Comme la crise économique mondiale systémique, la crise est bien en développement au sein de la franc-maçonnerie française..
Plus personne, observateur extérieur ou franc-maçon de toutes obédiences, ne nie plus que la franc-maçonnerie française est en crise profonde, et que celle-ci, dont les causes sont multiples et s'expriment différemment selon les Grandes Loges concernées, se développe.
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Mais, le discernement, qualité que les franc-maçons assurent vouloir posséder, est encore loin d'être exercée par la majorité des responsables, femmes et hommes, de cette galaxie qui, sous les coups qu'elle reçoit, tend à s'enfermer dans une tour d'ivoire close et stérile.
Et pourtant, comme la crise économique mondiale systémique, la crise est bien en développement au sein de la franc-maçonnerie française, comme nous en avions tracé les grandes étapes dans des articles antérieurs.
L'arbre mourant de la Grande Loge Nationale Française (GLNF) ne doit pas cacher la forêt qui brûle derrière.
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Depuis deux ans et demi, l'attention de la franc-maçonnerie et de ses observateurs s'est focalisée sur la terrible crise aux rebondissements incessants, de la GLNF, qui est, de l'opinion générale, à l'agonie, et surtout la honte de la franc-maçonnerie mondiale.
L'acharnement de celui qui s'en dit encore le Grand Maître, François Stifani, un avocat provençal, malgré les votes contraires de ses “frères” ( la GLNF n'accepte pas les femmes), aiguise la crise et la démultiplie.
Et les décisions de Justice, dont certaines tardent parfois à être rendues, a créé une crise internationale de la franc-maçonnerie européenne dite “régulière”.
Ainsi, 5 Grandes Logs européennes (Suisse, Autriche, Luxembourg, Allemagne, Belgique) ont rompu tout lien avec la GLNF :
La Pologne a suivi quelques jours plus tard.
Et on apprend que la Grande Loge d'Argentine vient, le 24 juin, de suivre le mouvement.
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La disparition GLNF est programmée
La disparition de la GLNF, sauf changements brutaux et radicaux imprévus, est donc programmée. En tout état de cause, si elle survit, ce ne sera plus qu'une structure sans liens internationaux, donc discréditée, isolée et faible.
Ceci dit, il faut dire qu'avec ses réseaux « Françafrique », la GLNF a acquis une réputation d'association plus proche de l'eau sulfureuse nauséabonde que d'un bassin d'éthique morale intransigeante.
Mais, l'arbre de la crise publique de la GLNF ne peut cacher la forêt des autres grands et petits « corps maçonniques malades » au sein de la franc-maçonnerie française, comme le décrivait un intervenant franc-maçon sur un blog consacré à ce sujet.
Les grands et petits corps malades de l'affairisme, de la politique et des scandales ou la perte destructrice des bases éthiques revendiquées
La franc-maçonnerie française accumule en effet depuis plusieurs mois scandales, ennuis et affaires troubles.
La perte, ou pire, le rejet total des valeurs éthiques, civiques et morales que ces affaires démontrent dans la franc-maçonnerie française, serait, selon certains chefs maçons, et selon les cas, soit des « faits isolés déplorables », soit des « conséquences négatives » de choix stratégiques de recrutement.
Pour quiconque a suivi depuis des années les « dossiers » de la Françafrique, par exemple, il est difficile de croire à ces explications, jugées par beaucoup un peu « courtes ».
Les observateurs de la sphère maçonnique attendent toujours des mesures fortes afin de mettre un terme aux errements et dérives constatés. Pour l'heure, en vain !
Cet aveuglement des dirigeants du Grand Orient De France (GODF, première obédience maçonnique de France) face aux évidences qui menacent leur Grande Loge est un mystère psychologique, d'autant que les dossiers “Guérini” dans les Bouches du Rhône et de “la Salle Wagram” à Paris semblent aussi impliquer, selon certains, des adhérents de ce même GODF.
Dans ce dernier dossier sulfureux, voilà ce qu'en dit le magazine “le Point”, qui indique que des hauts responsables policiers, aujourd'hui remplacés, parlaient de “complots maçonniques” contre eux, ce qui tend à montrer que, jusqu'en haut lieu, la franc-maçonnerie a une image fort peu éthique.
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Et leurs prétendues « bases éthiques » sont ici remplacées ouvertement par une fraternité aux relents bien malsains.
Crise, cris, chuchotements internes et recomposition au sein de la franc-maçonnerie française
Les scandales et affaires qui salissent et secouent le monde maçonnique sont un aspect de la crise, l'autre versant est la recomposition de cet univers du fait des crises vues plus haut.
Ainsi, la GLNF étant isolée et en pleine, mais longue agonie, la GLDF (Grande Loge de France), obédience dite aussi régulière, est très sollicitée pour prendre sa relève dans le concert de la franc-maçonnerie régulière européenne.
Mais, les sollicitations qui sont faites à cette Grande Loge sont elles-mêmes sources de problèmes divers, notamment quant au devenir des relations entre Grandes Loges dites régulières et libérales.
La GLDF qui a de grandes ambitions et qui est donc maintenant fort courtisée en Europe et en Amérique du Sud a en effet des rapports étroits avec des obédiences libérales, donc non régulières, dont il lui est demandé qu'elle les rompe afin de se voir reconnue au plan international.
Cette exigence, posée par 5 Grandes Loges européennes à la GLDF, tend à démontrer que la fraternité maçonnique revendiquée peut être à géométrie variable et cacher aussi des rancunes, voire pire, entre Grandes Loges.
D'autres Grandes Loges, de petite taille, comme la Grande Loge Traditionnelle Française, sont nées récemment, soulignant avec force la dislocation croissante de la maçonnerie française, ce qu'un analyste nomme « la balkanisation de la franc-maçonnerie française ».
Cet accroissement du nombre de Grandes Loges, fussent-elles des associations de 300 personnes parfois, dont les divergences sont pour les observateurs spécialisés, et les citoyens, aussi incompréhensibles dans la forme que byzantines dans le fond, est aussi un danger immanent de désintégration de la franc-maçonnerie française, qui fait face, de plus, à un environnement de plus en plus ouvertement hostile.
De fait, l'avenir de la franc-maçonnerie française se joue entre désintégration et recomposition autour de nouveaux pôles, notamment éthiques, mais aussi parfois construits sur des ambitions personnelles, ou, pour d'autres, sur des intérêts de réseaux politiques.
Le retour à une éthique intransigeante et démocratique comme voie de sortie de crise ?
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C’est en tout cas ce que souhaitent nombres de membres au sein du monde maçonnique, qui indiquent que la seule porte de sortie, à leurs yeux, est un retour à une éthique d'intégrité intransigeante des membres, assorti d'une véritable démocratie interne et d'un retour vers les sources philosophiques originelles de la franc-maçonnerie.
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D'autres, tout en plaidant pour la même cause de retour aux fondamentaux éthiques de la franc-maçonnerie, estiment que cela sera insuffisant tant la gangrène affairiste et politique a pénétré les institutions maçonniques.
Ils voient l'origine des maux endurés dans un recrutement qui ouvrait grand la porte aux dérives constatées et souhaitent donc un changement radical des « cibles » de recrutement et des modes de sélection dans l'entrée en franc-maçonnerie
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Source : Article complet sur AgoraVox