L’insurection libyenne régresse sur le terrain alors que la menace d’une zone d’exclusion s’avère de plus en plus être verbale.
Dimanche, les loyalistes continuaient à avancer vers l'Est le long de la côte libyenne, repoussant davantage les rebelles, à coups de bombes, roquettes et mortiers.
Des dizaines d'insurgés se retiraient de Brega après de violents bombardements des forces du régime aux portes de cette ville de l'Est, prenant la fuite à bord de véhicules en direction d'Ajdabiya, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Les forces loyales au régime de Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle du village al-Bicher, entre la ville Al-Uqaila et Brega, et avançaient vers cette dernière ville située à 80 km à l'ouest d'Ajdabiya, ont indiqué les rebelles à l'AFP. Mais quelques poches de résistance s'opposaient aux loyalistes près d'al-Bicher.
Aux cris de "Allah O Akbar", les insurgés, la plupart âgés d'une vingtaine d'années, qui étaient postés aux portes de Brega, ont pris la fuite à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes de la DCA en direction de la ville d'Ajdabiya, sur la route côtière.
La veille, les insurgés avaient fui Al-Uqaila, tombée aux mains des pro-Kadhafi, vers Brega.
L'aviation des forces fidèles au régime n'est pas intervenue à Brega mais les insurgés tiraient dans leur retraite des tirs de DCA.
Aucune information n'a pu être obtenue sur d'éventuelles victimes.
La ligne de front s'est déplacée ainsi davantage vers l'Est alors que les villes tenues par les rebelles tombent l'une après l'autre aux mains des troupes du régime qui sont désormais à 240 km de Benghazi, siège de l'opposition dans la région pétrolifère orientale. Ce dimanche, toutes les communications des téléphones portables étaient coupées dans cette ville.
Alors que l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, a promis "une guerre jusqu'au bout", affirmant que les forces gouvernementales avaient déjà repris "90% du pays", la Ligue arabe réunie au Caire, a estimé samedi que le régime libyen avait "perdu sa légitimité" et a appelé l'ONU à autoriser une zone d'exclusion aérienne pour protéger le peuple de Libye.
Lundi et mardi, cette question sera au cœur des concertations des ministres des Affaires étrangères du G8, qui devraient se réunir à Paris.
L'UNANIMITE SUR LA ZONE D'EXCLUSION FAIT DEFAUT
Après plusieurs réunions entre Occidentaux à l'Union européenne et l'Otan qui n'ont pas permis de trancher la question, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et ses homologues européens pourront se concerter avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont la position reste également floue.
A l'exception de la Chine, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU seront ainsi tous présents à Paris, ainsi que l'Italie, acteur clé de la crise, l'Allemagne, le Canada et le Japon.
Jusqu'à présent, les Européens, divisés entre eux, sont hésitants à prendre une telle mesure, même s'ils ont souligné la possibilité d'utiliser "toutes les options" contre Mouammar Kadhafi, qui reste sourd aux appels à arrêter la répression et à quitter le pouvoir.
Aucune mention d'une zone d'exclusion aérienne n'a été faite dans la déclaration finale du sommet européen vendredi à Bruxelles contrairement aux voeux de Paris et Londres, qui ont aussi évoqué l'idée de frappes "ciblées" en cas de bombardements contre la population ou d'utilisation d'armes chimiques.
Mais nombre de leurs partenaires, Allemagne en tête, se sont montrés nettement plus réservés, redoutant d'être pris dans un engrenage militaire.
Réunis en Hongrie samedi, les ministres des Affaires étrangères des 27 sont restés tout aussi prudents face à une quelconque action militaire, considérée comme un dernier recours.
En tout état de cause, l'UE et les Etats-Unis insistent sur la nécessité d'un mandat de l'ONU en vue d'une telle mesure.
La mise en place d'une telle opération nécessite, selon certains experts, des centaines d'avions pour interdire le survol d'un territoire de près de 1,8 million de km2 et empêcher l'aviation libyenne de bombarder la population.
Le ministre américain de la Défense Robert Gates a déclaré samedi que les Etats-Unis et leurs alliés avaient la capacité d'imposer cette zone mais que la question était "de savoir s'il est sage de le faire, et la discussion est en cours au niveau politique".
Côté russe, la position n'est guère plus définie. Tout en s'opposant à toute ingérence étrangère, Moscou, qui a fini par voter fin février une résolution de l'ONU imposant des sanctions au régime du colonel Kadhafi, s'est dit prêt à examiner les plans visant à imposer une zone d'exclusion aérienne.