Nombres de pays n’y croient plus… « Les européens n’ont pas d’ambition, c’est d’abord à eux de régler la crise » BRICS.
Les dirigeants du G20 ont cherché lundi à Los Cabos (Mexique) à ramener un peu de confiance dans l'économie, face à des marchés toujours sceptiques, en assurant que tout serait mis en oeuvre pour retrouver croissance et stabilité avec l'aide du FMI.
Le contexte était difficile car les places financières, d'abord soulagées par une victoire électorale de la droite en Grèce qui devrait permettre de former un gouvernement de coalition pro-européen, ont renoué lundi avec le pessimisme, prenant l'Espagne pour cible. Face à ce "regain de tension sur les marchés", les dirigeants des pays de la zone euro membres du G20 se disent prêts à prendre "toutes les mesures nécessaires pour maintenir l'intégrité et la stabilité" de leur zone, selon le projet de déclaration finale de ce sommet du G20.
Les dirigeants de ce club de pays riches et émergents qui pèse près de 90% du PIB mondial s'engagent "à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la croissance mondiale et restaurer la confiance", indique encore le G20.
Plusieurs pays n'ont toutefois pas été convaincus, se disant déçus du manque d'ambition des Européens. Les dirigeants des pays émergents du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont "regretté l'absence de mesures concrètes" qui calment la crise de la dette en zone euro, a rapporté un porte-parole de la présidence russe. A ce sujet, les puissances émergentes des BRICS qui disent ouvertement que c'est d'abord aux Européens de régler leurs problèmes ont posé lundi leurs conditions avant de verser plus d'argent au Fonds monétaire international, en marge d'un sommet du G20 à Los Cabos (Mexique).
Le FMI, perçu comme la ligne de défense la plus crédible contre la contagion de la crise en zone euro, devra attendre avant de toucher les contributions de ces cinq pays.
En effet, les BRICS posent deux préalables: que le FMI soit à court d'argent, et qu'il ait mis en oeuvre une réforme de 2010 accroissant notamment les droits de vote de ces pays émergents.
L'engagement est pris "étant entendu qu'il ne sera fait appel à ces ressources qu'une fois que les ressources déjà existantes, y compris les Nouveaux accords d'emprunt, auront été substantiellement employées", lit-on dans le communiqué du groupe.
Les Nouveaux accords d'emprunt sont un cadre dans lequel près d'une quarantaine d'Etats membres contribuent déjà aux ressources du FMI, et dans lequel il reste de l'argent à piocher.
Concernant le volet des réformes, depuis 2010, le FMI n’a toujours pas mis en application une loi qui doit permettre aux économies à la plus forte croissance d'avoir au sein de l'institution un rang plus conforme à la taille de leur économie. En effet, une nouvelle fois en lumière l'incapacité des Etats-Unis à ratifier cette fameuse réforme.
Depuis que le FMI s'est lancé en décembre dans une collecte d'argent frais, les pays émergents ont insisté pour que cet argent suive, et non précède, de profondes réformes en Europe.
Cette collecte a permis d'amasser plus de 430 milliards de dollars promis par la zone euro et d'une vingtaine d'autres pays, pour garnir les coffres du Fonds dans un contexte de crise.
Selon le dernier point hebdomadaire sur ses finances, l'institution peut encore engager 380 milliards de dollars pour ses Etats membres. La somme, si elle est importante, n'assure pas de pouvoir faire face à toutes les éventualités à un moment où la crise de la dette en zone euro s'aggrave encore.
Contre attaque, cela fait plusieurs sommets du G20 que les dirigeants européens sont sous la pression de leurs partenaires. Les Etats-Unis les ont à maintes reprises encouragés à en faire plus pour sortir de la crise, redoutant les conséquences pour leur propre croissance, alors que le président Barack Obama joue sa réélection en novembre. Mais les dirigeants de la zone euro ont de leur côté cherché à éviter d'apparaître comme les seuls fautifs face au marasme économique mondial.
"Franchement, nous ne sommes pas ici pour recevoir des leçons en termes de démocratie ou sur la façon de gérer l'économie", a affirmé devant la presse le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
Il a remarqué au passage que "tous les pays du G20 ne sont pas des démocraties". "Nous ne sommes pas les seuls à être responsables des problèmes économiques actuels dans le monde", a renchéri M. Van Rompuy.