De la sorte, la très opaque et surtout très utile société de sécurité US qui opérait en Irak et en Afghanistan échappe au procès.
L'entreprise de sécurité Blackwater, désormais appelée Academi, a conclu un accord avec la justice américaine pour éviter un procès et devra payer une amende de 7,5 millions de dollars pour exportation illégale d'armements, a annoncé mardi le département de la Justice.
Cette affaire coûtera au total près de 50 millions de dollars à la société qui, outre l'amende, avait déjà conclu en 2010 un accord avec le département d'Etat pour lui verser 42 millions de dollars pour avoir violé la loi et les réglementations internationales sur les exportations d'armements à destination notamment de l'Irak et du Soudan, annonce un procureur fédéral de Caroline du Nord, Thomas Walker.
La sulfureuse société, privée de contrats en Irak après une fusillade sur
des civils en 2007, fut un important partenaire des militaires américains en
Irak et en Afghanistan. Elle faisait l'objet d'une enquête depuis cinq ans.
La justice lui reprochait d'avoir exporté des fusils d'assaut et des
équipements militaires sans licence et fourni des renseignements secrets sur
des hélicoptères et des transports de troupes blindés à des ressortissants
étrangers. Blackwater avait également fourni un entraînement militaire à
l'étranger sans en avoir informé les autorités américaines.
Au total, la société était menacée de 17 chefs d'accusation, selon le
procureur fédéral.
En novembre 2005, elle avait ainsi exporté au Soudan des téléphones
satellitaires cryptés sans les autorisations requises. Entre octobre 2004 et
mars 2006, elle est accusée d'avoir exporté sans licence des munitions et des
gilets pare-balles en Irak et en Afghanistan ou encore d'avoir entre 2006 et
2008 "fourni des données techniques et d'ingénierie relatives à la construction
de transports de troupes blindés à des ressortissants de Suède et du Danemark
sans autorisation", selon Thomas Walker.
Cette décision "conclut une enquête longue et complexe sur une société qui
a fourni de précieux services au gouvernement des Etats-Unis et qui, par
moments et de nombreuses manières, a manqué de respecter d'importantes lois et
réglementations relatives à la façon dont notre pays interagit avec nos alliés
et nos adversaires", affirme le procureur Walker, cité dans le communiqué.
Créée en 1997 puis cédée en 2010 par Erik Prince, un ancien membre des
forces spéciales de la marine, les Navy Seals, Blackwater avait déjà changé de
nom pour celui de Xe, avant de devenir Academi fin 2011.
Elle est la plus emblématique de ces sociétés privées dont le rôle a été
prépondérant en Irak et en Afghanistan pour assurer la sécurité des convois,
des ambassades ou encore pour gérer les milliards de dollars d'aide
internationale.
Blackwater a accumulé les revers ces dernières années. Elle a été interdite
d'exercer en Afghanistan, le président Hamid Karzaï l'accusant, elle et
d'autres, de représenter "un système de sécurité parallèle au gouvernement
afghan", générant "pillages et vols".
Elle a de même été sommée de quitter l'Irak après avoir été impliquée dans
plusieurs scandales, en particulier la mort de 14 à 17 civils à Bagdad en
septembre 2007, et a dû cesser de s'occuper de la protection des diplomates
américains à Bagdad en mai 2009.