Le conseiller du roi de Bahreïn minimise l’échec du sommet de Ryad et estime que la naissance d’une "union du CCG est pour très bientôt". Les Iraniens appelés à protester contre le projet d’union.
Les autorités iraniennes ont appelé mercredi à des manifestations vendredi dans tout le pays contre le projet d'union envisagé entre l'Arabie saoudite et Bahreïn, qualifiant les régimes de ces deux pays de "laquais" des Etats-Unis.
Le Conseil de coordination de la propagande islamique a dans un communiqué demandé aux Iraniens de manifester après laprière du vendredi "contre le plan américain d'annexion de Bahreïn par l'Arabie saoudite et pour exprimer leur colère contre les régimes laquais d'Al-Khalifa et d'Al-Saoud".
"Ce complot dangereux (d'union) est le résultat du triangle funeste américano-britano-sioniste pour empêcher les révoltes populaires de s'étendre et contrôler la crise à Bahreïn que le régime d'Al-Khalifa est incapable de régler", a ajouté le Conseil iranien dans le communiqué.
"Les dirigeants d'Al-Saoud et d'Al-Khalifa doivent savoir qu'avec ce genre de complot ils ne pourront pas empêcher le mouvement populaire à Bahreïn et le mouvement de réveil islamique dans la région", a-t-il écrit.
Le projet de Ryad renforce la crise
L'Iran a réitéré mardi que le projet de Ryad de former une union avec Manama pourrait renforcer la crise à Bahreïn, faisant fi des avertissements de l'Arabie saoudite qui lui avait demandé lundi de ne pas s'immiscer dans ses relations avec ce petit royaume du Golfe.
"Toute sorte d'intervention étrangère ou (...) (projet) sans respect duvote du peuple ne fera qu'approfondir les blessures existantes", a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, dans un communiqué publié par des médias iraniens.
"La solution pour résoudre la crise à Bahreïn consiste à porter attention aux demandes légitimes du peuple et à les satisfaire", a-t-il ajouté, réaffirmant ainsi la position iranienne sur ce dossier.
L'Iran "pense que le vrai pouvoir des nations de la région émane des (gouvernements) bénéficiant du soutien de leur peuple", a également précisé le porte-parole.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, avait averti lundi l'Iran qu'il n'avait pas à s'immiscer dans les relations entre l'Arabie saoudite et Bahreïn.
"L'Iran n'a rien à voir avec ce qui se passe entre les deux pays même si cela évolue vers une union", avait-il déclaré au terme d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), axé autour d'un projet d'union entre les six monarchies de ce groupe.
Alors que la majorité des membres du Parlement iranien ont "condamné" ce projet, soulignant qu'il allait "renforcer l'unité du peuple bahreïni face aux forces d'occupation" saoudiennes, le prince a vu dans leur lettre "une menace de l'Iran" qui est "inacceptable et inadmissible".
Les relations entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite se sont nettement tendues depuis le déploiement en 2011 de forces saoudiennes à Bahreïn pour défendre la dynastie sunnite face à un mouvement de révolte de la majorité chiite.
Manama minimise l’échec du projet de l’Union
Et puis, dans une tentative d’atténuer les critiques à l’encontre du sommet de Ryad qui a reporté l’adoption du projet d’union faute d’unanimité entre les membres du CCG (Conseil de Coopération du Golfe).
Le conseiller du roi du Bahreïn a déclaré mardi que les dirigeants des monarchies du Golfe tiendront un sommet extraordinaire avant fin 2012 à Ryad pour "signer la charte d'une union" régionale. Mais, il n’a pas mentionné une date précise.
Cité par l'agence officielle Bna, Nabil al-Himr a indiqué que le projet a "un soutien total de Bahreïn, de l'Arabie saoudite et du Qatar". Il a ajouté que "le Koweït et les Emirats arabes unis ont émis des réserves sur certains points, actuellement en cours de règlement".
Mais, a-t-il poursuivi, Oman, le sixième et dernier membre du CCG, "est totalement réservé" sur une union du groupe.
Selon le conseiller du roi, la naissance d'une "union du CCG est pour très bientôt", prétendant sur Twitter selon Bna, que "l'union avait été approuvée" et que "les mécanismes de sa mise en place sont actuellement à l'étude".
Au terme de leur sommet consultatif lundi à Ryad, les dirigeants du CCG ont chargé leurs ministres des Affaires étrangères de "poursuivre l'étude" du projet et de "soumettre leurs recommandations à un sommet" extraordinaire à Ryad, sans préciser de date.
L'idée d'une union du CCG, lancée en décembre par le roi Abdallah d'Arabie saoudite et soutenue par Bahreïn, est intervenue dans un contexte de crispation des relations avec l'Iran, qui a fermement critiqué la répression de la contestation du peuple bahreïni par les forces saoudiennes.