Raison: Paris parle d’une nouvelle ère des relations avec Ankara...Hollande avait semble-t-il d’autres engagements
Les déclarations du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius sur une "nouvelle étape" des relations entre Paris et Ankara ont été qualifiées samedi de "trahison" par des représentants de la communauté arménienne de France.
Après s'être entretenu jeudi avec son homologue turc, le chef de la diplomatie française a semblé exclure l'adoption prochaine par la France d'une nouvelle loi punissant la négation des génocides, dont celui des Arméniens, après la censure par le Conseil constitutionnel d'un texte voté en ce sens en fin d'année dernière par l'Assemblée nationale.
"Sauf déclaration rapide du chef de l'Etat, il s'agit là d'une trahison" a déclaré à l'AFP Ara Toranian, président du Conseil de coordination des organisations arméniennes.
"Avant son élection François Hollande s'était engagé en faveur d'une telle loi, à plusieurs reprises, sans ambiguïté", a-t-il dit. "Cette déclaration de Laurent Fabius est en contradiction totale avec les engagements du nouveau président de la République".
"Si c'est exact, c'est une félonie, une honte pour la France, pour la démocratie et pour la politique", a-t-il ajouté. "Comme d'habitude, entre les Arméniens qui ne représentent rien si ce n'est leur mémoire et un Etat turc négationniste qui vient avec son carnet de commandes, ses pressions et son chantage, il semble que l'Etat socialiste ait choisi la voie du cynisme."
Après le vote d'un texte par l'Assemblée nationale en fin d'année dernière réprimant la négation du génocide arménien sous l'empire ottoman (1915-1917), nié depuis toujours par la Turquie, Ankara avait annoncé la suspension de sa coopération politique et militaire avec la France. Ce texte de loi avait par la suite été censuré par le Conseil constitutionnel.
Le Conseil "a décidé que la proposition de loi qui avait été présentée par les parlementaires (de la précédente majorité de droite) était contraire à notre Constitution donc il n'est pas possible de reprendre le même chemin sinon le résultat sera évidemment le même", avait noté jeudi M. Fabius.