24-11-2024 03:31 PM Jerusalem Timing

Perpétuité pour Ben Ali pour des homicides en 2011, d’ex policiers blanchis

Perpétuité pour Ben Ali pour des homicides en 2011, d’ex policiers blanchis

Et des familles de victimes qui crient vengeance. Comme un véritable château de carte, les dictateurs d’antan se retrouvent un à un sous le coup de la justice jugée trop laxiste pour les uns ou trop dures pour les autres…

Ben AliAprès le président égyptien déchu Hosni Moubarak, un tribunal militaire tunisien vient de prononcé sa sentence contre l'ex président Ben Ali à perpétuité pour son rôle dans la sanglante répression à Thala et Kasserine en janvier 2011.   Des peines de prison allant de 8 à 15 ans de prison ont été prononcées contre d'autres accusés, poursuivis pour homicides volontaires ou complicité.

Mais le tribunal a aussi prononcé dix non-lieux, au désespoir des familles de victimes présentes à l'audience.   Le verdict de cette affaire extrêmement sensible, jugée depuis six mois devant le tribunal militaire du Kef (ouest) était attendu depuis des semaines et intervient dans un contexte extrêmement tendu en Tunisie, où huit régions sont sous couvre-feu après une flambée de violences lundi et mardi. 

Tout comme pour Moubarak, la peine capitale avait été requise le 23 mai contre le président déchu, réfugié en Arabie Saoudite et poursuivi avec 22 anciens responsables de son régime pour la mort de 22 personnes, tuées entre le 8 et le 12 janvier 2011 au plus fort de la répression du soulèvement populaire qui a fait tomber Ben Ali. Tout au long du procès, aucun des prévenus n'a reconnu avoir donné l'ordre de tirer sur les manifestants.

Chacun a renvoyé la responsabilité à une "cellule sécuritaire de suivi" ou à "la salle d'opération" du ministère de l'Intérieur, sans jamais mentionner de noms.  

Dans une autre affaire jugée mercredi à l'aube, le tribunal militaire de Tunis a condamné Ben Ali par contumace à 20 ans de prison pour "incitation au désordre, meurtres et pillages sur le territoire tunisien".

Ce dossier concernait la mort de quatre jeunes tués par balles à Ouardanine (est) à la mi-janvier, lors du chaos qui a suivi la fuite du président tunisien en Arabie Saoudite. A peine la sentence prononcée, les familles ont crié  "Vengeance! vengeance!" ont crié les familles, contraignant le président du tribunal à interrompre le prononcé de son jugement.

"Le juge aurait dû prononcer la peine de mort pour tous les accusés!" a réagi pour sa part Wasfi Seihi, le cousin de Wajdi, un jeune tué à Thala. Surtout que deux anciens piliers des forces de l'ordre", particulièrement honnis par les familles des victimes, font parti des bénéficiaires de non-lieux.   Il s'agit de Moncef Krifa, ex directeur général du ministère de l'Intérieur, principal outil de répression du régime Ben Ali, et de Moncef Laajimi, ex patron des BOP (brigades anti-émeutes).   Ces prévenus ont comparu libres pendant le procès, au grand dam des familles qui les ont accusés d'être directement à l'origine des tirs meurtriers.