Pour nombre de tunisiens, simple citoyen, politicien, religieux, les œuvres présentées au « Printemps des Arts de la Marsa » sont humiliantes, contraires aux valeurs du sacré.
Le Printemps des Arts de La Marsa, la plus grande manifestation d'arts plastiques en Tunisie a engendré un vent de colère auprès des religieux tunisiens. En effet, du 2 au 10 Juin, les visiteurs sont passés devant bon nombre d’œuvre très « humiliantes pour l’Islam » selon les propos des protestaires.
Les oeuvres incriminées sont notamment une toile de l'artiste Mohamed Ben Slama représentant une femme quasi nue avec en arrière plan des hommes barbus.
Une autre oeuvre litigieuse montre le visage d'un salafiste en colère, façon bande dessinée.
Résultat, depuis dimanche, la tension est à son comble parmi les croyants de Tunisie. Lors de la dernière journée, un huissier de justice a réclamé le décrochage de celles-ci.
Dans la même soirée, un groupe d'inconnus s'est introduit dans le palais Abdellia et a détruit des oeuvres.
Ensuite, lundi soir, des violences ont éclaté dans plusieurs villes tunisiennes et des groupes salafistes ont appelé à manifester Les affrontements ont fait une centaine de blessés dont 65, a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khaled Tarrouche lors d'une conférence de presse.
Par ailleurs, un total de 165 personnes ont été arrêtées. Auparavant, une source du ministère de la Santé avait indiqué que plus d'une centaine de personnes, gardes nationaux et civils confondus, ont été blessées et hospitalisées.
Bilan des courses, un couvre-feu nocturne de 21H00 à 05H00 du matin a été décrété mardi pour huit régions tunisiennes. Sont le "Grand Tunis" (qui comporte quatre gouvernorats) et les gouvernorats de Sousse (est), Monastir (est), Jendouba (nord-ouest), et Medenine (sud), selon un communiqué des ministères de la Défense et de l'Intérieur.
Dans la même journée, le ministre tunisien de la Culture Mehdi Mabrouk a annoncé mardi qu'il allait porter plainte contre les organisateurs de l'exposition "Printemps des Arts pour « atteinte aux valeurs du sacré » en accusant les organisateurs "de n'avoir pas respecté leurs engagements moraux et juridiques".