25-11-2024 05:25 AM Jerusalem Timing

Bahreïn: pouvoir et opposition campent sur leurs positions

Bahreïn: pouvoir et opposition campent sur leurs positions

Cette analyse de la situation au Bahreïn a été faite par l’AFP. Quoiqu’elle ne reflète pas notre point de vue de la situation, nous avons estimé bon de la diffuser.

Un mois après le début de la contestation du régime à Bahreïn, les manifestants, en majorité chiites, et la famille royale sunnite semblent peu disposés à des concessions pour sortir le petit royaume du Golfe de sa crise politique.
  
"Je pense qu'il y a une impasse", estime Salman Shaikh, directeur du Brookings Doha Center. "Les parties, d'après ce que je constate, restent sur des positions éloignées".
  
Les manifestations ont commencé le 14 février dans le sillage des révoltes tunisienne et égyptienne qui ont emporté les présidents des deux pays.
  
A Bahreïn, petit archipel stratégique qui accueille le Ve Flotte américaine, la situation est compliquée par la disparité des demandes entre l'opposition qui veut des réformes politiques et les manifestants qui n'hésitent pas à demander la chute de la monarchie des Al-Khalifa.
  
Le principal courant de l'opposition, conduit par le Wefaq chiite, ne va pas aussi loin que les manifestants, même s'il réclame des réformes profondes qui conduiraient à l'établissement d'une réelle monarchie constitutionnelle.
  
En marge, trois organisations radicales, Wafa, Haq et le Mouvement pour la liberté de Bahreïn, ont formé une "coalition pour une République de Bahreïn".
  
Les marches quasi-quotidiennes sont dominées par des slogans hostiles à la monarchie en place depuis plus de 200 ans, même si certains penchent pour une monarchie de type britannique où le roi règne mais ne gouverne pas.
  
Sur le papier, Bahreïn est une monarchie constitutionnelle comme le stipule la Constitution de 2002 mais la famille royale détient l'essentiel du pouvoir.
  
Sept manifestants ont été tués au début de la contestation. Depuis, les forces de l'ordre se retiennent de recourir à la force et font uniquement usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, comme dimanche place de la Perle et devant le district financier de Manama.
  
Le gouvernement a pris des décisions économiques et sociales pour calmer les manifestants, mais l'opposition a estimé ces initiatives inadéquates.
  
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a estimé samedi, après une visite à Manama, que le régime devrait adopter rapidement des réformes importantes sous peine de voir l'Iran chiite intervenir.
  
Washington soupçonne Téhéran de pousser les opposants chiites à ne pas  engager de dialogue avec les dirigeants de Bahreïn.
  
Le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa a été chargé d'entamer le dialogue avec les opposants mais le Wefaq y a posé des conditions, dont la démission du gouvernement.
  
M. Gates a expliqué qu'il était venu encourager les dirigeants de Bahreïn à prendre "des mesures de grande ampleur".
  
"J'ai dit au roi et au prince héritier que je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir un retour à la situation d'avant dans la région (...). L'heure est au changement, et il peut être mené ou imposé", a-t-il déclaré.
  
Les dirigeants de Bahreïn ont promis un programme de logements de 5,32 milliards de dollars et de recruter 20.000 personnes au ministère de l'Intérieur. Le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a également remanié le gouvernement et ordonné la libération d'activistes chiites qui étaient poursuivis pour terrorisme.
   "Trop peu, trop tard", ont estimé des militants à propos de ces mesures.
  
La crainte de violences confessionnelles dans ce pays majoritairement chiite s'est par ailleurs faite jour après des heurts le 3 mars entre jeunes sunnites et jeunes chiites.
  
"Je pense qu'il y a risque" de conflit confessionnel, a estimé M. Shaikh alors que les manifestants continuaient de camper sur la place de la Perle, épicentre de la contestation à Manama.
  
"On ne bougera pas jusqu'à la victoire", a assuré Zainab, une étudiante de 18 ans.