Les deux responsables américains se sont ingérés dans toutes les affaires libanaises au cours de leur dernière visite.
La visite du secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires du Moyen Orient, Jeffrey Feltman et du membre de la commission des forces interarmes au Sénat américain Joe Libermann a occupé la Une de la presse libanaise, tant par sa date que par ses objectifs.
La visite de ces deux responsables américains survient au moment où le vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi se trouve au Liban pour rencontrer les dirigeants du pays et signer des contrats de coopération bilatérale. Toutefois, si la visite de Rahimi était décidée et coordonnée depuis plusieurs semaines, celle de Feltman a été prise à la hâte, avec un ordre de jour réduit, planifié par Feltman et l’ambassadeur américain en Syrie Robert Ford et sous la supervision de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton.
Quant aux objectifs de ladite visite, il s’agit d’aviser le gouvernement libanais que sa relation avec la République Islamique a des limites et que le Liban doit se dissocier de la coopération économique structurelle avec l’Iran, tout en rappelant la politique adoptée par l’administration américaine sur l’isolement du Hezbollah sur la scène intérieure.
Au sujet de la Syrie, la délégation US est venue insister auprès du gouvernement libanais d’accueillir le plus grand nombre de déplacés syriens.
A ce propos, Liberman n’a pas hésité à se diriger vers la frontière nord avec la Syrie pour une visite d’inspection sur le terrain. Il a appelé les autorités libanaises à fournir l’aide nécessaire à l’opposition syrienne et aux déplacés.
Lors de cette visite, des drapeaux de la soi-disant « révolution syrienne » ont été hissés, ainsi que des banderoles fustigeant le Président syrien Bachar elAssad. La délégation américaine a effectué une tournée aux passages frontaliers, visité la maison du chef de la « commission d’aide aux réfugiés syriens » Mahmoud Khazaal, et rencontré plusieurs déplacés.
Washington aspire en effet à ce que l’expérience de la commission d’aide aux réfugiés syriens s’étende au-delà de Wadi Khaled (Nord Liban), à d’autres villes libanaises, notamment à la Békaa et à Beyrouth.
Feltman et Libermann se sont par ailleurs dit inquiets des répercussions de la crise syrienne sur la situation au Liban. Le sénateur américain a lui, demandé au Premier ministre Nagib Mikati au cours d’un entretien avec lui, d’aider les déplacés syriens et de fournir « une aide suffisante de la part du Liban à l’opposition syrienne », tout en exprimant sa crainte face à l’extension du conflit syrien au Liban !
Souleimane : « Nous rejetons la logique des minorités »
Réuni avec Liberman, le chef de l’Etat libanais Michel Souleimane a insisté sur l’importance de parvenir à une solution politique en Syrie, rejetant entre autre toute intervention militaire extérieure.
Le sénateur américain s’est interrogé sur les répercussions des développements en Syrie sur les minorités. Sur ce point, le président Souleimane a souligné « la diversité des composantes dans les sociétés arabes », refusant que la situation actuelle dans les pays arabes « pousse certaines composantes à quitter leurs pays pour être remplacées par d’autres ».
Berri à Feltman : « Nous sommes attachés à nos droits maritimes »
S’agissant de la tournée du secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires du Moyen Orient, Jeffrey Feltman, celui-ci a rencontré le chef du Parlement Nabih Berri qui lui a rappelé que le Liban reste attaché à ses droits et frontières maritimes, et à l’exploitation des ressources dans toute sa zone économique pure.
Sur le plan syro-libanais, Berri a indiqué que le gouvernement, tout comme le parlement, œuvrent à préserver la stabilité interne, et rejettent le trafic d’armes en Syrie via les frontières libanaises, saluant les efforts de l’armée libanaise dans ce cadre.
Feltman à Joumblatt : « Les élections auront lieu à leur date prévue »
Dès son arrivée à Beyrouth, Jeffrey Feltman a rencontré le député Walid Joumblatt. Les deux responsables ont longuement évoqué la situation au Liban et l’aide qui doit être fournie aux déplacés syriens.
Selon des sources informées s’exprimant à Assafir, Joumblatt a expliqué à la délégation américaine, composée entre autre de l’ambassadrice étatsunienne au Liban Maura Conelly , les raisons de son rejet du principe de la proportionnalité dans les prochaines élections libanaises. Sur ce point, Feltman a insisté sur l’importance que les élections aient lieu au moment prévu.
Appel à rompre tout lien avec le Hezbollah
Certains analystes politiques expliquent que Feltman a tenu sa première réunion avec Joumblatt pour le sommer à rompre ses liens avec le Hezbollah, ce qui est censé freiner l’accroissement de l’influence iranienne au Liban.
En parallèle, ce responsable américain tient à renforcer la position des forces du 14 mars sur la scène libanaise pour pouvoir isoler le Hezbollah. Washington envisagerait aussi de soutenir l’idée de la formation d’un gouvernement technocrate neutre qui supervise les prochaines élections et « chasse le Hezbollah de tout gouvernement », selon une source politique libanaise.
Et d’ajouter que le renversement du gouvernement actuel est la première condition imposée par l’Arabie Saoudite sur Joumblatt pour normaliser ses liens avec lui une nouvelle fois.
D’après les informations qui ont filtré des milieux de Joumblatt, celui-ci s’est abstenu de rompre ses liens avec le Hezbollah, alléguant que la stabilité dans le pays nécessite de garder le statu quo politique actuel, au moins à court terme.
Source: Assafir, alAkhbar