Bien trop de contentieux à régler pour l’OTAN qui souhaite coûte que coûte sortir avec le moindre mal du bourbier afghan.
Les dirigeants de l'Otan se sont réunis dimanche à Chicago pour discuter de l'épineuse question du retrait militaire d'Afghanistan… Autant dire que l’heure n’était pas à la chansonnette et d’importantes divergences sont apparues au sein de l'Alliance alors que demeurent des doutes sur la capacité de l'armée afghane d'assurer la sécurité du pays.
Il faut dire que pour l’OTAN le dossier afghan n’est plus qu’un vaste enlisement où d’aucuns se plaignent d’une guerre inutile… Pis encore, d’un gouffre financier sans fond… Après une décennie de combats, la situation dans ce pays d’Asie les talibans chassés du pouvoir à Kaboul n'ont pas été vaincus et l'engagement militaire n'a pas fait la preuve de son efficacité.
Une façade bien fragile
Mais de façade, un message d’unité est martelé par le président américian Barack Obama, affirmant à l’ouverture du Congrès où prendront place une cinquantaine de dirigeants, la "détermination" de tous à "achever la mission".
Ce message d'unité a bien été relayé, chacun prenant soin de relativiser l'impact de la décision du nouveau président français, François Hollande, de retirer les troupes combattantes à la fin 2012, soit deux ans avant le terme fixé par l'Otan en 2010.
Et le général américain John Allen, commandant des forces de l'Otan en Afghanistan (Isaf), a affirmé qu’aujourd’hui la priorité de l'Otan est désormais de s'assurer de laisser un Afghanistan stabilisé et dont l'armée soit en mesure de prévenir un retour des talibans au pouvoir.
L’Afghanistan prospère et sur promit au début de l’invasion n’est plus qu’un vague souvenir. à défaut d'être prospère et sûr,
Des désaccords bien ancrés
Pour cela, les alliés doivent mettre leur contentieux de côté. Le premier étant celui du financement des forces de sécurité et dont le coût s’élève à 4.1 milliards de dollars par an à partir de 2015.
Les Etats-Unis devraient y contribuer à hauteur de plus de la moitié et l'Etat afghan pour 500 millions, ce qui laisse environ 1,3 milliard à se répartir entre les autres. Autre point de contentieux, la question de la réouverture des routes pakistanaises aux convois de l'Otan, qui bloque en raison du péage exigé par Islamabad, jugé "inacceptable" par les Etats-Unis.
A ce sujet, le président pakistanais Asif Ali Zardari a été ajouté à la dernière minute à la liste des participants à ce sommet dans un contexte de tensions exacerbées entre Washington et Islamabad. Les Occidentaux reprochent aussi aux Pakistanais d'abriter dans leurs provinces occidentales tribales des insurgés islamistes menant des attaques contre le gouvernement afghan et contre les forces de l'Otan. Le Pakistan lui, dénoncent les frappes illégales de l’Alliance sur son territoire qui non seulement sont pratiquées sans l’aval du gouvernement pakistanais mais de surcroît coûte la vie à de très nombreux civils.
Une cinquantaine de pays sont actuellement présents en Afghanistan (Isaf) avec des moyens très inégaux. 90.000 des 130.000 soldats sont Américains, 9.500 Britanniques et 4.700 Allemands tandis que la Mongolie, Tonga, l'Autriche ou le
Luxembourg ont envoyé quelques dizaines de personnes. Certains pays, comme le Canada ou les Pays-Bas, n'ont plus de forces de combat.
Dans la rue… Ca gronde
En marge du sommet, ils étaient des milliers déterminés à dénoncer les actions meurtrières et illégitimes de l’Alliance.
Ils ont été rejoints par un groupe d'anciens combattants, dont certains en uniforme, qui assuraient marcher en faveur de la paix.
Les militants ont envahi les rues quasiment vides du centre historique, fortement encadrés par des forces de l'ordre à pied, à vélo ou à cheval.
Rassemblés à l'appel d'une pléthore d'associations, ils n'avaient pas été autorisés à s'approcher du centre des congrès au bord du lac Michigan.
La police et les organisateurs des manifestations se sont engagés à tout faire pour éviter les troubles qui avaient marqué les sommets du G20 de Londres et de Toronto ou encore les émeutes qui avaient émaillé la convention du parti
démocrate en 1968 à Chicago.
Mais au cours du rassemblement, des échauffourées ont éclaté entre manifestants anti-Otan et la police dans les rues de Chicago, les forces de l'ordre procédant à des interpellations parfois violentes.
Les arrestations ont eu lieu après que des manifestants eurent jeté des projectiles sur un cordon de police anti-émeute, non loin du centre du colloque.
Des images des télévisions américaines ont montré des policiers équipés de matraques frapper des manifestants. Plusieurs protestataires ont été menottés mais il n'était pas clair dans l'immédiat s'ils ont été effectivement arrêtés.
"Restez, il faut prendre position", ont scandé des manifestants refusant de partir malgré les sommations de la police.