Le président Ali Abdallah Saleh s’était engagé jeudi à protéger les protestataires.
Un manifestant a été tué, samedi, et près de 300 blessés, dont 30 par balles, les autres ayant été intoxiqués par les gaz, selon le comité médical formé par les contestataires, qui a accusé les forces de sécurité d'employer des gaz toxiques.
Selon les organisateurs du rassemblement, la police a lancé un assaut à l'aube contre les manifestants qui campent depuis le 21 février sur la place de l'Université à Sanaa, tirant à balles réelles et lançant des grenades lacrymogènes.
En milieu de matinée, les forces de sécurité ont bloqué tous les accès à la place de l'Université, devenue l'épicentre de la contestation contre le président Saleh, alors que des tirs étaient toujours entendus.
Et puis, dans le sud-est du pays, un écolier qui participait samedi à une manifestation contre le régime à Moukalla, a été tué par des tirs de la police, a-t-on appris de sources médicales et auprès de témoins.
Le garçon de 12 ans a été tué alors que la police tirait des balles réelles pour disperser une manifestation de plusieurs centaines d'élèves, débutée dans le quartier de Fowa, selon des témoins.
Des étudiants et écoliers sont descendus samedi dans les rues du Yémen, après un appel à la désobéissance civile dans les écoles.
Entre-temps, un médecin faisant partie du comité médical mis en place par les organisateurs du sit-in à l'université de Sanaa, le docteur Hassan al-Joshaai, a affirmé que les forces de sécurité employaient une forme de gaz innervant contre les manifestants.
"Ce ne sont pas des gaz lacrymogènes, mais des gaz toxiques qui paralysent le système nerveux et l'appareil respiratoire et provoquent des évanouissements", a expliqué ce spécialiste du système nerveux.
Il a affirmé que neuf manifestants avaient été atteints par ces symptômes lors du premier assaut mardi soir, et que les médecins ne savaient pas comment les traiter.
"Nous avons demandé aux autorités de nous fournir le traitement adéquat et nous attendons toujours", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat s'était pourtant engagé dans un discours jeudi à "continuer de protéger" les manifestants, qu'ils soient pour ou contre son régime.
L'assaut de la police contre le campement est intervenu après que des manifestants ont étendu pendant la nuit leur camp de toile à plusieurs rues proches de la place de l'Université, dépassant les blocs de béton installés par la police pour marquer la limite autorisée au sit-in.
Déjà dans la nuit de mardi à mercredi, la police avait attaqué le campement, et un étudiant avait été tué.
Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, est la cible d'une contestation populaire depuis la fin janvier qui a déjà fait une trentaine de morts.