Des miliciens prennent d’assaut quelques heures l’aéroport de Tripoli alors que de prétendus mercenaires russes et ukrainiens écopent de lourdes peines de prisons.
Dans ce qui semble être la continuité des troubles liés à la colère des ex-rebelles contre la gouvernance lybienne, lundi, l'aéroport de Tripoli a été prit d’assaut par un groupe armé, bloquant ainsi le trafic aérien, pour dénoncer le mystérieux "enlèvement" de leur chef, avant que les autorités ne parviennent à les chasser et à reprendre le contrôle de la situation.
Dans l'après-midi, des dizaines d'hommes armés de la brigade Al-Awfya de la ville de Tarhouna, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Tripoli, sont entrés sur le tarmac à bord de véhicules militaires et au moins un char, empêchant tout avion de décoller ou d'atterrir.
D'après l'agence officielle Lana, les assaillants voulaient faire pression sur le gouvernement pour élucider l'affaire du rapt de leur chef Abouajila Al-Habchi.
Des chefs de tribus sont ensuite arrivés pour négocier avec les assaillants, tandis que peu après, des dizaines de véhicules armés d'ex-rebelles de Tripoli se sont positionnés dans l'aéroport, augmentant la pression d'un cran sur les miliciens.
Ces violences interviennent au moment où le nouveau régime tente de convaincre la population et la communauté internationale de sa capacité à assurer la sécurité dans le pays à la veille des élections d'une constituante.
Parallèlement, un tribunal militaire libyen a condamné lundi à 10 ans de prison, avec travaux forcés, 19 Ukrainiens, trois Bélarusses et un Russe, accusés d'avoir été des « mercenaires » de Mouammar Kadhafi, et à la prison à perpétuité un Russe considéré comme le coordinateur du groupe.
Les 24 hommes, qui ont rejeté les accusations en affirmant être venus en Libye pour travailler dans le secteur pétrolier, sont accusés d'avoir préparé des lance-missiles sol-air pour viser des avions de l'Otan pendant le conflit qui a provoqué la chute puis la mort de l'ex-dirigeant libyen en 2011.
Les ambassadeurs ukrainien et bélarusse présents lors de l'annonce du verdict l'ont qualifié de "lourd" et ont annoncé que les condamnés feraient appel.
Avant le début de l'audience, l'ambassadeur bélarusse, Anatoly Stepus, a répété que les 24 hommes étaient venus travailler pour une société pétrolière mixte libyo-russe.
Mais après l'annonce du verdict, son homologue ukrainien, Mykola Nahornyi, a déclaré que les accusés avaient été contraints de travailler avec le régime de Kadhafi "sous la menace des armes".
"Ceci est inscrit dans leur dossier", a-t-il dit, sans expliquer pourquoi ces hommes étaient venus en Libye.
De plus, les lance-missiles "ne visaient pas les Libyens mais les avions de l'Otan et des pays occidentaux et ces derniers n'ont pas porté plainte", a-t-il relevé, précisant qu'à sa connaissance, "aucun missile" n'avait été tiré. Depuis leur arrestation à la chute de Tripoli fin août 2011, ils sont détenus dans le QG d'une brigade d'anciens combattants rebelles dans la capitale libyenne. Ils ont été jugés comme "mercenaires", dans la mesure où ils sont venus en Libye de leur propre initiative, sans le soutien de leurs pays, selon les autorités libyennes.
Selon l'ambassade d'Ukraine à Tripoli, les 24 hommes sont arrivés en Libye à l'été 2011. A cette époque, le conflit entre rebelles et pro-Kadhafi faisait rage et l'activité pétrolière était quasiment à l'arrêt en raison du départ des compagnies étrangères et de l'embargo imposé par les pays occidentaux.