De retour chez eux, les dirigeants du camp du 14 mars devraient tirer les leçons de la médiocrité de la participation à cette cérémonie, avant qu’il ne soit trop tard.
En cette septième commémoration de la Révolution du Cèdres, on est certes bien loin du chiffre des un million, ou un million et demi de manifestants qui étaient descendus à la place des martyrs le 14 mars 2005, un mois jour pour jour après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Jour qui donna son nom au camp de ceux qui l’on célébré, en érosion depuis !!
Des dizaines de milliers, a avancé l’AFP, entre 60 et 70 milles, a précisé une source militaire libanaise à la chaîne qatarie AlJazira, ont seulement répondu à l’appel des subsistants du camp du 14 mars.
Signe que c’est mauvais signe !!
La participation est certes bien médiocre en comparaison avec les moyens de mobilisation déployés dans toutes les régions libanaises, pour inciter à la participation. Comme s’il s’agissait d’une échéance électorale, avec toutes les générosités qui vont avec. En effet, le courant du Futur s’est remis à distribuer de grosses sommes d’argent, voire des billets d’avion aux libanais immigrés pour les rapatrier, le temps de la cérémonie.
D’autant plus que cette année, un slogan gravissime est mis à l’œuvre : « non à la tutelle de l’armement » en allusion à l’armement de la résistance.
Ce mot d’ordre est devenu thème-clé favori depuis la chute du cabinet de Saad Hariri, lequel avait perdu la majorité parlementaire en raison de la défection du bloc de Walid Joumblatt. Celui-ci soutenait, contrairement à Hariri, l’initiative syro-saoudienne pour amortir les effets du TSL qui, selon des médias occidentaux, veut imputer au Hezbollah la responsabilité de l’assassinat de Hariri.
À la place des martyrs, l’absence de Joumblatt, la première depuis six années, ne pouvait être que fracassante, rappelant le moment fatidique pendant lequel il a choisi de renoncer à Saad Hariri (c’est aussi la première fois qu’il le fait avec les Hariri) et de nommer Najib Mikati comme Premier ministre.
Fut un peu moins remarquable, quoiqu’aussi importante l’absence, également pour la première fois, de la « Jamaa Islamiyya », parti sunnite d’obédience islamique, pourtant allié du Futur. Il a expliqué sa décision par le fait « qu’il ne peut partager une campagne contre l’armement de la résistance qui donné au Liban sa dignité et sa souveraineté ».
Raison est-il qu’il fallait pour les subsistants du camp du 14 mars, en ce 13 mars (et non 14) 2011, faire les bouchées doubles. Question de pallier à ces défections, trois en six années, la première ayant été celle du Courant patriotique libre, le premier représentant des Chrétiens au Liban.
Dès les premiers instants, en prenant place sur le podium pour prononcer son discours, Saad Hariri voulait bien donner cette impression : il ôta sa veste, (dans un geste qui ne manque pas d’une certaine crânerie qui ne l’a pourtant jamais caractérisé), puis sa cravate, pour ensuite retrousser les manches de sa chemise en disant : « les jeunes libanais veulent respirer ! »
Bien entendu, le bannissent de l’armement fut le cordon ombilical entre son allocution et celles des huit dirigeants qui l’ont précédé, Geagea, Gemayyel compris :
« il n’y pas de liberté pour un peuple dont l’Etat, la constitution, la sécurité et l’économie sont soumis à la menace de l’armement et celui qui le porte », a-t-il hurlé devant une foule excitée qui ne cessait de scander : « Le peuple veut faire tomber les armes ».
(Ces termes-ci rappellent curieusement la rhétorique des révoltes arabes, quand bien mêmes celles-ci ont renversé des régimes, fervents alliés du camp du 14 mars, dont celui de Moubarak et qui durant la dernière année de son règne avait accueilli dans son palais tous les dirigeants du camp du 14 mars ! signe du taux d’hypocrisie de ce camp).
