29-04-2025 10:08 AM Jerusalem Timing

Les dénonciations anonymes vont bon train en France, réjouissons nous en !

Les dénonciations anonymes vont bon train en France, réjouissons nous en !

Le taux de dénonciation en France progresse ostensiblement, du moins en matière fiscale. Véritable geste citoyen ou facteur de destruction de la société ? Retour sur une possibilité controversée offerte à tous les citoyens...

 
La presse s'est fait récemment  le relais des réjouissances du Directeur de TRACFIN ( l’organisme qui recueille les dizaines de milliers de déclarations de soupçons de blanchiment d’argent ) et de la Cour des Comptes, constatant une sensible « amélioration » du taux de dénonciation en France et appelant à de nouvelles actions de sensibilisation à grande échelle .
 
Le site d’information Atlantico fait le point sur la « dénonciation », nouvelle vertu cardinale des Démocraties Modernes!

Faut il  en effet, coûte que coûte, enclencher un vaste mouvement pédagogique afin d’éduquer les foules à améliorer leurs performances dénonciatrices ?

C’est peut être un peu vite oublier que la dénonciation participe à un cycle dont le point de départ est toujours avantageux tandis que le point d’arrivée est toujours odieux.

Du reste les racines latines du mot le confirment : « de + nuntiare »  signifie   « faire apprendre à tout prix » d’où l’on a tiré l’acception  «  faire connaître » (en ce sens : « dénoncer un traité, c’est faire connaître que l’on désire ne plus en être partie » ; ou encore  « dénoncer une opposition au débiteur saisi », c’est lui faire connaître ce qu’il doit savoir).

Cependant, à force de « faire connaître » ou de « faire savoir », on ne se préoccupe plus du point de savoir pourquoi il faut faire connaître ce qui ne l’était pas : seul compte l’acte de révélation. Autrement dit, on ne se soucie guère de celui qui, connaissant l’information, n’avait pas jugé  opportun de la révéler : on passe outre ses réticences, peu important qu’elles soient légitimes ou peu avouables, en sacrifiant à l’acte irrépressible de la révélation. D’où la naissance de la seconde acception du mot : dénoncer devient synonyme de « trahir » («en ce sens : « Jean Moulin a été dénoncé par des collabos », ou bien « petit Gibus n’a pas voulu dénoncer ses copains de classe »).

C’est ainsi que se forme le cercle fatal de la « dénonciation » : au départ, chacun trouve avantage à devenir le héraut par qui l’information est révélée, trouvant sinon naturel du moins positif de faire connaître au plus grand nombre ce qu’il sait.

Mais à l’arrivée, la révélation de l’information n’est le plus souvent que le substrat d’une trahison parce que l’information est un fait qui appartient à celui qui l’a isolé pour lui donner consistance. La révéler, sans l’autorisation de celui qui lui a donné consistance, c’est le trahir.

On objectera que trahir celui qui pourrait être un criminel  participe d’une révélation « utile » à tous. Cependant, celui qui se prévaut de cette excuse, devient nécessairement juge du point de savoir si celui qui a été trahit était bien un criminel.

En d’autres termes, répandre l’information, y compris et surtout en trahissant celui qui la détenait secrète, c'est-à-dire en le dénonçant, conduit à réduire l’angoisse de celui qui s’y livre  en ce sens que le mystère diminue à proportion de ce que les faits cachés sont révélés.
 
Mais alors de quoi se plaind-on ?? On devrait se réjouir d’un tel constat : puisque dénoncer son prochain diminue mécaniquement notre anxiété au point que tout le monde dénonçant tout le monde, la société devrait pouvoir devenir sereine et apaisée.
 
Source : atlantico