Des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé mercredi la détention d’un journaliste inculpé pour avoir publié des allégations liées à une affaire de corruption

Human Rights Watch (HRW) a jugé qu'avec cette arrestation de Jamal Mouhtaseb, rédacteur en chef de Gerasa News, un site d'informations en ligne , Amman prenait le "risque d'acquérir une réputation de répression et d'intolérance".

"La Jordanie ne peut prétendre mener des réformes démocratiques quand, dans le même temps, les procureurs traquent les journalistes", a déclaré dans un communiqué Christoph Wilcke, chercheur sur le Moyen-Orient à HRW.

"Le discours de la Jordanie sur les réformes n'a aucun sens tant que la loi empêche les citoyens de se réunir et s'exprimer librement, tout particulièrement à propos de politique et de leurs dirigeants", a-t-il ajouté.

Même son de cloche pour Reporters Sans Frontières (RSF), cette détention est une "violation grave de la loi jordanienne et de la liberté d'information", a dit Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué.

"Le recours à un tribunal d'exception pour juger le journaliste manifeste une certaine nervosité des autorités, où la raison d'Etat l'emporte sur la liberté d'information", a indiqué RSF.

Le journaliste Mouhtaseb, placé en détention provisoire lundi, est poursuivi pour "incitation à la contestation du régime".
Il dénonçait des affaires de corruption au plus haut niveau de l'Etat, impliquant l'ancien ministre Sahil Majali.
Il encourt jusqu'à 15 ans de prison.

La Jordanie a été épargnée par le mouvement de contestation qui a gagné le monde arabe en 2011, mais des manifestations ont lieu ponctuellement depuis plus d'un an pour réclamer des réformes politiques et économiques de fond, ainsi que des mesures contre la corruption.