Amnesty au service de l’Otan... l’action humaine au service de la guerre.. en catimini
Le Point publie un entretien avec Donatella Rovera, une « chercheuse » affilée à Amnesty International, qui s’est rendue clandestinement en Syrie pour enquêter, précise-t-elle, dans 23 villes et villages. De ce voyage elle a tiré un rapport à charge de 70 pages contre le gouvernement, reprenant les habituelles accusations de tueries et de tortures, notamment d’enfants, regroupées sous l’appellation contrôlée et usuelle « crimes contre l’humanité ». Dans l’entretien accordé au Point, elle développe ces accusations, qu’elle tient, dit-elle, des habitants rencontrés.
Déni de réalité pur et simple
Encore une fois, on ne va pas peindre ici la réalité en rose, et les forces de l’ordre syriennes en bisounours. Il y a une âpre, longue et cruelle guerre de terrorisme et de contre-terrorisme – qui n’est pas la guerre civile. D’ailleurs, au contraire de pas mal de commentateurs et analystes, Donatella Rovera estime que la Syrie ne connait pas de guerre civile.
Ceci dit, les propos de Rovera sont d’une partialité, d’une mauvaise foi qui montre bien que sa démarche est avant tout militante. C’est particulièrement flagrant quand elle aborde la question d’éventuelles violences de l’opposition armée : elle nie que les groupes armés s’en prennent à des populations civiles, alors que tous les jours l’agence Sana, certes agence gouvernementale, donne les noms de civils abattus par des commandos. Alors qu’à Houla – que Rovera se contente de citer brièvement sans s’appesantir sur l’affaire – on est clairement en face d’un massacre commis par les rebelles ASL contre des populations alaouites ! - ce qui n’empêche pas Rovera de nier tout caractère sectaire religieux aux violences en Syrie, ignorant non seulement Houla, mais l’épuration religieuse commise par les bandes ASL à Homs.
Certes, Donatella Rovera est bien obligée, pour conserver un minimum de crédibilité, de lâcher un peu de lest sur le sujet. À une question du Point sur ces violences de l’opposition elle répond : « Il y a clairement des abus commis par l’opposition armée« .
Des «abus » ? Et les brigades d’exécution de Bab Amr, dont un des responsables vantait les exploits voici un mois à une journaliste du Spiegel (voir notre article « Der Spiegel a interrogé des rebelles-tortionnaires de Bab Amr », mis en ligne le 30 mars) ? Et l’épuration des chrétiens et des alaouites – et des sunnites modérés – dans des quartiers entiers de Homs ? Et le massacre d’une centaine de jeunes policiers à Jisr al-Choughour début juin 2011 ? Et celui d’autres policiers à Hama en juillet ? Et les décapitations, exécutions sommaires de militaires et de civils dont nous avons pu brièvement mettre en ligne les vidéos horribles ?
Apparemment, pour Donatella Rovera, connais pas ! Tout au plus reconnait-elle qu’on a vu certains soldats et chabihas être «battus« au moment de leur capture. « Battus« ? Abattus plutôt, et bien heureux étaient ceux qui étaient exécutés d’une balle, échappant ainsi aux décapitations à caractère religieux !
Donatella R. insiste sur le fait que les quelques « abus » reprochables à l’opposition sont d’ailleurs médiatisés par les opposants eux-mêmes, par le biais de vidéos diffusées sur la toile. C’est incontestable, sauf qu’il s’agit pour les « réalisateurs » de ces mini-reportages de se glorifier de leurs crimes, tant leur degré de fanatisme est élevé. Voici quelques jours nous avons nous mêmes mis en ligne en illustration d’un article un de ces films de deux minutes – vite retiré par l’administration de YouTube -, montrant un homme accusé d’être un chabiha exécuté d’une ou deux balles, avant que ses meurtriers lui fassent exploser le crâne d’une rafale de fusil d’assaut, et s’exhibent le sourire aux lèvres, sans doute reflet de la satisfaction du « travail bien fait ».
Il est vrai que l’usage du mot « abus » par Donatella Rovera n’est pas innocent : il incite à penser que les crimes des groupes armés sont l’exception qui confirmerait la règle d’une ASL respectueuse des droits l’homme, totalement éloignée de toute terrorisme et dérive sectaire religieuse. Interrogée sur la présence de djihadistes étrangers en Syrie soulignée par « certains rapports« , la dame répond benoîtement qu’elle n’en a pas rencontrés. Mais elle reconnait qu’il y a des groupes armés de diverses obédiences, ce qui ruine sa fiction d’une ASL disciplinée et contrôlant son niveau de violence
Ayant ainsi évacué le problème, la « chercheuse » d’Amnesty peut conclure que, « pour l’instant« , les violences ente les deux camps ne sont pas comparables, le régime syrien ayant « le monopole de la violence » ! Un monopole à l’évidence bien ébréché depuis plus d’un an. Il faut vraiment être d’un aveuglement politique conséquent pour sortir de telles conte-vérités, en ce seizième mois de crise !
Amnesty au service de l’OTAN
Tout de même, dans cet entretien, Donatella Rovera nie que les enfants soient particulièrement visés par les forces de l’ordre, qui s’en prennent pour l’essentiel aux adultes. Une maigre concession à la réalité et l’objectivité au regard de l’énorme déni de réalité que nous venons d’évoquer.
Il est vrai que la dame ne fait pas dans le juste milieu : ainsi après avoir épinglé sans surprise l’attitude de la Russie et de la Chine, elle s’en prend à « la mauvaise volonté » des Occidentaux, leur reprochant de ne pas avoir agi au début de la crise. Et de vouloir encore donner du temps au plan Annan ! À aucun moment de l’entretien, Donatella Rovera ne prononce l’expression « intervention internationale« , mais on sent bien que ces deux mots lui brûlent les lèvres.
On notera, pour se consoler de tant d’arrogante mauvaise foi, que les réactions des lecteurs du Point sont nettement défavorables à Donatella et à son rapport orienté et falsificateur.
Après tout, Donatella R. ne serait pas la première « humaniste » à prêcher pour la guerre. Cette espèce malfaisante a pas mal proliféré, dans le sillage sanglant des Kouchner et BHL, depuis une bonne vingtaine d’années…
InfoSyrie