23-11-2024 04:09 AM Jerusalem Timing

Les Jeunes de la Révolution saoudienne menacent les puits de pétrole

Les Jeunes de la Révolution saoudienne menacent les puits de pétrole

Mis à part les événements directs liés à l’arrestation de Cheikh Nimr, la région de Charquieh est considérée comme un problème naturel lié à ce qu’on appelle en AS, «la question chiite».

Dans un communiqué,  les Jeunes de la Révolution de Qatif, en Arabie-saoudite,  appelle les forces de sécurité saoudiennes de Cheikh Nimr Baqer Al-Nimr, sinon les autorités saoudiennes auraient à supporter les conséquences qui émaneront des rebelles du Qatif !

En effet, selon Mehrnews, qui cite l’agence d’information Ahl-Beit,  les Jeunes de la révolution du Qatif, ont  confirmé leur communiqué dans lequel non seulement ils exigent la remise en liberté de Cheikh Nimr Baqir al-Nimr le plus tôt possible et son retour à son domicile en toute sécurité.

Mais aussi, ils ont mis en garde les autorités  saoudiennes de ne pas refuser de coopérer  avec ce communiqué , sinon cela entraînera des conséquences graves comme incendier les voitures policières par des cocktails Molotov ou encore attaquer des postes de police et  enlever des agents de sécurité.

Le communiqué a insisté à ce que les autorités saoudiennes prennent au sérieux  ces mesures faute de quoi, les Jeunes de la révolution seront obligés  de trouver une autre solution, à savoir incendier les puits de pétrole répandus dans la région de Charqieh.


Divergences d’opinion sur les dessous de l’affaire de cheikh Nimr


D’autre part, l’écrivain saoudien Jamal Khashoggi, a souligné  dans une interview accordée au quotidien libanais as-Safir,  que l'arrestation de Cheikh Nimr est intervenue suite à son discours sécessionniste, ajoutant que les autorités saoudiennes ont tardé à l’arrêter.

Jamal Khashoggi estime que cheikh Nimr  a dépassé les normes de l'audace quand il a appelé à la sécession de Charquieh, ce qui est un crime en soi en AS», soulignant que «l'homme a dépassé toutes les limites et le régime lui a donné plusieurs chances pour faire marche arrière dans  ses positions, mais cheikh Nimr a insisté ce qui représente une menace pour l'unité du Royaume, et cela les Saoudiens ne le souhaitent point ». 

Toutefois, Mohammed Baqer al-Nimr , le frère de cheikh Nimr, dément formellement que son frère ait appelé à la sécession de Charquieh.

«Si vous réécoutez l’enregistrement sonore de cheikh Nimr, vous constaterez  qu’il a littéralement déclaré que si le royaume ne répond pas à nos demandes légitimes, s’il refuse de nous octroyer nos droits, alors qu’il nous laisse tranquille » !

Selon Mohammad Baqir al-Nimr «il n'existe pas de programme de sécession à Charquieh.  A moins qu’une personne en parle ... soulignant que les gens de Qatif s’acharnent à promouvoir l'intégration nationale », et cela est évident dans les pétitions et les parchemins qu’ils distribuent, en collaboration avec les forces de la vie sociale, politique ou autre ».

Mais Khashoggi voit que « le sentiment d'injustice ne justifie pas la demande de sécession », ajoutant « chaque Saoudien a le droit de demander ce qu’il veut demander,  et nous demandons à   l'Etat, notre demande reste sous le toit du respect de  l'état, nul n’a le droit d’appeler à division parce qu’il a le sentiment que ses droits sont violés,  c’est un principe répandu dans tous les pays ».

Mais la question demeure: Pourquoi la situation à Charquieh s’est détériorée autant?

De l’avis de Mohammed Baqir al-Nimr il ya deux aspects à la question : d'abord, «  une pression  a été exercée par des groupes militants fondamentalistes salafistes envers le ministère de l'Intérieur pour avoir adoptée une politique douce avec  les détenus chiites détenus, ce qui d’ailleurs est faux». Deuxièmement, «  le régime saoudien a voulu nous adresser un message».

Et de poursuivre : «ce qui s'est passé nous a profondément surpris !», expliquant qu’ «après la nomination du prince Ahmed bin Abdulaziz comme  ministre de l'Intérieur, 5 ou 6 des prisonniers d'opinion ont été relâchés , et nous nous attendions à d’autres remises en liberté, même à si cela aurait lieu à  un rythme lent, et donc nous pensions qu’avec le prince Ahmed une nouvelle ère s’annonce. Or, nous avons été surpris par ce comportement de la part des forces de la sécurité que nous n'avons pas vu, même avec le prince Nayef ».

