s'étaient rendus aux urnes à la mi-journée (10H00 GMT), un peu moins qu'en 2007 mais plus qu'en 2002. Cette année-là, le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, avait profité d'une faible participation au vote pour se qualifier à la surprise générale pour le second tour et éliminer le candidat socialiste, Lionel Jospin.
"J'ai peur de l'abstention, que les gens ne voient plus l'utilité d'aller voter me choque un peu. Je suis venue parce que je pense qu'il faut lutter contre la montée d'un certain extrémisme", dit ainsi Marie Paviot, 31 ans, qui travaille dans une ONG de développement.