"Le Mujao contrôle actuellement le terrain, c’est la débandade" dans les rangs du mouvement rebelle touareg », affirme un ex policier.
Alliés jadis, les islamistes et les rebelles touaregs se livrent à de véritables combats fratricides dans la région nord du Mali.Et mercredi, un groupe armé islamiste a infligé mercredi une lourde défaite à la rébellion touareg dans le nord-est du Mali après de violents affrontements qui ont fait au moins vingt morts et de nombreuses arrestations à Gao, ville désormais sous le contrôle total des islamistes qui renforcent leur emprise déjà forte sur la région.
Les combats ont débuté mercredi matin dans plusieurs quartiers de Gao et ont duré plusieurs heures entre les combattants du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et les membres de la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).
La prise du palais du gouverneur (ou gouvernorat) a été confirmée par de nombreux témoins, de même que celle du camp militaire du MNLA, situé près de l'aéroport.
Un ancien policier en poste à Gao a précisé que de nombreux prisonniers avaient été conduits au commissariat central de la ville. "Le Mujao contrôle actuellement le terrain. Des prisonniers du MNLA sont au commissariat, d'autres ont fui la ville, d'autres sont morts ou blessés mais c'est la débandade" dans les rangs du mouvement rebelle touareg, a-t-il affirmé.
Ces combats sont intervenus au lendemain de manifestations à Gao d'habitants indignés par l'assassinat lundi d'un conseiller municipal, Idrissa Oumarou, enseignant et membre du parti du président malien de transition, Dioncounda Traoré. Les touaregs dénoncent des tentatives de zizanie!
Des hommes armés ont tiré sur des centaines de manifestants, faisant au moins un mort et une dizaine de blessés. Des manifestants ont accusé le MNLA d'avoir ouvert le feu, ce que ce mouvement a catégoriquement démenti, parlant d'une "manipulation" du Mujao, considéré comme dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Depuis fin mars/début avril, les villes et régions administratives du nord du Mali --Tombouctou, Kidal et Gao-- sont tombées aux mains des groupes armés islamistes que sont le Mujao et Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), soutenus par Aqmi, du MNLA et de divers groupes criminels. Cette chute de plus de la moitié du territoire malien a été précipitée par un coup d'Etat qui, le 22 mars, a renversé le président Amadou Toumani Touré.
Depuis, l'armée malienne en pleine décomposition, est incapable de reprendre le terrain perdu et les autorités de transition mises en place à Bamako après le retrait des putschistes du pouvoir le 6 avril paraissent impuissantes.
La tension était vive ces derniers temps entre le MNLA, mouvement laïque qui a déclaré unilatéralement l'indépendance du nord du Mali, et les islamistes dont l'objectif proclamé est l'application de la charia (loi islamique) dans tout le Mali.
L'occupation du Nord et les violences qui y sont commises, entraînant des pénuries de toutes sortes, a provoqué un afflux de déplacés et de réfugiés dans les pays voisins évalués à quelque 300.000 personnes par les ONG qui parlent de situation "alarmante".