Ce que Hariri a encore dit sur cet armement : « ce que le camp du 14 mars voudrait c’est que la détention de l’armement soit une exclusivité de l’état, qu’il n’y ait pas de citoyen de premier degré car il détient l’armement, un état où il y a une seule armée face à Israël ».
En passant, il n’a pas manqué de vilipender, sans le nommer, le chef du parlement Nabih Berri : « l’impossible est que l’un d’eux reste vingt ans au pouvoir, et nous donne des leçons sur le relai du pouvoir, parce qu’à chaque fois que l’un d’eux envisage de se porter candidat contre lui, l’armement est alors brandi dans les rues et les toits ». Sachant qu’une scène pareille n’a jamais eu lieu !!
Et de fustiger Walid Joumblatt, sans le nommer non plus : « l’impossible est qu’un député s’engage à préserver le TSL et puisse dire qu’il a été contraint à changer d’avis à cause de l’armement ».
La réponse à une telle assertion reviendrait au chef du PSP. Personne ne sait comment il se justifie devant lui en catimini. En public, Joumblatt s’est littéralement démarqué de ce camp, l’accusant de racisme, de confessionnalisme, de vouloir plonger le Liban malgré lui dans « une guerre de civilisations ». Son passé politique avec les nouveaux alliés du courant du Futur, en l’occurrence les Forces libanaises et les Kataëb montre qu’il ne les a jamais pris en confiance.
Et Hariri termine sa complainte, pour les cas plus généraux : « l’impossible est qu’à chaque fois que quelqu’un leur dise quelque chose, il le taxe de traître israélien ». Il est vrai que les réelles intentions des Kataëb et les FL sont bel et bien pressenties, compte tenu surtout de leur passé commun avec l’ennemi sioniste et des affinités aussi bien culturelles que politiques qui les unissent ave lui.
En passant aussi, le chef du Futur ne s’est pas abstenu de commenter la contre- campagne de la résistance et dont le slogan « Israël aussi veut la chute de l’armement », a été médiatisé ces derniers jours sur les panneaux publicitaires des principales villes libanaises, aux côtés de ses formules : « non au diktat de l’armement », « non à l’oppression », et « non aux assassinats ».
« Oui Israël aussi veut aussi la chute de l’armement » a-t-il approuvé, « mais il voudrait que cet armement soit pointé vers Beyrouth, la Montagne, Eïn Remmaneh, Tripoli et Akkar. Il voudrait qu’il sombre dans la corruption, l’interdit et la délinquance ; il voudrait qu’il tombe du sommet de la défense du Liban vers les méandres de son utilisation contre l’intérieur », s’efforce de dire Hariri qui peine pour que sa campagne ne paraisse pas rejoindre les objectifs israéliens, surtout qu’une bonne partie de la communauté sunnite libanaise soutient l’armement de la résistance.
Selon lui, seulement lorsque cet armement sera entre les mains de l’armée libanaise qu’il évitera sa chute!!
Bien entendu, Hariri n’explique pas pourquoi les différents cabinets libanais n’ont jamais été capables d’équiper l’armée libanaise pour être à la hauteur d’un affront contre l’entité sioniste, ni les raisons pour lesquels cette armée a toujours été incapable de défendre le Liban, ni les raisons de la création de la résistance au Liban !!
Et il ne faut pas s’attendre à ce qu’il le fasse. Car ceci n'est point son souci!
Une chose est sure : son va-t’en guerre contre l’armement de la résistance, du fait qu'il coïncide avec la chute de son cabinet, est uniquement due au fait qu’il n’est plus au pouvoir.
« L’armement de la résistance contre le pouvoir » voudrait-il imposer comme nouvelle équation pour la phase à venir.
Il devrait se méfier de son efficacité...
Compte tenu du spectacle médiocre de ce 13 mars 2011 , il y a beaucoup de raisons de croire qu’il court de forts risques d'être longtemps écarté !!