Il ajoute que « ce qui s'est passé a été ressenti par les gens de Qatif et lIhsa comme un message dur, le prince Ahmad a commencé son règne dans le sang, c’est un mauvais début ! »


Les Racine du problème ...


Mis à part les événements directs liés à l'arrestation de Cheikh Nimr, la région de Charquieh  est considérée comme un problème naturel  lié à ce qu’on appelle en AS,  «la question chiite».

Il faut dire, que la population chiite est estimée à deux millions de personnes, soit 10 à 15 pour cent de la population totale de l’Arabie Saoudite. La plupart d'entre eux résident dans la région Charquieh (Qatif et Ihsa), où se trouvent les plus grands champs pétrolifères et les raffineries.

Quelques communautés chiites résident à La Mecque et à Médine, en plus de la communauté  ismaélite (soit cent mille) dans la région de Najran, à la frontière entre l'Arabie Saoudite  et le Yémen.

Le fait que les chiites en Arabie saoudite ont fait l'objet d’une politique sectaire depuis que le royaume a été fondé en 1932, les manifestations qui ont éclaté dans les années soixante-dix dans la région Charquieh  reflètent plus ou moins la profondeur du problème chiite que beaucoup au sein du Royaume a ignoré.

Cela dit, le roi Abdallah, au temps où il était encore prince héritier sous le règne du roi Fahd, a tenté d’améliorer les relations entre les diverses sectes dans la société saoudienne, toutefois la marge de manœuvre pour traiter politiquement le problème de la minorité chiite en Arabie Saoudite est restée inférieure au niveau requis.

Cela dit,  la plupart des gens de Charquieh estime injuste qu’on  décrive leur mouvement  de  «sectaire».

A ce titre,  Mohammed Baqir al-Nimr a déclaré que «le mouvement à Charquieh  est en premier lieu un mouvement revendicateur, il appelle à réduire la discrimination sectaire appliquée dans la région chiite, et cela est un droit légitime, une demande nationale émanant de tous les fidèles».

Il a insisté sur le fait que «les gens de Charquieh ne sont pas isolés du reste des exigences de la réforme ».

Pour sa part, l’écrivain  Jamal Khashoggi estime comme «une erreur de parler d’un problème historique à Qatif».

Car selon Khashoggi «  le  mouvement contestataire dans la région de Charquieh contient plusieurs éléments : il y a des groupes en harmonie avec une partie étrangère comme l'Iran, ils sont des minorités marginalisées même au sein de la communauté chiite, mais aussi il y a des forces nationales chiites qui souhaitent réagir avec les autres forces saoudiennes pour entamer des réformes en Arabie saoudite, et enfin il y a une convergence entre eux et entre les divers intellectuels Saoudiens, sachant que  tout ce monde est conscient de l'importance du partenariat pour faire de l'Arabie saoudite en un pays meilleur ».

Cela dit, Mohamamd Baqer Nimr   refuse qu’on fasse allusion au rôle iranien dans le mouvement chiite, estimant  que la région Charquieh est «trop petite pour entrer dans l'équation régionale et internationale», soulignant que «ce mouvement existe bien avant que les relations soient tendues entre l'Iran et l'Arabie saoudite voire avant la révolution islamique».

Nimr estime que  la solution au problème de Qatif réside dans  «une décision politique courageuse» de la direction politique du  pays, insistant sur la nécessité «d'abandonner la solution adoptée par le régime, soit la solution sécuritaire».

Par contre, l’écrivain  Khashoggi refuse qu’on accuse le régime d’adopter la solution sécuritaire, selon lui, le pouvoir saoudien a recours aux forces de sécurité partout où une toute personne viole la loi, que ce soit à Qatif ou ailleurs».
Il n’empêche que pour un grand nombre d’observateurs saoudiens,  l'Arabie saoudite n'est pas à l'abri de «printemps arabe», bien qu'ils admettent que la taille de l'impact des révolutions sur le Royaume semble faible !

Toutefois, compte tenue des expériences passées, en Arabie Saoudite ou dans d'autres parties du monde , il est clair que la mine politique du mouvement contestataire  qui a éclaté dans la région orientale pourrait se transformer en un instant en une  boule de neige laissant présager à des changements dramatiques, incontrôlables.