25-11-2024 03:46 PM Jerusalem Timing

Egypte: les Frères à la présidence, la junte s’accapare du législatif

Egypte: les Frères à la présidence, la junte s’accapare du législatif

Le futur président disposera d’une marge de manoeuvre très réduite face à la junte qui s’est attribuée de vastes prérogatives peu avant la fermeture des bureaux de vote dimanche soir.

Mohammad MorsiLes Frères musulmans ont revendiqué lundi la victoire de leur candidat Mohammad Morsi à l'élection présidentielle en Egypte.

"Le docteur Mohammad Morsi est le premier président de la république élu par le peuple", a affirmé sur son compte Twitter le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, présidé par M. Morsi.

Sa campagne a ensuite annoncé que M. Morsi avait obtenu 52% des voix contre 48% pour son rival Ahmad Chafiq.

Le camp Chafiq conteste

Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp de Chafiq, un ancien Premier ministre de Moubarak considéré comme le candidat de l'armée.

"Nous la rejetons totalement" a déclaré à la presse un responsable de sa campagne, Mahmoud Barakeh.

"Nous sommes étonnés par ce comportement bizarre qui revient à détourner le résultat de l'élection", a-t-il ajouté.

Un autre responsable de la campagne Mahmoud Farrag, a affirmé que M. Chafiq avaient recueilli 51,6% des voix selon des résultats partiels en provenance des bureaux de vote.

Il est à noter que les résultats officiels doivent être annoncés jeudi par la Commission électorale.

Morsi promet de servir tous les Egyptiens

Après l'annonce de sa victoire, M. Morsi a remercié lors d'une allocution dans son QG ceux qui ont voté pour lui et s'est engagé à travailler "main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix".

Il a aussi promis de "servir tous les Egyptiens" quelles que soient leur obédiences politiques ou religieuses.

Peu après l'allocution de M. Morsi, des centaines de ses supporteurs ont afflué sur l'emblématique place Tahrir, épicentre de la contestation qui a chassé Moubarak du pouvoir, pour fêter la "victoire" de leur candidat.

La junte s’accapare du législatif

Egypte/CSFACependant, le futur président disposera d'une marge de manoeuvre très réduite face à la junte aux commandes du pays depuis la chute de Moubarak qui s'est attribuée de vastes prérogatives peu avant la fermeture des bureaux de vote dimanche soir.  

La junte s'est formellement attribuée le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement et a conditionné la tenue de ce scrutin à l'adoption préalable d'une Constitution par référendum.

Ces mesures sont contenues dans une Déclaration constitutionnelle complémentaire publiée dimanche soir par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir en Egypte depuis la chute de Moubarak en février 2011.

Nouvelle constitution: Droit de veto du CSFA

La rédaction de la nouvelle constitution sera confiée à une "commission constitutionnelle représentant tous les segments de la société" et qui disposera de trois mois pour terminer ses travaux, ajoute le texte. Le CSFA s'accorde en outre un droit de veto sur tout article qu'il estime "contraire aux intérêts suprêmes du pays".

Le texte donne également le droit au CSFA de former une nouvelle commission constitutionnelle si l'instance actuelle, dominée par les islamiques, "est empêchée d'accomplir son travail".

Les militaires laissent ainsi planer la menace d'invalider la commission actuelle, élue la semaine dernière par les deux chambres du Parlement avant la dissolution de la chambre des députés.

Rappelons que la chambre des députés, dominée par les Frères musulmans, a été officiellement dissoute samedi en application d'un arrêt de la Haute cour constitutionnelle selon lequel un vice juridique dans la loi électorale rendait sa composition actuelle "illégale". Cette décision a été qualifiée de coup d’état mené par le Conseil militaire.

Par ailleurs, la Déclaration constitutionnelle complémentaire stipule aussi que le CSFA du maréchal Hussein Tantaoui "dans sa composition actuelle, a pouvoir de décision pour tout ce qui relève des forces armées, la nomination de ses commandants et la prolongation de leur service".

Le chef du CSFA "aura, jusqu'à l'adoption d'une nouvelle constitution, tous les pouvoir prévus par la loi dont jouit le commandant général des forces armées et ministre de la Défense".