23-11-2024 04:34 PM Jerusalem Timing

AFP: la police contrôle Manama après un assaut sanglant

AFP: la police contrôle Manama après un assaut sanglant

Selon la Fondation arabe des droits de l’homme, 6 bahreïnis sont tombés en martyre, 8 souffrent d’une mort clinique et 400 autres ont été blessés en ce mercredi


  

 
   Les forces de l'ordre bahreïnies ont pris mercredi le contrôle du centre de la capitale Manama après un assaut contre des manifestants qui a fait cinq morts, le pouvoir décrétant un couvre-feu nocturne de craintes de nouveaux troubles.
  
Plusieurs pays, mouvements ou communauté chiites au Moyen-Orient ont condamné la violente répression menée par la dynastie sunnite au pouvoir dans le petit archipel de Bahreïn contre les manifestants chiites qui réclament depuis le 14 février des réformes et la démission du gouvernement.
  
Face à l'envoi lundi en renfort de soldats saoudiens et de policiers émiratis pour aider le royaume à contenir la contestation, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a jugé que les Etats du Golfe étaient "sur la mauvaise voie", disant qu'il n'y avait "pas de réponse sécuritaire" aux protestations.
  
Après la proclamation de l'état d'urgence par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, fort de l'appui des monarchies voisines du Golfe, les policiers de la force anti-émeutes ont violemment délogé le matin les manifestants qui campaient sur la place de La Perle à Manama depuis près d'un mois.
 
 Des centaines de policiers, arrivés à bord de tanks, de véhicules de transport de troupes et de bus, ont pris le contrôle de la place, épicentre de la contestation, après avoir lancé des dizaines de grenades lacrymogènes sur les manifestants et tiré au fusil de chasse.
  
"Nous avons maintenant trois morts et un grand nombre de blessés", a déclaré à l'AFP un député de l'opposition, Khalil Marzouk, du mouvement chiite Wefaq. "La situation est catastrophique. Les forces ont tiré à balles réelles".
  
Le ministère de l'Intérieur a fait état de deux policiers tués, renversés par des véhicules de manifestants, ce qui porte à quatre le nombre de policiers tués de cette manière en deux jours.
  
Depuis le début de la contestation, 15 personnes sont mortes, quatre policiers et onze manifestants, selon un bilan de l'AFP.
  
Aucune présence de civils n'était visible à Manama après l'entrée en vigueur dans le centre de la capitale du couvre-feu de 16H00 à 04H00 locales (13H00 à 01H00 GMT). Seuls les véhicules de la police et de l'armée gardaient les rues vides de toute circulation automobile.
 
 Les autorités ont également interdit les marches et rassemblements à travers le petit archipel peuplé en majorité de chiites.
   Un appel par de jeunes activistes à une marche dans une banlieue ouest de Manama n'a apparemment pas été suivi d'autant plus que le principal mouvement chiite, le Wefaq, ne s'y est pas associé.
  
Le ministère de l'Intérieur a par ailleurs indiqué avoir repris le contrôle de l'hôpital de Soulaymania, le plus grand de Manama, où étaient retranchés des protestataires.
  
Peu après, le ministre de la Santé Nizar Baharna, un chiite, a annoncé sa démission et douze juges chiites ont pris la même décision pour protester contre "l'usage excessif de la force" contre les manifestants.
  
Le chef du Wefaq, cheikh Ali Salmane, a dénoncé l'assaut et affirmé que "la solution ne viendra pas des canons".
   Les protestataires ont occupé la place de la Perle le 19 février pour exiger des réformes politiques, voire, pour certains, le départ de la dynastie sunnite gouvernant le pays depuis plus de 200 ans.
  
Le pouvoir a proposé à l'opposition dominée par les chiites un dialogue, mais les opposants ont exigé au préalable la démission du gouvernement.
  
Face à la répression des manifestants chiites, le guide spirituel des chiites en Irak, le Grand Ayatollah Ali Sistani, a appelé le pouvoir à "cesser les violences". Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a de son côté estimé que l'envoi de forces du Golfe était "un acte hideux voué à l'échec".
  
Paris a déploré les violences alors que Berlin, critiquant à demi-mots les renforts, a recommandé à ses ressortissants de quitter Bahreïn si leur séjour n'y est pas nécessaire.