Les rebelles libyens seraient-ils en train de perdre la partie??
A coups d'attaques aériennes et terrestres, les forces fidèles au régime libyen avançaient jeudi sur Ras Lanouf, bastion stratégique rebelle le plus avancé sur le front de l'Est forçant les insurgés à fuir.Il y a à peine une semaine, la ville pétrolière était prise par des insurgés euphoriques. Mais ils ont perdu du terrain, cernés progressivement par les forces loyalistes qui ont déversé une pluie de roquettes et d'obus sur l'ouest, le centre puis l'est de Ras Lanouf.
Entassés dans des dizaines de véhicules, des rebelles exténués prennent la fuite, déclarant à plusieurs kilomètres à l'est de la ville, avoir perdu la bataille.
"Nous sommes vaincus. Ils bombardent à coups d'obus et nous fuyons. Cela signifie qu'ils sont en train de reprendre Ras Lanouf", a reconnu un combattant insurgé en treillis.
Au moins quatre personnes ont été tuées jeudi et 35 blessées à Ras Lanouf, selon un responsable d'un hôpital.
Pour les insurgés, pauvres en équipement face à la machine militaire de Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, ce n'était pas vraiment pas leur journée.
Un journaliste de l'AFP demande à un rebelle armé d'une mitraillette s'il comptait partir. "Vous pensez que je peux arrêter des missiles Grad avec ça?" s'exclame-t-il.
Plus loin, quatre tanks des forces loyalistes traversent la route à travers le désert en direction de la cité.
Un jeune combattant, Mahmoud Ibrahim, pleure dans l'un des véhicules en fuite, appelant à l'aide le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron.
"Où est Obama? Où est Cameron? Dites à Obama de nous aider", lance-t-il, avant d'éclater en sanglots.
"Où diable allez-vous? Vous allez mourir inutilement", lance un autre combattant à l'adresse d'un groupe bravant le pilonnage, muni uniquement de leurs Kalachnikovs.
Pour Jaber, le conducteur d'une ambulance, arrêté en bord de route, impossible de revenir pour évacuer les blessés. "Les forces de Kadhafi ont même empêché des ambulances d'aller à Ras Lanouf. Il y a des blessés et nous ne pouvons pas les aider".
Dans un important quartier résidentiel de la ville, au moins quatre roquettes Katioucha se sont abattues près d'un hôpital et d'une mosquée où quelques minutes plus tôt, les rebelles avaient terminé leurs prières.
Des médecins pris de panique fuyaient l'établissement, à pied ou à bord d'ambulances, emmenant des patients avec eux.
Le médecin Mahmoud Zoubi, resté seul dans l'hôpital évacué, se tient près d'un brancard où gît le corps d'un homme ayant perdu son nez et une partie de la tête, entouré d'une flaque de sang.
"La cervelle de cet homme se trouve dans un sac en plastique. Il a été tué à l'extérieur de l'hôpital. Il était l'un des gardes, il a été tué par l'explosion", dit le médecin à l'AFP.
"Kadhafi veut tuer son propre peuple mais nous ne pouvons pas mourir", s'exclame un rebelle, Mahdi Abdoulwahab, au milieu d'un nuage de sable et de fumée.
En haut du minaret, des combattants observent avec des jumelles les avions de chasse et montrent du doigt ce qu'ils disent être des vaisseaux de la marine libyenne bombardant la cité.
"Ils se rapprochent beaucoup trop", crie un insurgé.
A l'intérieur, l'imam encourage les rebelles: "Dieu nous apportera la victoire".
Le numéro un ne cesse d'accuser les rebelles d'appartenir au réseau terroriste d'Al-Qaïda, des accusations rejetées par les combattants.
"Nous ne sommes pas Al-Qaïda, il dit cela pour justifier son génocide", dit Hazim el-Abidi.
Un autre rebelle appelle ses compagnons d'armes à cesser de parler aux journalistes. "S'il vous plaît, arrêtez de divulguer aux journalistes nos secrets militaires. Vous mettez nos vies en danger. Quiconque dispose d'une roquette RPG, qu'il se rende au front!", crie-t-il à travers un haut-parleur.