Cette tuerie perpétrée la veille de la séance du Conseil de sécurité devait servir à pousser Russes et Chinois pour accorder un blanc-seing à une guerre contre la Syrie. Notre site a été le premier à parler de manipulation..
C’est une pièce importante et peut-être décisive que vient de verser au dossier de la tuerie de Houla, le 25 mai, le journaliste Rainer Hermann, correspondant du grand quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Dans un premier article Hermann avait émis, sur la base de son enquête, l’hypothèse que les responsables de ce massacre de 108 personnes – dont 49 enfants – étaient des membres de groupes armés sunnites. Le journaliste suisse allemand, à qui des détracteurs ont reproché de ne pas s’être rendu sur place, a forgé sa conviction sur la base de témoignages d’habitants de Houla et du village voisin de Taldo, et sur le fait incontournable que les civils tués étaient membres des minorités alaouite et chiite, promises à l’extermination par les plus radicaux des insurgés sunnites qui composent le gros des « bataillons » de l’ASL.
Cette conviction, Rainer Hermann vient, en partie pour répondre à ses critiques, de la réaffirmer dans un nouvel article plus étayé de la Frankfurter Allgemeine, et publié le 13 juin. Il ne sera pas facile de mette en doute cette version émise par un journaliste réputé pour sa connaissance des questions turque et arabe, et collaborateur (depuis 1998) d’un quotidien de référence allemand.
Des victimes alaouites, sympathisantes du régime et du Hezbollah
La thèse d’un massacre, puis d’une manipulation, commis par l’ASL, prend de plus en plus de consistance
En marge de ceci, qui n’est pas rien, l’alter-journaliste suisse Silvia Cattori donne sur son site, à partir d’une traduction de l’article de Hermann, les précisions suivantes : à Taldo (ou Taldou), hameau voisin de Houla, et lieu de l’essentiel des tueries, on connait les identités de 84 victimes (dont les 49 enfants martyrs recensés) : tous appartiennent à deux familles, les al-Saijid et les Abdarrazzaq. Outre ces alaouites, qui ont « aggravé leur cas » aux yeux des tueurs islamistes par le fait qu’ils seraient passés du sunnisme au chiisme (dans sa version alaouite), on compte parmi les victimes des membres de la famille d’Abdalmuti Mashlab, député bachariste de la nouvelle Assemblée.
Silvia Cattori, traduisant l’article de Rainer Hermann, cite le témoignage de l’unique rescapé du massacre de Taldo, un enfant de 11 ans de la famille al-Saijid, Ali. Il a décrit les tueurs comme « tondus » et portant "de longues barbes" . La presse occidentale a aussitôt excipé de ce témoignage pour incriminer les sempiternels chabihas. Sauf que ce « look » – comme nous l’avons tout de suite fait remarquer – est d’avantage celui des radicaux islamistes.
Autre signe évident d’un règlement de comptes à caractère religieux sectaires, aucun habitant sunnite du village n’a été tué ou simplement agressé.
À noter que Rainer Hermann n’avait pas été le seul à mettre en cause la version quasi-officielle de l’affaire, du moins en Occident, et incriminant le régime, ses soldats ou ses milices.
Le journaliste russe Marat Musin, de l’agence de presse russe Anna, a publié des témoignages oculaires accusant les rebelles, et récoltés lors de son passage à Houla les 25 et 26 mai.
Et le journaliste néerlandais – habitant Damas – Martin Janssen a recueilli des informations allant dans le même sens auprès de religieuses chrétiennes du monastère Jacob de Qara ( ou Qarah, à une centaine de kilomètres au nord de Damas et à une cinquantaine au sud de Homs), refuge de nombreux civils de la région fuyant les troubles.
Selon les religieuses, Houla-Taldo a été attaquée le 25 mai par 700 rebelles venus principalement de Rastan (ville située à mi-chemin de Homs et de Hama). Ceux-ci, au terme de violents combats avec des militaires défendant les accès sud de la ville, ont utilisé les cadavres de leurs victimes civiles et militaires pour une mise en scène macabre, qui a impressionné les premiers observateurs de l’ONU arrivés sur place, et quelque peu orienté le premier rapport onusien devant le Conseil de sécurité. Même si Ban Ki-moon, prudent, avait alors estimé que les circonstances du drame n’étaient pas claires, la grosse artillerie médiatique s’est aussitôt déchainée contre le gouvernement syrien.
Bref, les responsabilités de ce drame, présenté en France et ailleurs comme un nouveau « tournant » de la crise syrienne, et une nouvelle preuve du caractère « barbare » – pour parler comme Hollande et Fabius – du régime syrien, oui les responsabilités exactes de cette tuerie de civils désarmés ne sont plus douteuses. On verra si I-Télé ou L’Express se font l’écho de ce nouvel «éclairage »…
En fait, c’est tout vu, la tactique, ou la praxis des médias en question consistant à « oublier » un temps des affaires devenues embarrassantes pour eux, quitte à les ressortir bien plus tard, quand la chose ne représente plus un enjeu. Il a fallu un «délai » avant que nos journalistes reconnaissent que les femmes et les enfants du charnier de Timisoara n’avaient pas été tuées par les sbires de Ceaucescu, ou que les bébés koweitiens sous couveuses n’avaient pas été débranchés par les soldats de Saddam Hussein…
Mais l’essentiel est ailleurs : des secteurs de plus en plus larges de l’opinion, occidentale et arabe, prennent conscience des mensonges des manipulateurs de l’ASL et de leurs relais journalistiques. La BBC, notamment, semble avoir évolué sur Houla. Et surtout, la direction russe est pleinement renseignée sur les tenants et aboutissants du drame de Houla. Et à partir de là, toutes les campagnes médiatico-diplomatiques de l’Occident sont, de ce côté, nulles et non avenues !