« L’attaque fut lancée pour gêner la nouvelle direction égyptienne et créer des troubles à la frontière afin de ruiner les efforts visant à en finir avec le blocus contre Gaza"(Ismaël Haniyeh)
Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza Ismaïl Haniyeh a accusé lundi "Israël" d'être "responsable, d'une manière ou d'une autre," de l'attaque menée la veille par un commando dans le Sinaï. Celui-ci a tué 16 gardes-frontières égyptiens.
"Israël est responsable d'une manière ou d'une autre de cette attaque lancée pour gêner la nouvelle direction égyptienne et créer des troubles à la frontière afin de ruiner les efforts visant à en finir avec le siège (israélien) de la bande de Gaza", a-t-il indiqué dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion en urgence du gouvernement du Hamas.
Et de poursuivre ; "Aucun Palestinien ne veut tuer qui que ce soit en Egypte. Toute attaque contre la sécurité de l'Egypte vise aussi la sécurité des Palestiniens. Nous appelons l'Egypte à discuter de toutes les questions touchant aux intérêts mutuels de l'Egypte et des Palestiniens", a-t-il encore dit.
Le Hamas a par ailleurs organisé un sit-in devant l'ambassade d'Egypte à Gaza pour marquer sa solidarité avec ce pays et condamner l'attaque qui a tué les 16 gardes-frontières. Les manifestants ont participé à "une prière pour les martyrs" conduite par Haniyeh.
"Il est formellement interdit de verser le sang parmi nos frères égyptiens au nom du Jihad en Palestine", a de son côté affirmé dans un discours Yehia al-senwar, un dirigeant du Hamas. "Nous les brigades d'Ezzedine al-Qassam (le bras armé du Hamas) poursuivons la résistance en Palestine, et elle ne se fera pas en territoire égyptien ni en versant du sang égyptien", a-t-il ajouté.
Dans le même temps, les Frères musulmans mettent eux aussi, en avant, la grande probabilité que le Mossad soit derrière l’attaque.
La confrérie islamiste estime que cette opération constituait une tentative pour déstabiliser le pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi, élu en juin. Pour les Frères musulmans, il est désormais «impératif de revoir les clauses» de l’accord de paix entre l’Egypte et "Israël". "Ce crime peut être attribué au Mossad, qui tente de faire avorter la révolution depuis qu'elle a eu lieu et la preuve en est qu'il a donné pour instruction à ses citoyens sionistes se trouvant dans le Sinaï de partir immédiatement il y a plusieurs jours", a affirmé la confrérie sur son site internet.
La confrérie a jugé que l'attentat visait notamment à "tenter d'entraver le projet de réforme du président", à montrer que son tout nouveau gouvernement est en situation "d'échec", et à "créer un gros problème pour l'Egypte (...) à la frontière en plus de problèmes internes".
Pour les Frères, l'assaut prouve également que "nos forces présentes dans le Sinaï ne suffisent pas à le protéger ni à protéger nos frontières, ce qui rend impératif de revoir les articles du traité signé entre nous et l'entité sioniste".
L'armée égyptienne n'est que très faiblement présente dans la péninsule désertique en raison de la démilitarisation de ce secteur prévue par les accords de paix avec l'Etat hébreu.
L'armée égyptienne a promis lundi de "venger" ses 16 gardes-frontières tués dans le Sinaï par des "terroristes" qui se sont ensuite infiltrés en Israël avant d'être neutralisés. Elle a accusé des éléments de l'enclave palestinienne de Gaza d'avoir appuyé les assaillants.
L'Egypte a également décidé de fermer "sine die" le terminal de Rafah, à sa frontière avec la bande de Gaza, selon les médias officiels. Le terminal est l'unique point de passage entre le territoire palestinien, contrôlé par le mouvement Hamas, et le monde extérieur à ne pas être contrôlé par les autorités d'occupation.
Source : Agences