Des soldats afghans traités dans cet hôpital sont morts de malnutrition et de manque de soins, dans des conditions évoquant celles qui régnaient à "Auschwitz", révèle un colonel américain à la retraite.
Des officiers américains ont accusé mardi l'un des plus hauts responsables militaires américains en Afghanistan d'avoir cherché à étouffer un scandale dans un hôpital militaire de Kaboul, afin de ne pas envoyer de "mauvaises nouvelles" à l'approche d'élections aux Etats-Unis.
L'affaire remonte à 2010 lorsque des officiers américains se sont inquiétés d'un détournement de fonds à l'hôpital militaire Dawood de Kaboul, géré par les Afghans, et d'un manque de traitements prodigués aux blessés de l'armée afghane.
Une commission de surveillance de la Chambre des représentants a auditionné mardi plusieurs officiers qui affirment avoir été dissuadés, courant 2010, de saisir les services d'inspection générale du Pentagone sur les problèmes de l'hôpital par le général William Caldwell, qui dirigeait la mission d'entraînement des forces de l'Otan en Afghanistan (NTM-A).
"Le général ne voulait pas que de mauvaises nouvelles émanent de son quartier général avant l'élection", a expliqué aux élus le colonel Gerald Carozza, un juriste de l'US Army désormais retraité.
"Le général, comme de trop nombreux généraux, était trop porté sur le message (à faire passer, ndlr), créant un climat étouffant pour ceux qui devaient faire face à la réalité", estime encore le colonel dans un témoignage écrit.
Des soldats afghans traités dans cet hôpital sont morts de malnutrition et de manque de soins, dans des conditions évoquant celles qui régnaient à "Auschwitz", n'a pas hésité à affirmer le colonel Carozza.
Le colonel Mark Fassl, inspecteur général au sein de la NTM-A, également auditionné mardi, a tenu les mêmes accusations.
Les fonds alloués au fonctionnement de l'hôpital, notamment pour l'achat de médicaments, étaient eux dépensés deux fois plus rapidement que dans un établissement américain comparable, en raison de la corruption qui y régnait.
L'Inspection générale du Pentagone enquête sur les accusations à l'encontre du général Caldwell, dorénavant basé au Texas.
Selon le Wall Street Journal, l'intéressé se défend en soutenant avoir été favorable à une enquête sur l'hôpital mais qui devait selon lui être menée par des responsables afghans.