Pour les parlementaires, non seulement cela met en péril la poursuite de la mission, va mettre des vies en danger mais surtout faire perdre la confiance des alliés. Peur eux, Obama est derrière la fuite.
Les fuites dans la presse sur le projet d'attentat déjoué par un agent infiltré au sein d'Al-Qaïda ont provoqué une fronde chez les parlementaires américains.
"Ces fuites n'auraient pas dû arriver. C'était une opération en cours et de telles fuites sont considérées comme très graves", a déclaré la puissante présidente de la commission du Renseignement, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.
Elle a d'ailleurs annoncé qu'une enquête parlementaire sur ces fuites allait être diligentée, une position soutenue par son homologue républicain à la Chambre des représentants, Mike Rogers.
"Si quelque chose se passe mal parce qu'il y a eu une fuite trop tôt, c'est non seulement une catastrophe mais aussi un crime", a-t-il lancé sur CNN.
Les opérations de renseignement sont "compartimentées" pour éviter les fuites mais en général plusieurs dizaines de personnes à la CIA et à la Maison Blanche sont au courant.
Obama en ligne de mire
En pleine campagne électorale, certains parlementaires conservateurs n'ont pas hésité à attaquer le président en suggérant que les fuites pourraient avoir été orchestrées pour parfaire l'image de Barack Obama sur le sujet de la sécurité nationale, traditionnel point fort des républicains.
De fait, l'agence de presse américaine Associated Press, qui la première a évoqué le projet d'attentat, a affirmé être au courant depuis la semaine passée mais n'a rien publié avant lundi à la demande de la Maison Blanche et de la CIA. Quotidiens et télévisions américaines ont suivi.
En tout cas, un an et demi après la révélation de milliers de câbles diplomatiques américains par le site internet WikiLeaks, ces fuites font à nouveau craindre que les alliés n'aient plus confiance dans la capacité de Washington à garder une information secrète. Et donc ne restreignent leur coopération avec les Etats-Unis.
A ce sujet,l'heure est grave pour le président de la commission de la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants, Peter King , ces fuites risquent d'avoir des "conséquences extrêmement dommageables".
Elles "auraient très bien pu être dévastatrices et pourraient encore provoquer des dommages importants à long terme", a-t-il estimé sur CNN.
Un avis partagé par l'ancien agent de la CIA, Bruce Riedel: "Elles vont dissuader de coopérer avec nous. Nous ne savons pas garder un secret", déplore-t-il .
L'affaire fait les gros titres de la presse américaine depuis lundi: un agent infiltré au sein de la branche yéménite d'Al-Qaïda s'est porté volontaire pour conduire un attentat-suicide contre un avion à destination des Etats-Unis.
L'homme, qui travaillait en fait pour les services secrets saoudiens, s'est enfui avec l'engin piégé qu'il a remis à ses officiers traitants, rapportent les médias américains. Il a également fourni des renseignements qui ont permis dimanche aux Américains d'éliminer dans un raid aérien au Yémen un haut responsable d'Al-Qaïda, Fahd al-Quso.