28-11-2024 10:34 AM Jerusalem Timing

Liban : le rôle saoudien dans la conclusion de l’accord honteux du 17 mai

Liban : le rôle saoudien dans la conclusion de l’accord honteux du 17 mai

L’accord du 17 mai, qui a été avorté, tentait de légitimer la tutelle d’"Israël" sur le Liban.

Parrainé par l'Arabie saoudite, les États-Unis, et l’entité sioniste, l'accord honteux du 17 mai signé en 1983 a été avorté après 9 mois et 18 jours.

Najah WakimL’ancien député Najah Wakim qui a vécu les pressions aboutissant à cet accord révèle les dessous de cet accord qui a été ratifié par le parlement libanais avant que le gouvernement ne l'annule le 5 mars 1984.

Dans une interview exclusive accordée au site anglais de la chaine AlManar, M. Wakim, qui était alors un membre du Parlement libanais, révèle comment l’ambassade saoudienne et les services de renseignements étrangers ont exercé des pressions sur les députés pour qu’ils approuvent cet accord légitimant la tutelle d’ « Israël » sur le Liban.

Parmi les 72 députés qui ont assisté à la session du parlement, seulement deux députés ont osé dire « Non » à cet accord. Il s’agit des députés Najah Wakim et Zaher Al-Khatib.

 

Le Liban dans la Ligne de mire israélienne

Ariel Sharon ET Bachir GemayelL’ancien député explique que le Liban était- même avant l'invasion israélienne en 1982- dans la ligne de mire des renseignements américano-israéliens dans le but de :

Liquider la résistance palestinienne au Liban

Fonder une classe politique qui collabore avec « Israël » et se soumet à son contrôle

Exercer une grande pression sur ​​la Syrie

Les pressions pour entrainer le Liban à conclure cet accord ont juste débuté après l’invasion du Liban en 1982, rappelle M.Wakim.

Tentative d’annexer le Liban à « Israël »

M.Wakim affirme qu’une simple lecture de cet accord démontre qu’il ne s’agit pas d’un simple accord mais d’une tentative d’annexer le Liban à Israël et de le soumettre à son contrôle.

Citant plusieurs points de cet accord, Wakim souligne que la souveraineté du Liban y a été gravement violée.

Il indique que pour le courant dominant à l'époque, la présence d' « Israël » au Liban était quelque chose d'inévitable.

D’où la planification de mener Bachir Gemayel et Amin Gemayel à la tête de l’Etat.  Et pour ceux qui ne le connaissent pas, le fait de nommer Rafi Hariri Premier ministre fait partie de ce plan.

Pression saoudienne sur les députés

M.Wakim dévoile en outre qu’ « à cette époque, il y a eu plusieurs contacts entre lui et un nombre de députés qui refusaient cet accord, mais des agents de renseignements étrangers ont exercé de grandes pressions sur les députés voire les menacer pour qu’ils approuvent le dit accord ».  

Il a ajouté que « l’Arabie saoudite a joué un rôle primordial dans l'invasion israélienne du Liban, dans l’approbation de l’accord du 17 mai et la préparation de la mise en place de Gemayel à la tête du pouvoir ».

Il a ajouté que « les ambassades saoudiennes ont contacté un nombre de députés libanais ayant des relations avec l'Arabie saoudite en vue de les pousser à ratifier l'accord ».

Dans ce contexte, il raconte : «je me souviens que je suis allé rencontrer l’ancien Premier ministre Saeb Salam, qui entretenait des relations étroites avec l'Arabie saoudite, dans sa maison à Moseitbeh, pour le convaincre de ne pas signer cet accord, mais la décision saoudienne était plus forte que la mienne ».

Les points honteux de l’accord

1-« Un des points de l’accord stipulait de fonder une milice annexée à l’armée libanaise. Cette milice surnommée « les partisans de l’Armée » était censée regrouper l’armée de Saad Haddad ainsi que tous les collaborateurs avec « Israël ».

 Pour ceux qui parlent des armes illégales du Hezbollah, Wakim dit que ce soit les politiciens d’aujourd’hui ou leurs pères, ils «étaient les mêmes personnes enthousiastes à entériner l’accord du 17 mai », a en outre souligné M.Wakim.

 2-La réduction des armes et du nombre des soldats de l'armée. Leur déploiement doit se limiter à 45 Km loin de la frontière avec les territoires palestiniens occupés.

3-L'aviation civile au Liban ou les avions se rendant au Liban, doivent obtenir la permission de l’entité pour survoler les zones libanaises.

M.Wakim regrette : « Personne n’a lu les dessous de cet accord ». Il affirme que « cet accord est plus dangereux que l’accord de Camp David vu qu’il met le Liban sous la tutelle israélienne ».

Rappelons que les accords de Camp David ont été signés par le président égyptien Anouar El Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin le 17 Septembre 1978, après treize jours de négociations secrètes à Camp David, aux États-Unis.

 

Les facteurs aboutissant à l’annulation de l’accord

Parmi les facteurs ayant conduit à l’avortement de l’accord le 5 mars 1984 :

 -Les opérations de la résistance à l’encontre de l’entité sioniste au Sud Liban

 -Les positions fermes et courageuses du président défunt Hafez Assad.

-Ainsi que les positions du leader soviétique Yuri Andropov à l’encontre des projets américano-israéliens et son soutien au choix de la résistance au Liban et en Syrie.

Sayed FadlallahL’encerclement de la banlieue

Il convient de noter qu’après la signature de cet accord, plusieurs protestations ont éclaté, notamment la fameuse protestation dans la mosquée de Bir al-Abed dans la banlieue sud.

Feu Sayyed Mohammad Hussein Fadlallah a appelé les fidèles à faire face à cet accord humiliant.

Le gouvernement libanais a dépêché les troupes de l’armée pour assiéger et bombarder la banlieue. Un des protestataires  Mohammad Najdi est tombé en martyre.

Sur ce point, M.Wakim raconte: « Je me souviens comment le président Amin Gemayel a ordonné le déploiement des chars de l'armée libanaise dans la banlieue sud de Beyrouth et bombardé les citoyens.