16-05-2024 06:41 AM Jerusalem Timing

Séisme législatif en Grèce, le gouvernement va avoir du mal à se former

Séisme législatif en Grèce, le gouvernement va avoir du mal à se former

Les deux partis pro-austérité et pro-européens grecs, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite), qui gouvernent ensemble depuis fin 2011 se sont effondrés dimanche. L\’extrême droite entre en force au parlement.

La Grèce aura sans doute bien du mal à constituer un gouvernement cette semaine, après le séisme des élections législatives dimanche qui ont laminé les deux partis historiques pro-austérité et pro-Europe et envoyé pour la première fois des néonazis au parlement grec.

La campagne a été dominée par la contestation de la politique d'austérité qui a brutalement réduit le niveau de vie des Grecs à coups de baisses de salaires et pensions et de rafales de taxes.

Sur les cendres du bipartisme à la grecque, les partis opposés à un accroissement de l'austérité ont raflé, en incluant les néonazis, près de 60% des voix, selon un sondage sortie des urnes.

 

Les gagnants et les perdants

Les deux grands gagnants du scrutin sont la formation de gauche radicale, Syriza, opposée au mémorandum d'accord de la Grèce avec les bailleurs de fonds du pays, qui devient la deuxième force politique du pays, et le parti néonazi Chryssi Avghi (Aube dorée) qui fait une entrée en force au parlement, pour la première fois.

Le deux grands partis historiques, le Pasok socialiste et la Nouvelle Démocratie (droite,) en revanche, parviennent à eux deux péniblement aux 151 sièges de majorité au parlement, un score jugé très fragile pour former un gouvernement de coalition stable et garantir la poursuite du programme de rigoureuse austérité dicté par l'UE et le FMI, selon les résultats basés sur 60% des dépouillements.

Ex-groupuscule semi-clandestin aux méthodes notoirement violentes et aux thèses racistes et antiparlementaires, Chryssi Avghi a obtenu 21 députés sur 300 au parlement grec, avec 6,9% des voix, selon les résultats

Le parlement grec, dont la composition est encore loin d'être bouclée, offrira ainsi la particularité d'accueillir sur les mêmes bancs ces nouveaux députés et le vieux héros de la résistance Manolis Glézos, 89 ans, qui avait décroché le drapeau hitlérien du sommet de l'Acropole à 18 ans, et se retrouve élu sous l'étiquette du Syriza.

Dimanche soir, Alexis Tsipras, le dirigeant de ce parti et benjamin de la vie politique grecque, déclarait au milieu de ses partisans à Athènes que le résultat du scrutin "a privé de toute légitimité le mémorandum" d'accord prévoyant une cure d'austérité en Grèce en échange de
prêts internationaux d'un total prévu de 240 milliards d'euros destinés à sauver le pays de la faillite.


 

La Grèce bientôt hors de la zone euro?

Pour beaucoup d'analyste, la percée du Syriza pourrait priver de tout espoir de majorité une

coalition d'unité nationale visant à garantir le maintien du pays dans l'euro, à laquelle ont appelé dans la soirée les dirigeants des deux partis gouvernementaux sortants, le conservateur Antonis Samaras et le socialiste Evangélos Vénizélos, laminés dans les urnes pour leur ralliement à l'austérité.


Hollande un espoir pour les grecs?

Selon un professeur d'économie financière à l'université d'Athènes, "le pays a encore une petite marge de manoeuvre grâce à la victoire de François Hollande en France, qui devrait empêcher que l'Europe nous lâche brutalement". Mais il faudrait "vite un gouvernement de technocrates", au risque sinon d'un retour rapide aux urnes.