Les raids contre l’Est se poursuivent. Paris, Washington et Londres continuaient d’étudier les moyens d’intervenir en instaurant une zone d’exclusion aérienne.
Au 23e jour d'une insurrection sans précédent, le régime de Mouammar Kadhafi a promis une récompense de 410.000 dollars à toute personne livrant Moustapha Abdeljalil, ex-ministre de la Justice devenu chef du Conseil national formé par l'opposition libyenne le 27 février pour préparer la transition.
Alors que sur le terrain, les forces de Kadhafi multipliaient les attaques contre l'Est du pays.
A Ras Lanouf, tenue par l’opposition à l'est de Tripoli, des raids aériens de l'armée libyenne ont touché plusieurs installations pétrolières, selon des témoins et l'opposition.
Un peu plus tôt, d'importantes explosions avaient été suivies par d'immenses flammes et des boules de feu dans le ciel au-dessus de la raffinerie As-Sidra, mais le directeur de la Compagnie pétrolière nationale a minimisé l'impact des dégâts, affirmant qu'il s'agissait d'une "petite installation de stockage" de diesel.
Par ailleurs, des témoins ont affirmé que des forces loyalistes convergeaient en nombre vers Misrata, tenue par l'opposition, à 150 km à l'est de Tripoli. Non loin de là, l'opposition contrôlait Zenten, toujours encerclée, selon un témoin.
A l'ouest, des combats faisaient toujours rage mercredi soir entre rebelles et forces loyalistes à Zawiyah, selon un porte-parole du gouvernement. Zawiyah, 40 km à l'ouest de Tripoli, est le bastion des insurgés le plus proche de la capitale.
Le chef de l’opposition appelle à l’aide internationale
Le chef de l'opposition libyenne, Mustafa Abdel Jalil, appelle à l\'aide la communauté internationale dans un entretien à la presse allemande à paraître jeudi affirmant que dans le cas contraire "Kadhafi anéantira notre (son) pays".
"S'il n'y a pas d'intervention internationale, Kadhafi anéantira notre pays. Cela lui est égal si les gens meurent", affirme le dirigeant du Conseil national de transition (CNT) constitué par l'opposition au colonel Mouammar Kadhafi, dans une interview au quotidien Die Welt, dont des extraits ont été diffusés mercredi.
L'ancien ministre libyen de la Justice réaffirme également son espoir de voir instaurée une zone d'exclusion aérienne destinée à empêcher le pouvoir de bombarder la population.
"Une zone d'exclusion aérienne est tout ce que nous voulons (...) Mais nous ne voulons pas de soldats étrangers en Libye", insiste-t-il également.
Mardi, dans un discours devant des députés européens, un des représentants du CNT, Mahmoud Jebril, avait demandé aux Européens une aide militaire, économique, humanitaire et médicale.
Il avait également dit attendre de l'Union européenne qu'elle reconnaisse "le plus tôt possible" l'opposition libyenne comme seule autorité légitime.
Mais le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a refusé mercredi à Strasbourg de s'engager sur les actions envisagées pour empêcher le dirigeant libyen d'écraser l'insurrection, à l'image des divisions entre Etats européens.
Elle a notamment refusé de soutenir la demande du CNT d'être reconnu comme seule autorité légitime en Libye et a également émis les plus grandes réserves sur la faisabilité d'une zone d'exclusion aérienne.
Au niveau diplomatique, Kadhafi au pouvoir depuis plus de 40 ans, a dépêché au Caire un membre de son cercle rapproché, tandis qu'un autre envoyé a rencontré le chef de la diplomatie portugaise, Luis Amado, à la veille d'une réunion à Bruxelles des ministres européens des Affaires étrangères consacrée à la Libye.
Un émissaire de Kadhafi doit également s'entretenir jeudi matin avec le secrétaire d'Etat grec aux Affaires étrangères.
Du côté de l'opposition, deux émissaires du Conseil national seront reçus jeudi matin par le président français Nicolas Sarkozy, alors qu'un autre représentant a rencontré la présidente suisse Micheline Calmy-Rey.
A la veille des concertations des Occidentaux à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a refusé de soutenir la reconnaissance du Conseil national libyen, estimant que cette décision revenait "au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement".
Paris, Washington et Londres continuaient de leur côté d'étudier les moyens d’intervenir à travers l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.
Le vice-président américain Joe Biden se trouvait en Russie, réticente à une telle zone.