Le prétendu djihadiste énumère tel un enfant qui récite une leçon tous les points que les officiels français se sont attelés à décrire auprès de l’opinion publique… Et ce, pil poil au moment où l’avocate s’apprêtait à fournir à la just
Alors que l’étau se resserre dangereusement autour des services secrets français, la garde présidentielle et Nicolas Sarkozy que beaucoup accuse d’avoir orchestré le scenario Merah à des vues purement électoralistes, TF1, la chaîne de télévision française diffusait dimanche, pour la première fois, des extraits audio des discussions entre Mohamed Merah et les policiers pendant les 32 heures du siège de son appartement de Toulouse (sud-ouest). On entend un prétendu djihadiste énumérer dans le plus grand calme, comme s’il était au téléphone avec un ami, tous les faits qui lui sont reprochés…
Méthodiquement il raconte ses « séjours au Pakistan, en Afghanistan », ses liens avec Al Qaïda, ses meurtres, son lien avec le grand banditisme et tiens…. Comment aussi il a trompé la vigilance des policiers.
Le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls a "regretté" dans un communiqué la diffusion de ces enregistrements et s'est «indigné » de l'absence de précaution prise "pour respecter les familles des victimes" du tueur. Dans les extraits diffusés par la chaîne de télévision, on entend Merah assurer aussi être prêt à poursuivre sa folie meurtrière.
Il rappelle aussi, comme les discours officiels qu’il a agi seul, et qu’il est "quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t'as vu. Là, on négocie tu vois, on est en train de négocier, après, en dehors des négociations, n'oublie pas que j'ai les armes à la main ». Toujours avec le négociateur, il continue "Je sais que vous risquez de m'abattre, c'est un risque que je prends. Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort, moi la mort, je l'aime comme vous, vous aimez la vie", ajoute-t-il.
Comme par enchantement, alors que nombre de médias s’interroge sur le prétendu djihadiste fou furieux d’Al Qaïda, lequel sort en discothèque, boit de l’alcool régulièrement, il déclare : "Ca fait partie de la ruse, tu vois".
Cet enregistrement n’est donc que le bienvenu pour les officiels français qui n’ont de cesse d’être critiqué pour leur façon de s’être occupé du dossier…
Mais, en effet, très peu déontologique, cette diffusion est déjà sous le coup de la justice et les victimes de Merah et leurs avocats ont annoncé qu'elles allaient demander à la justice d'enclencher une procédure d'urgence pour empêcher toute diffusion des enregistrements, notamment sur internet. La justice française a quant à elle décidé d'ouvrir une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction après la diffusion des enregistrements.
En effet, l’associée de maître Maktouf avait affirmé que "les juges avaient assuré aux familles que ces enregistrements seraient placés sous scellés et qu'un dispositif d'alerte serait mis en place. C'était un point extrêmement important pour elles". Et dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait relevé que l'enregistrement réalisé durant le siège par la police n'avait "jamais été rendu public".
Comment se fait-il donc que des extraits de cette conversation soient arrivés sur la table des journalistes de la télévision française qui n’a pas hésité à les diffuser à une heure de grande audience ?
“Des personnes dans l’ombre s’agitent”
C’est d’ailleurs ce que se demande l’avocate des Merah qui s’étonne du timing choisi par TF1 pour diffuser la vidéo.
Pour elle cet enregistrement n’est qu’une « pièce de théâtre pour attirer l'attention et orienter l'opinion publique".
Maître Zahia Mokhtari s'est aussi demandé "pourquoi les vidéos ne sont pas apparues plus tôt et pourquoi attendre la semaine où je dois me rendre en France pour les remettre à la justice pour diffuser cette vidéo?"
Un enregistrement de surcroît en « totale contradiction entre ce qui est dit dans la vidéo diffusée par TF1 et les vidéos en notre possession ».
Pour l’avocate, il ne fait aucun doute que "des personnes dans l'ombre s'agitaient".
Me Mokhtari devrait se rendre le 12 juillet en France pour remettre à la justice française des preuves en sa possession, dont des vidéos qui auraient été filmées par le tueur.
Selon une transcription de ces vidéos, publiée le 12 juin par un journal algérien, Mohamed Merah aurait affirmé avoir découvert durant le siège de son appartement qu'un homme qu'il croyait être son ami était en réalité un agent des services français qui l'aurait manipulé.
Eline Briant