L’Allemagne a refusé mercredi de soutenir le projet de zone d’exclusion aérienne contre l’aviation libyenne défendu par la France, refusant d’être entraînée dans une guerre en Libye.
L'Allemagne a refusé mercredi de soutenir le projet de zone d'exclusion aérienne contre l'aviation libyenne défendu par la France, refusant d'être entraînée "dans une guerre en Libye".
"Nous ne voulons et ne pouvons pas devenir partie prenante à une guerre civile en Afrique du Nord", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, devant le Bundestag (chambre basse du Parlement).
Pour le ministre, une zone d'exclusion aérienne est une opération militaire, qui suppose la neutralisation au préalable des défenses antiaériennes. Et si elle se révèle inefficace, elle soulèvera la question d'un envoi de troupes au sol.
"Que se passera-t-il si les attaques continuent ? Devrons-nous combattre les chars de (Mouammar) Kadhafi depuis les airs ? Et si ça ne suffit pas, devrons-nous envoyer des troupes au sol ?", a-t-il demandé.
"Nous ne voulons pas nous engager sur une pente au bout de laquelle les soldats allemands participeraient à une guerre en Libye", a-t-il insisté sous les applaudissements des députés.
Son homologue français Alain Juppé avait estimé auparavant sur son blog qu'il n'était pas encore trop tard pour "neutraliser les moyens aériens" du colonel Mouammar Khadafi. Il affirmait que "plusieurs pays arabes", qu'il n'a pas identifiés, s'étaient dits prêts à participer à une opération militaire en Libye.
"Il est souvent arrivé dans notre histoire contemporaine que la faiblesse des démocraties laisse le champ libre aux dictatures. Il n'est pas encore trop tard pour faire mentir cette règle", écrit M. Juppé.
La France et la Grande-Bretagne ont essayé en vain d'obtenir l'appui de leurs partenaires européens pour des frappes militaires ciblées en Libye ou une zone d'exclusion aérienne.
Le nouveau chef de la diplomatie française est attendu jeudi à Berlin pour sa première visite depuis sa prise de fonctions.
M. Westerwelle a tenté de dissiper l'impression que l'Allemagne restait inactive dans la crise libyenne. Il a rappelé qu'elle demandait un renforcement des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU contre le colonel Khadafi, pour le priver des moyens de se maintenir au pouvoir.
La France et la Grande-Bretagne ont déposé mardi à New York un projet de résolution en ce sens.
Et Berlin, a-t-il révélé, a suivi l'exemple de ses partenaires européens et pris langue avec l'opposition libyenne.
"Nous avons noué au cours des derniers jours de premiers contacts avec le Conseil national de transition (formé par des opposants libyens à Benghazi, dans l'est du pays). Nous les considérons comme des partenaires politiques importants", a-t-il assuré.
Le gouvernement a décidé mercredi de consacrer 100 millions d'euros sur deux ans au soutien de la démocratisation et du développement économique dans le monde arabe, a annoncé le ministre. Sur ce total, a-t-il précisé, 40 millions sont destinés à l'éducation, sous forme de bourses et de partenariats avec des établissements de la région.