La fenêtre d’opportunité pour la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye risque de se refermer prochainement et la communauté internationale de se retrouver face à un fait accompli.
Les troupes de Mouammar Kadhafi ont continué à pilonner les insurgés jeudi à l'Ouest et l'Est de la Libye, alors que le Conseil de sécurité s'est mis d'accord sur un projet de résolution
prévoyant une zone d'exclusion aérienne au-dessus du pays, qui sera soumis au vote jeudi.
"Un projet de résolution a été mis au point... Mais cela ne veut pas dire qu'il est gravé dans le marbre", a cependant souligné un diplomate onusien selon lequel les 15 pays membres peuvent encore modifier le texte.
Dans ce contexte, un responsable de l’Otan, le général français Stéphane Abrial, a estimé mercredi à Washington que la fenêtre d'opportunité pour la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye risque de se refermer prochainement et la communauté internationale de se retrouver face à un "fait accompli".
De son côté, l'ambassadeur adjoint libyen à l'ONU, Ibrahim Dabbachi, qui a fait défection au régime, a averti que le colonel Kadhafi prépare un "vrai génocide" en Libye, appelant à une intervention rapide de la communauté internationale, qui tergiversait depuis plusieurs jours.
Or, Mercredi soir, Mouammar Kadhafi a annoncé que ses forces allaient livrer jeudi "une bataille décisive" pour conquérir Misrata, troisième ville du pays, à 150 km à l'est de Tripoli, dont les insurgés ont affirmé être toujours maîtres, malgré une offensive des pro-Kadhafi qui a fait, selon eux, au moins quatre morts et une dizaine de blessés.
"La bataille a commencé aujourd'hui à Misrata et demain ça sera la bataille décisive", a dit Kadhafi, selon des images diffusées par la télévision nationale.
Kadhafi a exclu par ailleurs de "dialoguer" avec les rebelles qu'il a assimilé à des agents d'Al-Qaïda, dans une interview publiée par le quotidien français Le Figaro jeudi, et estimé que le Conseil national de transition (CNT), mis en place par les opposants à Benghazi, "n'a aucune valeur".
Après avoir réussi à reprendre plusieurs villes dans les derniers jours, les loyalistes ont bombardé par air et terre Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de leur fief de Benghazi dans l'Est, selon des témoins. Au moins 26 personnes y ont été tuées depuis mardi, a dit un médecin.
"Les combats étaient terrifiants", a raconté le docteur Abdelkarim Mohammad, joint par téléphone, précisant que l'hôpital avait reçu 22 morts mardi, essentiellement des civils, et quatre insurgés mercredi.
L'hôpital lui-même a été touché par un obus et une partie du personnel a été évacuée vers Benghazi, selon un autre médecin.
"Ils pratiquent la politique de la terre brûlée", a dénoncé Jamal Mansour, commandant des rebelles dans la ville, "les chars bombardent de manière intense et soutenue, et plus tôt il y a eu des raids aériens".
Les forces régulières ont aussi attaqué à l'arme lourde la localité de Zenten, à 145 km au sud-ouest de Tripoli, selon un témoin joint par téléphone. "Il y a des tirs de chars à quelques kilomètres au sud de la ville et des tirs de missiles Grad, ainsi que des accrochages à l'arme légère", a-t-il indiqué.
Après un mois d'une révolte contre son régime,Kadhafi, qui refuse de quitter le pouvoir après plus de quatre décennies de règne sans partage, avait juré mardi d'"écraser les ennemis" (opposants), tandis que l'un de ses fils, Seïf al-Islam, promettait: "dans 48 heures, tout sera fini".