2 québécois sur 3 considèrent cette loi totalement inutile : Elle ne ramènera pas la paix sociale. Tous s’entendent à dire qu’il devient du devoir de tout un chacun de manifester.
Au lendemain d’arrestations massives au Québec, ils étaient des milliers de mécontents bravant une fois de plus l’interdit …
Serrant fermement casseroles, saladiers, boîtes de conserve, poêles à frire, tout était bon à prendre vendredi soir dans les rues de Montréal, malgré la pluie battante pour la loi spéciale du gouvernement québécois.
"La loi spéciale, on s'en câlisse!", scandaient en chœur quelque 2.000 protestataires qui s'étaient retrouvés dans le centre de la ville pour leur trente-et-unième manifestation de nuit consécutive.
Malgré une pluie torrentielle, ces derniers marchaient en tapant sur leurs casseroles, la plupart trempés de la tête aux pieds, suivant un trajet qui n'avait pas été communiqué huit heures à l'avance à la police.
Mais celle-ci n’a pas procédé à des interpellations comme la loi « matraque l’autorisait ».
Et sur les trottoirs, l'ambiance était festive. Des personnes de tous âges applaudissaient au passage du cortège, en grande partie étudiant. Certains dans leur voiture reprenaient à coups de klaxon les airs des slogans, tandis que des familles à leur balcon s'étaient aussi armées d'objets métalliques pour prendre part au tintamarre ambiant. Plusieurs résidents allumaient et éteignaient la lumière de leur salon en signe de soutien aux manifestants.
Cinq heures durant, aux quatre coins de la contrée, le peuple du Québec a démontré une fois encore son obstination: « Le gouvernement va trop loin !!! » … Et tous s’entendent pour dire que « oui, on a peur des arrestations, mais aujourd’hui il relève du devoir de tout un chacun de manifester ».
Les idées fusent pour contourner la loi, et ridiculiser par leurs actions tout aussi loufoques les une que les autres, une politique drastique, très loin des aspirations des québécois.
A ce sujet, un sondage publié vendredi a révélé que deux citoyens sur trois ne pensent pas que la loi spéciale encadrant le droit de manifester puisse rétablir la paix sociale, tandis que la moitié d'entre eux prônent la négociation.
La loi spéciale devant la cours de justice
Le matin même, quelque 140 personnes issues de 25 organisations, groupes et associations avaient déposé deux recours en justice contre la loi spéciale.
"Cette loi ignoble a pour effet de museler, d'écraser, de contrôler et de dominer le mouvement étudiant et d'autres groupes qui souhaitent s'exprimer publiquement", ont-elles précisé dans une déclaration commune.
La première requête déposée vise à bloquer l'application de la loi par la police et pourrait être examinée mercredi, la seconde est une requête en nullité, dont l'examen est attendu début juin, ont précisé les dirigeants étudiants.
Notons que depuis son adoption, plus de 1.000 personnes ont été arrêtées au Québec, mais assez paradoxalement, aucune de ces interpellations n'a été faite en vertu de cette loi mais plutôt en application de règlements municipaux. Ainsi, à Québec, même si la manifestation avait été déclarée illégale mercredi en vertu de la Loi 78, les policiers n’ont pas invoqué cette législation pour interpeller les protestataires, mais bien le Code de la sécurité routière. Ainsi, chacune des personnes interpellées a reçu une amende de 494 $ pour entrave à la voie publique.