Renégociation du traité budgétaire européen? Niet pour Angela Merkel.
Sans pouvoir espérer d'état de grâce dans une Europe inquiète, le président français élu François Hollande s'est attelé dès lundi à la formation de son gouvernement et au dossier "prioritaire" européen, avant de délicates discussions avec Berlin sur la croissance.
Elu dimanche avec 51,62% des voix contre 48,38% au président sortant Nicolas Sarkozy, le socialiste est sous la pression d'un calendrier très serré et d'une situation en zone euro qui pourrait rapidement se dégrader.
La tâche ne va pas être facile surtout qu'il sait qu'il ne bénéficiera d'aucun "état de grâce", a confié l'un de ses plus proches amis, l'ancien ministre des Finances Michel Sapin.
Et sa première visite réservée à la dirigeante allemande s'annonce plus que délicate car Angela Merkel qui avait soutenu le sortant Sarkozy et snobé le candidat socialiste pendant la campagne, a d'emblée posé ses conditions: pas question de "renégocier" le traité budgétaire européen, déjà signé par 25 des 27 Etats membres de l'Union européenne.
Rappelons que la renégociation du traité, pour adjoindre un volet consacré à la croissance, a été un leitmotiv de François Hollande pendant sa campagne.
Petit espoir tout de même... Si elle est fermée à toute renégociation de ce texte, l'Allemagne est prête à discuter d'une stratégie de croissance d'ici au sommet européen de la fin du mois de juin.
Dans l'esprit des Allemands, la croissance passe davantage par des réformes structurelles, comme celle du marché du travail, que par des investissements sur de grands projets européens prônés par François Hollande.
Dans beaucoup de pays d'Europe, l'arrivée au pouvoir du socialiste français est vue comme l'occasion de sortir de politiques uniquement tournées vers l'austérité. Une austérité qui pourrait ne plus être "une fatalité", avait lancé dès dimanche soir M. Hollande lors de sa première déclaration de président élu.
Ce rejet des politiques d'austérité s'est illustré dans les élections législatives grecques. Les partis qui avaient accepté les politiques d'austérité dictées par les bailleurs de fonds du pays, Union européenne en tête, ont été désavoués.
Très discret sur le sujet, le président élu doit aussi avancer sur la formation de son gouvernement et le choix de son Premier ministre.
Le chef de file des députés socialistes Jean-Marc Ayrault et la patronne du PS Martine Aubry sont donnés favoris pour ce poste.
La bataille s'organise aussi dans les rangs des alliés de la gauche radicale et chez les écologistes notamment: la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot a appelé lundi son parti à entrer au gouvernement.
C'est cette première équipe qui ira à la bataille des élections législatives des 10 et 17 juin pour "confirmer" la victoire de François Hollande, espère la gauche. La droite, de son côté, met en garde contre une concentration excessive du pouvoir entre les mains des socialistes.