En ébullition, le Moyen-Orient vit ces jours-ci au rythme des évolutions, il se trouve au tournant pour entrer en plein pied dans une nouvelle phase de la vie politique et sociale.
On s'attendait en effet qu'avec l'effondrement de l'ex-Union soviétique et la fin de la Guerre froide, la vague de démocratisation déferle dans d'autres régions dont le monde arabe. Pourtant, ces évolutions n'ont pas eu lieu dans les pays arabes du Moyen-Orient bien qu'on les constate en Amérique latine, en Europe de l'Est, en Asie du sud-est voire en Afrique noir. C'est en effet ce retard qui a provoqué une telle réaction, si violente, pour prendre même l'allure d'une révolution.
Ce qui a eu lieu en Tunisie a, aussitôt, influé sur le monde arabe, se transformant en un modèle à suivre par les autres pays arabes. Le mouvement a débordé en Egypte et l'on prévoit d'autres réactions et évolutions semblables en Algérie, au Yémen, en Jordanie, au Maroc et probablement en Lybie. Il semble qu'il fallait attendre ce même mouvement dans une décennie dans les pays arabes du bassin du golfe Persique tels que l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis,, car le terrain y n'est pas encore préparé. Les sociétés civiques de ces pays sont en général très faibles. En plus, ils bénéficient d'importantes ressources et revenues pétrolières qui créent pour leur population un grand bien être. La société ne sent pas, ainsi, le besoin d'une réforme essentielle urgente dans l'ordre politique.
De l'autre côté, l'Occident notamment les Etats-Unis et l'UE se voient confrontés à une situation des plus difficiles, ignorant quelle politique ils doivent adopter envers toutes ces évolutions en cours. Il est vrai que les dictatures de la région bénéficiaient, tout au long de ces trois dernières décennies, du soutien américain.
En tant qu'alliés proches des Etats-Unis dans la région, elles ont empêché l'arrivée au pouvoir des islamistes pour mettre en danger les intérêts israélo-américains. D'où la surprise de l'Occident de voir une telle évolution en Afrique maghrébine.
L'expérience amère du soutien au dictateur tunisien a convaincu les pays occidentaux à ne pas exprimer, ouvertement, leur soutien au dictateur égyptien, Hosni Moubarak, et à opter pour une position plus modérée voire ambivalente. En effet, ils ne veulent pas, d'une part, abandonner leurs alliées de longue date tels Hosni Moubarak, et se plier, de l'autre, devant les revendications démocratiques du peuple tunisien et égyptien. Par ailleurs, ils estiment que la démocratie dans le monde arabe surtout en Egypte, n'a qu'une seule signification: l'arrivée au pouvoir des islamistes.
Vu, en effet, de la popularité considérable des groupes islamistes chez ces populations, l'Occident est rassuré que dans un processus démocratique, les représentants de ces groupes seraient sans aucun doute les principaux candidats aux futurs gouvernements. Et certes, les islamistes lanceront d'importants défis aux Etats-Unis et leurs intérêts dans ces pays. Les relations amicales avec Israël se rompraient tandis que les Etats-Unis perdraient leur soutien de toujours à leurs politiques dans la région.