L’armée a appelé à respecter "la Constitution et la loi".
L'Assemblée du peuple égyptienne, dissoute à la mi-juin, s'est réunie mardi matin après un décret du président Mohamed Morsi ordonnant son rétablissement, augurant d'une épreuve de force avec les militaires.
"Ce dont nous discutons aujourd'hui c'est du mécanisme d'application" du jugement de la Haute cour constitutionnelle qui a déclaré l'Assemblée invalide, a déclaré le président de la chambre, le Frère musulman Saad al-Katatni, en assurant que les élus respectaient la loi et la justice.
"Le Parlement connaît très bien ses droits et ses devoirs, n'intervient pas dans les affaires du pouvoir judiciaire et ne commente pas les jugements de la justice", a-t-il ajouté.
"Je veux souligner que nous ne sommes pas en contradiction avec le jugement", a-t-il encore dit, avant de lever la session.
Dimanche, le président Morsi a émis un décret présidentiel annulant la décision prise le 15 juin 2012 de dissoudre l'Assemblée du peuple et invité la chambre à se réunir de nouveau et à exercer ses prérogatives".
L'armée appelle au respect de la loi
Or, l'armée avait réagi à la décision du président Morsi, en appelant au respect de "la loi et de la Constitution".
Dans un communiqué diffusé lundi par l'agence officielle Mena, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), évoquant les "derniers développements sur la scène intérieure", souligne "l'importance de la souveraineté de la loi et de la Constitution", en se disant "confiant que toutes les institutions de l'Etat respecteront ce qui a été dit dans les déclarations constitutionnelles".
La Haute cour constitutionnelle avait invalidé les dernières élections législatives, massivement remportées par les islamiques. Considérant le Parlement dissous, les militaires ont récupéré le pouvoir législatif.
Mais le nouveau président égyptien, issu des Frères musulmans, a décidé par décret dimanche de rétablir le Parlement.
Le CSFA a prétendu dans son communiqué n'avoir dissous le Parlement qu'en application "du jugement de la Haute cour constitutionnelle décrétant l'invalidité de l'Assemblée du peuple".
Séisme politique
Entre-temps, la décision de M. Morsi a été qualifié par les journaux égyptiens comme un "séisme politique" forçant l'armée à la confrontation avec le président.
"Morsi a dit au CSFA échec et mat", écrit en Une le quotidien indépendant Al-Watan, tandis qu'un autre quotidien, Al-Tahrir, titre "Morsi a battu le CSFA".
La Haute cour constitutionnelle a rejeté le décret, soulignant que ses jugements étaient "définitifs (...) et contraignants", tout en disant n'être partie prenante dans aucune lutte politique.
Et pour certains, la décision du président est un "coup d'Etat constitutionnel".