29-04-2025 03:30 AM Jerusalem Timing

Défection de Farès : une thèse abracadabrantesque de l’OSDH

Défection de Farès : une thèse abracadabrantesque de l’OSDH

L’ébauche d’un "cabinet de défection", plus que de transition, sera évidemment rejetée par le pouvoir en place, mais aussi par le CNS et autres radicaux qui ne voudront pas se faire "squeezer" de la sorte.

 

Nawaf FaresEh bien, décidément, le crime est signé : Naouaf Farès, ambassadeur syrien à Bagdad, qui officialisait sa défection ce matin devant les caméras qataries d’al Jazeera, s’est bien réfugié au Qatar : la confirmation en a été faite par la télévision nationale irakienne, s’appuyant sur des informations du ministère irakien des Affaires étrangères. Il s’agit donc bien d’une opération, peut-être de longue haleine, menée par l’émirat wahhabo-pétrolier, et d’une défection objectivement achetée. Car un opposant sincère au régime, même issu de celui-ci, un opposant patriote se serait quand même efforcé de ne pas s’exiler dans le pays le plus acharné à la subversion de la Syrie. Et il n’aurait pas tenu, sur la chaîne arabe n°1 de désinformation et de déstabilisation qu’est al Jazeera les propos incendiaires que Farès a tenu.

Farès acheté ? Certainement mais par qui ?

Le curieux de l’affaire c’est que Farès, en poste à Bagdad depuis septembre 2008, et considéré par les opposants type CNS comme un « dur » du régime : il était en tous cas membre de longue date du Baas. L’AFP se fait l’écho de l’hostilité de certains milieux opposants vis-à-vis d’un homme qui a fait toutes ses classes dans les allées du pouvoir syrien, d’abord sous Hafez puis sous Bachar al-Assad. Farès a commencé en effet sa carrière au début des années 90 comme chef des services de sécurité pour le gouvernorat de Lattaquié avant de devenir carrément gouverneur de cette grande ville : un homme de confiance, un policier de formation, un dirigeant du Baas à qui on a naturellement confié le poste symboliquement et diplomatiquement important d’ambassadeur de Syrie en Irak, le premier après presque trente ans de brouille entre les deux pays.

Alors pourquoi un homme avec u tel profil a-t-il fait défection pour se réfugier au Qatar, ennemi d tout ce pourqUoi il avait apparemment travaillé toute sa vie? Eh bien l’AFP, à ce sujet, relaie une fois encore une thèse de l’OSDH. Selon son patron, l’imaginatif Rami Abdel Rahmane, Farès aurait été effectivement acheté, via le Qatar, par les « services de renseignement occidentaux » qui chercheraient, si l’on a bien compris Rahmane, à se constituer une équipe gouvernementale de rechange, anti-Bachar certes mais néanmoins issue du régime, considérée comme plus acceptable pour les Syriens – et pour les Russes -, et plus fiable en tous cas que les bras cassés du CNS. Le général dissident et ex-proche ami de Bachar, Manaf Tlass, serait aussi partie prenante de ce plan « diabolique » selon le patron de l’OSDH. L‘AFP se fait l’écho de soupçons identique émanant des habituels « militants » d’opposition contactés par téléphone ou s’exprimant sur internet.

Tout ça nous parait un rien fantasmagorique. Cette ébauche d’un « cabinet de défection », plus que de transition, sera évidemment rejetée par le pouvoir en place, mais aussi par le CNS et autres radicaux qui ne voudront pas se faire « squeezer » de la sorte. Néanmoins, Rahmane, lié au CNS et autres opposants radicaux des CLC, exprime peut-être une crainte sincère : celle de voir ses protecteurs occidentaux se lasser en effet des « loosers » du CNS, et rechercher avec les Russes sur leur dos – et accessoirement sur celui de Bachar – un « petit arrangement entre amis ». Mais si l’on peut, pour une fois, rassurer R.A. Rahmane, nous ne croyons pas une seconde à ces subtiles combinazione, irréalistes car impossibles à mettre en oeuvre rapidement et « sans casse ». Et puis croit-on vraiment qu’un Poutine « échangera » l’actuel gouvernement avec une équipe de « déçus du bacharisme » à la fiabilité politique un rien douteuse ?

Et pendant ce temps-là, au Conseil de sécurité…

En tous cas, cette opération – car, vu la prise en charge complète de Farès par le Qatar, c’en est bien une – intervient à la veille de la discussion au Conseil de sécurité, d’une énième projet de résolution concocté par les Occidentaux et donnant dix jours aux autorités syriennes pour arrêter leurs opérations militaires et effectuer un retrait de leurs forces et armes lourdes des centres urbains, sous peine de nouvelles sanctions (économiques).

Naturellement, Damas ne déférera pas à ce nouvel ultimatum qui ne concerne pas les bandes armées. Et naturellement, la Russie et la Chine feront subir à ce texte le sort des précédents de même genre : la poubelle, ou plutôt la corbeille de l’histoire diplomatique. Mais c’est toujours la même stratégie de harcèlement du gouvernement syrien et de ses alliés, le maintien par tous les moyens d’un climat permanent de crise et de tension autour de ce pays. Mais justement, les gouvernements syrien, russe et chinois ont montré qu’ils avaient les nerfs solides. Plus solides que ceux de Naouaf Farès, par exemple.

 

Infosyrie.fr