23-11-2024 11:17 AM Jerusalem Timing

Ançar Eddine va détruire tous les mausolées de Tombouctou

Ançar Eddine va détruire tous les mausolées de Tombouctou

Serait-ce ainsi le moyen trouvé pour que les forces militaires internationales attaquent le Mali ? Jusque là, toutes les raisons invoquées ne suffisaient pas.

Ançar Eddine, un des groupes islamistes armés contrôlant le nord du Mali, "va détruire aujourd'hui tous les mausolées de la ville. Tous les mausolées sans exception", a déclaré à travers un interprète Sanda OuldBoumama, porte-parole d'Ansar Dine à Tombouctou.

Joint depuis Bamako, il était interrogé sur la destruction en cours de mausolées de saints musulmans dans la ville depuis samedi matin.

Selon la mission culturelle de Tombouctou, 16 mausolées de cette ville à la lisière du Sahara surnommée "la cité des 333 saints" sont sur la liste du patrimoine mondial.

Et selon nombre de témoins, déjà 7 d’entre eux ne sont plus qu’un tas de pierres.

 

Représailles : il ne fallait pas mettre la ville « patrimoine de l’humanité »

 Le porte-parole d'Ançar Eddine s'était lui-même peu auparavant exprimé directement sur ces destructions, en laissant entendre dans un français approximatif qu'il s'agit de représailles à la décision de l'Unesco, annoncée jeudi, de placer Tombouctou, ville du patrimoine mondial de l'humanité, sur la liste du patrimoine en péril.

"Dieu, il est unique. Tout ça, c'est "haram" [interdit en islam]. Nous, nous sommes musulmans. L'Unesco, c'est quoi ?", a-t-il dit, ajoutant que Ançar Eddine réagissait "au nom de Dieu".

   Lors des opérations de destruction dimanche, "quelqu'un d'Ansar Dine a dit que partout où il y a des mausolées, ils vont les démolir, même dans les mosquées", a indiqué un témoin. Un habitant de Tombouctou, ancien opérateur touristique, avait déjà affirmé avoir entendu des islamistes évoquer une éventuelle démolition de mosquées.
Tombouctou compte trois grandes mosquées: Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia, joyaux architecturaux témoignant de son apogée, toutes trois sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

En annonçant sa décision de placer Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu'un site historique de Gao, l'Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur cette ville mythique du nord du Mali.
 
Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a dit samedi que la destruction par des islamistes armés de mausolées de saints musulmans "risque de choquer la très grande majorité des musulmans de la région". Pour lui, il s'agit là d'un "acte de l'islam politique qui se nourrit des islamistes" qui "risque de choquer la très grande majorité des musulmans de la région". L'Unesco a aussi déploré la destruction "tragique" des mausolées.

Le groupe islamiste Ançar Eddine et le Mujao, considéré comme une dissidence d'AQMI, veulent imposer la charia (loi islamique) au Mali. Ils tiennent désormais les places fortes du Nord avec les jihadistes d'Aqmi, après avoir supplanté le MNLA, sécessionniste et laïc.

 
Pause et tergiversations sur une éventuelle action militaire

Les islamistes armés occupant le nord du Mali, ont suspendu dimanche après-midi les démolitions de mausolées de saints musulmans à Tombouctou, qualifiées de "crime de guerre" par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), qui a menacé leurs auteurs de poursuites.

L'agence onusienne a estimé que la présence des islamistes mettait en danger cette ville mythique, surnommée "la cité des 333 saints" en référence aux personnages vénérés de son passé qui y gisent.

Dimanche, la ministre malienne de la Culture, Mme Diallo Fadima Touré, présente à la réunion annuelle de l'Unesco à Saint-Petersbourg (Russie), a appelé les Nations unies "à prendre des mesures pour arrêter ces crimes contre l'héritage culturel" du Mali.

 En visite en Algérie, le chef de la diplomatie malienne Sadio Lamine Sow a affirmé avoir "discuté franchement de toutes les questions" sur la crise au Mali avec ses interlocuteurs algériens, en parlant de convergence de vue.

Quand au Maroc, il a réclamé "une intervention urgente" des Etats islamiques et de la communauté internationale pour protéger le riche patrimoine du Mali.

 La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l'envoi éventuel d'une force dans le pays, dont l'effectif est actuellement fixé à quelque 3 300 hommes. Mais elle a besoin, avec l'Union africaine (UA), d'un soutien international à une telle opération, et d'un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France.