"C’est historique parce que c’était l’un des outils de l’Etat policier de Moubarak, malheureusement cela ne mettra pas fin à la majorité des graves violations dont nous avons été témoins ces derniers 18 mois...
L'armée égyptienne, au pouvoir depuis la chute du régime de Hosni Moubarak l'an dernier, a annoncé jeudi la fin de l'état d'urgence imposé depuis 1981, à la satisfaction des défenseurs des droits de l'Homme qui réclamaient sa levée avec insistance.
La loi sur l'état d'urgence, restreignait les libertés publiques, donnait des pouvoirs élargis à la police en matière d'arrestation et de détention, et permettait le renvoi devant des tribunaux d'exception.
Cependant que doit-on comprendre par cette déclaration de l’armée qui promet qu’elle "continuera à assumer la responsabilité nationale de protéger la sécurité de la nation et des citoyens, compte tenu de la fin de l'état d'urgence et conformément à la déclaration constitutionnelle et à la loi".
L'armée jouera ce rôle jusqu'à la remise du pouvoir à un président élu d'ici la fin juin, a ajouté la junte militaire dans ce communiqué publié par l'agence officielle Mena.
La loi d’exception avait été imposée après l'assassinat en 1981, du président du rapprochement avec les sionistes, Anouar al-Sadate, par des islamistes, puis reconduite sans discontinuer, pour la dernière fois en 2010 pour deux ans, jusqu'au 31 mai 2012.
L'armée avait d'abord étendu le champ d'application de la loi pour inclure les grèves et la "diffusion de fausses rumeurs", avant de la lever partiellement en janvier à l'occasion de l'anniversaire du début de la "révolution". Elle n'était depuis applicable qu'aux "voyous".
La nouvelle avait été accueillie avec réserve par les ONG de défense des droits de l'Homme, pour qui la décision laissait encore place aux abus.
La levée de cette législation qui symbolise la répression et l'arbitraire de l'ancien régime est l'une des principales revendications des mouvements de jeunes militants pro-démocratie qui ont lancé la révolte en 2011.
La loi a permis l'arrestation et l'emprisonnement de milliers d'Egyptiens sans charges et pour des duréesindéterminées ces dernières décennies.
Mais depuis leur arrivée au pouvoir, les militaires ont eux-mêmes été très critiqués pour avoir jugé des milliers de civils devant la justice militaire, sans possibilité de recours.
"C'est historique parce que l'état d'urgence était l'un des outils de l'Etat policier de Moubarak", a affirmé une militante de l'ONG Human Rights Watch.
"Malheureusement cela ne mettra pas fin à la majorité des graves violations dont nous avons été témoins ces derniers 18 mois, parce qu'elles ont été commises par l'armée et légitimées par les tribunaux militaires", a-t-elle estimé.